Rechercher
Rechercher

Liban - Obsèques

Pour Samir Frangié, l’ultime voyage au bout de la paix

Vive émotion et recueillement pour le dernier hommage rendu hier à Beyrouth à l'ancien député et ténor du 14 Mars.

La travée des officiels.

Il avait axé son engagement fougueux et son long combat politique sur la sauvegarde du vivre-ensemble et le développement de ce qu'il appelait la « culture du lien ». C'est sous le signe de ce même vivre-ensemble et de cette même culture du lien que ses compagnons de route lui ont rendu un ultime et émouvant hommage hier. De fait, de très nombreuses personnalités religieuses, diplomatiques et politiques d'horizons différents, ainsi que des cadres et délégués des diverses composantes du 14 Mars, sans compter les représentants officiels des trois pôles du pouvoir et des citoyens de la société civile, se sont associés, en l'église Saint-Maron de Gemmayzé, aux prières lors des obsèques de l'ancien député et ténor du 14 Mars, Samir Frangié, décédé mardi des suites d'une longue maladie. Des obsèques qui ont débuté et se sont achevées sur la musique du Requiem de Verdi, dans une atmosphère de recueillement et de déchirants sentiments d'émotion.

Triste symbole : c'est à la date funeste du 13 avril, qui marque l'enclenchement de la guerre libanaise dont il combattait de toutes ses forces les multiples effets dévastateurs, que Samir Frangié a effectué son ultime voyage... au bout de la paix, comme l'a souligné dans son oraison funèbre le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, dans une allusion au titre de l'ouvrage rédigé par l'ancien député Voyage au bout de la violence. L'inhumation a eu lieu dans l'après-midi à Ehden.

 

(Lire aussi : Ô Bey ! My Bey !... L'hommage de Fifi Abou Dib)

 

Le patriarche Raï a tenu à déléguer pour le représenter aux obsèques un ami et compagnon de route de Samir Frangié, Mgr Youssef Béchara, qui a présidé la cérémonie, secondé par l'évêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, et le père Richard Abi Saleh. Parmi les personnalités présentes, le ministre Ghattas Khoury, représentant le président Michel Aoun, le ministre et député Ayman Choucair, représentant le chef du législatif Nabih Berry, la députeé Bahia Hariri, représentant le Premier ministre Saad Hariri, le nonce apostolique Gabriel Caccia, l'ambassadeur de France Emmanuel Bonne, les présidents Amine Gemayel et Michel Sleiman, M. Walid Joumblatt, le ministre Melhem Riachi, représentant le président des Forces libanaises Samir Geagea, le leader du PNL, Dory Chamoun, le chef des Marada, Sleiman Frangié, et l'uléma Ali el-Amine (voir par ailleurs la liste des personnalités présentes).

 

L'oraison funèbre
Après la lecture de l'Évangile, le père Richard Abi Saleh a lu l'oraison funèbre du patriarche Raï qui a souligné d'emblée que Samir Frangié a combattu la maladie pendant 33 ans, entre le Liban et la France, relevant que ce combat est arrivé à son terme durant la semaine sainte, qui s'achève par un message d'espoir et de paix, fruit de la résurrection du Christ.

 

(Lire aussi : En lieu sûr... L'hommage de Fady Noun)

 

Le cardinal Raï a évoqué ensuite le parcours personnel, universitaire et national de Samir Frangié, évoquant à cet égard « les événements sanglants de Zghorta en 1957 et 1958 qui ont provoqué chez son père (Hamid Frangié) une hémiplégie ». « Ces événements ont suscité chez lui une révolte culturelle gauchiste, à la suite de laquelle d'aucuns lui ont attribué le titre de bey rouge, a souligné le patriarche. Cette révolte, il l'a traduite par une lutte en vue d'un changement politique dans le sens du vivre-ensemble, du dialogue, de l'unité nationale, de la souveraineté, de la citoyenneté et de l'autonomie de décision. »
Et Mgr Raï de poursuivre : « Dans son livre écrit en français sous le titre Voyage au bout de la violence, il a été à la recherche des sources de la violence. Cet ouvrage nous apprend comment vivre ensemble en paix, différents et égaux, en nous basant sur le lien, le compromis et la réconciliation, si bien que ce livre pourrait avoir pour titre "Voyage au bout de la paix". Il a ainsi fondé en 1990 le congrès permanent pour le dialogue libanais, avec le soutien des autorités religieuses. En l'an 2000, en application de l'Appel des évêques maronites, il a contribué à créer le Rassemblement de Kornet Chehwane, et le 16 février 2005, il a lancé l'intifada de l'indépendance. Il a été considéré comme la conscience de l'intifada de l'indépendance, de même qu'il a été l'un des principaux symboles, ainsi que l'esprit et la conscience de la révolution du Cèdre et du mouvement du 14 Mars. »

Après avoir mis l'accent sur l'esprit critique manifesté constamment par Samir Frangié à l'égard des différents acteurs de la vie politique au fil des ans, Mgr Raï a rappelé les liens étroits qui s'étaient tissés entre le cardinal Nasrallah Sfeir et Samir Frangié.

 

(Lire aussi : L’hommage de Samir Geagea : « Tes semblables ne meurent pas »)

 

---

 

Les personnalités présentes
Parallèlement aux personnalités officielles, religieuses et diplomatiques présentes hier aux obsèques de Samir Frangié (voir par ailleurs), on notait également la présence de nombreuses autres personnalités en l'église Saint-Maron de Gemmayzé, dont notamment le président Hussein Husseini, les ministres Michel Pharaon, Nouhad Machnouk, Pierre Bou Assi et Jean Oghassabian, les députés Boutros Harb, Nadim Gemayel, Ahmad Fatfat, Estephan Doueihy, Waël Bou Faour, Nabil de Freige, Ghazi Aridi et Alaeddine Terro, le brigadier Pierre Assaf, représentant le commandant de l'armée Joseph Aoun, les anciens députés Farès Souhaid, Nayla Moawad, Salah Honein, Élias Atallah et Mansour Ghanem el-Bone, les anciens ministres Tarek Mitri, Ramzi Jreige et Ghassan Salamé, ainsi que MM. Michel Moawad, Élias Abou Assi, Nader Hariri et Antoine Haddad.

 

Lire aussi

Samir Frangié et Jacques Prévert

Ses combats lui survivront...

Le repos du combattant, l'hommage de Issa GORAIEB

Artisan de paix, orfèvre du vivre-ensemble, d'Antoine COURBAN

Samir Frangié, l’homme qui donnait à la politique ses lettres de noblesse

L'hommage des compagnons de route

 

Pour mémoire
Samir Frangié : Le rejet de la discrimination confessionnelle est aujourd'hui la condition à notre survie

La Légion d’honneur à Samir Frangié : un message d’espoir

Samir Frangié : Modérés du Liban, unissez-vous 

Il avait axé son engagement fougueux et son long combat politique sur la sauvegarde du vivre-ensemble et le développement de ce qu'il appelait la « culture du lien ». C'est sous le signe de ce même vivre-ensemble et de cette même culture du lien que ses compagnons de route lui ont rendu un ultime et émouvant hommage hier. De fait, de très nombreuses personnalités religieuses,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut