Le président américain Donald Trump a plaidé pour une entente entre les Etats-Unis et la Russie, malgré une rencontre glaciale à Moscou entre les chefs des diplomaties des deux puissances nucléaires dont les relations sont "au plus bas".
La guerre en Syrie demeure le contentieux le plus lourd entre Washington et Moscou, Donald Trump traitant son homologue syrien Bachar el-Assad de "boucher" et d'"animal" et jugeant "possible" que la Russie ait été au courant de l'attaque chimique du 4 avril, imputée au régime de Damas.
Signe des divergences patentes entre Occidentaux et Russes, ces derniers ont opposé à l'ONU leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité réclamant une enquête internationale sur cette attaque chimique présumée à laquelle Washington a répondu par une frappe punitive le 6 avril.
M. Trump avait prôné tout au long de sa campagne et au début de sa présidence un rapprochement avec son homologue russe Vladimir Poutine. "Ce serait merveilleux (...) si l'Otan et notre pays pouvaient s'entendre avec la Russie", a-t-il lancé mercredi lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche avec le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg.
Mais "à l'heure actuelle, nous ne nous entendons pas du tout avec la Russie", a reconnu Donald Trump, parlant même d'une "relation peut-être au plus bas (niveau) de tous les temps".
Le président américain s'exprimait à l'issue d'une visite très tendue à Moscou de son secrétaire d'Etat Rex Tillerson, lequel a vu le président Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Divergences sur la Syrie
Dans une ambiance glaciale, les deux pays ont étalé leurs divergences sur la Syrie et la défiance qui prévaut entre ces anciens adversaires de la Guerre froide. Rex Tillerson, ex-PDG d'ExxonMobil et qui avait été décoré par Vladimir Poutine en 2013, a déploré le "faible niveau de confiance entre nos deux pays".
"Les deux plus grandes puissances nucléaires ne peuvent pas avoir ce genre de relations", a-t-il souligné, lors d'une longue conférence de presse avec M. Lavrov, où les deux hommes se sont à peine regardés.
Ils ont toutefois plaidé pour une "lutte implacable contre le terrorisme", en allusion au combat contre les jihadistes.
Mais les Etats-Unis et la Russie restent aux antipodes sur la Syrie. Tant sur la responsabilité du régime dans l'attaque du 4 avril sur la localité syrienne de Khan Cheikhoun (87 morts, dont 31 enfants), que sur le sort du président Assad.
Donald Trump a jugé qu'il était "temps de mettre fin à cette guerre civile brutale, de vaincre les terroristes et de permettre aux réfugiés de revenir chez eux", en Syrie où la semaine dernière les Etats-Unis ont frappé pour la première fois le régime après l'attaque chimique.
"Des jeunes enfants qui meurent. Des bébés qui meurent. Des pères qui tiennent leurs enfants morts dans leurs bras. Des enfants morts. Il n'y a pas pire à voir et ça ne devrait pas être permis. C'est un boucher. C'est un boucher. C'est pourquoi nous devions faire quelque chose à cet égard", a tonné M. Trump à propos du dirigeant syrien.
Dans une interview à la télévision Fox Business diffusée mercredi matin, le président américain avait estimé que "quand on balance du gaz, des bombes ou des barils d'explosifs (...) au milieu d'un groupe de gens (...) on est un animal".
Donald Trump avait paru ébranlé la semaine dernière au lendemain de l'attaque chimique présumée. Mercredi, il a même jugé "possible" que la Russie, alliée de la Syrie, ait été au courant de ce raid, en précisant que le Pentagone se penchait sur cette question.
(Lire aussi : Quand les frappes US en Syrie divisent les alliés de Trump)
"Jugement dernier pour Assad"
Au même moment à New York, la Russie opposait son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité présenté par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni et réclamant une enquête sur l'attaque.
C'est la 8e fois depuis le début de la guerre en 2011 que Moscou bloque toute action de l'ONU contre son allié syrien.
Washington, Londres et Paris ont protesté avec force. "Le jour du Jugement dernier pour Assad", a tweeté l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley.
A Moscou, Rex Tillerson - après avoir semblé s'accommoder fin mars d'un maintien au pouvoir du président syrien - a réclamé son départ "organisé" dans le cadre d'une transition politique. Mais M. Lavrov a rappelé les précédents chaos provoqués selon lui par les chutes des "dictateurs" Saddam Hussein ou Mouammar Kadhafi.
Et avant de recevoir M. Tillerson, M. Poutine a déploré que les relations russo-américaines se soient détériorées depuis que M. Trump est à la Maison Blanche. A un niveau pire même que sous la présidence de Barack Obama.
Rare signe de détente, M. Lavrov a indiqué que "le président Poutine (était) prêt à rétablir" l'accord de prévention des incidents aériens en vigueur en Syrie jusqu'à la frappe américaine du 6 avril.
Moscou intervient militairement en soutien à Damas depuis septembre 2015 et les Etats-Unis pilotent depuis septembre 2014 une coalition internationale anti-jihadistes.
"Malgré tous les problèmes, il existe des perspectives considérables pour travailler ensemble", a toutefois assuré le chef de la diplomatie russe.
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13 h 56, le 13 avril 2017