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Liban - Ordre des ingénieurs

Les tiraillements interpartisans bouleversent la donne

Jad Tabet élu à la tête de l'ordre des ingénieurs avec vingt et une voix d'écart ; la liste consensuelle des partis remporte les sièges du conseil.

Le nouveau président de l’ordre des ingénieurs, Jad Tabet. Photo Hassan Assal

Samedi, le suspense a duré jusqu'au bout à l'ordre des ingénieurs de Beyrouth où près de 10 000 ingénieurs et architectes sur plus de 40 500 inscrits ont exercé leur droit de vote pour élire un président et cinq nouveaux membres du conseil composé de quinze membres, qui se renouvelle par tiers chaque année. Candidat indépendant connu pour ses positions avant-gardistes, Jad Tabet a été élu à la tête de l'ordre, et son élection est considérée comme une avancée notable en termes de « bonne gouvernance » dans le domaine en question.

Dans les détails, selon une coutume établie depuis plusieurs années, une alternance confessionnelle est observée à la tête de l'ordre. Ainsi, huit candidats chrétiens se disputaient samedi le poste de président pour succéder à Khaled Chéhab. Il s'agissait de Pierre Geara, Paul Najm, Jad Tabet, Nazih Bridi, Georges Ghanem, Michel Khoury et Jean Mikhaël. Le candidat des Forces libanaises, Nabil Abou Jaoudé, s'était retiré de la bataille à la veille des élections.

Appuyé par Nakabati, un mouvement proche de Beyrouth Madinati, ainsi que par le Parti socialiste progressiste (PSP), les Kataëb et le Renouveau démocratique, Jad Tabet a remporté la bataille au terme d'une longue journée électorale, avec 4 079 voix contre 4 058 (soit un écart de vingt et une voix) accordées à Paul Najm, candidat du Courant patriotique libre (CPL) et président de la liste consensuelle des partis CPL, courant du Futur, mouvement Amal et Hezbollah, auxquels s'est rejoint in extremis le parti des FL au terme de longues discussions entre les FL et le courant du Futur qui se sont prolongées tard dans la nuit de vendredi à samedi. Pierre Geara (candidat indépendant appuyé par le PNL) a obtenu de son côté 1 082 voix.

Que s'est-il donc passé au cours de cette journée électorale ? Selon une source bien informée, « la bataille était très politisée ». Détaillant les raisons ayant mené à ces résultats, elle indique que le PSP a, dès le départ, appuyé la candidature de Jad Tabet et concentré ses forces sur cette candidature. Elle rappelle que la relation entre le mouvement Amal et le CPL n'a jamais été bonne, et, par conséquent, le vote chiite en faveur de Paul Najm a été à son plus faible taux. Toujours selon cette source, il existe un fort mécontentement au sein du courant du Futur concernant la gestion du parti, qui s'est traduit lors des élections municipales par le nombre de votes accordés à Beyrouth Madinati et samedi par les voix accordées au candidat de Nakabati.

En ce qui concerne les Forces libanaises, les ingénieurs et architectes du parti ont, après le retrait de leur candidat, déclaré vendredi soir au terme d'une réunion élargie qu'ils appuyaient Jad Tabet, « d'autant que le CPL avait refusé de leur accorder deux des cinq sièges du conseil en contrepartie du retrait de Nabil Abou Jaoudé ».

Pour résorber la fronde FL, une réunion s'est tenue à la Maison du centre entre le courant du Futur et les FL. Au terme de longues discussions et des contacts tous azimuts, il a été convenu d'accorder aux FL les deux sièges qu'elles réclamaient. « Mais il était déjà tard, et le mot d'ordre n'est pas parvenu à tous les électeurs des FL, bien que deux cadres du parti fussent présents sur place bien avant l'ouverture des urnes à 8h », précise la source. De nombreuses voix FL sont ainsi allées en faveur de Jad Tabet. Pourtant, « le leader des FL, Samir Geagea, avait tout au long de la journée électorale mené des contacts demandant aux ingénieurs et architectes partisans de voter pour la liste consensuelle », poursuit la source, qui remarque que, pour sa part, le CPL n'avait pas mené une bonne campagne en faveur de Paul Najm, « bien qu'il s'agisse de leur candidat ».
Interrogé par L'Orient-Le Jour, M. Jad Tabet a affirmé qu'il n'avait pas sollicité l'appui des Kataëb et du PSP, et qu'il n'avait pas cherché à savoir si les FL allaient soutenir sa candidature.

 

(Lire aussi : Jad Tabet : Je veux aider les jeunes diplômés)

 

Bataille sur les réseaux sociaux
Sur le plan syndical, la victoire de Jad Tabet reflète, selon la source précitée, « le mécontentement des électeurs qui aspirent au changement et qui estiment qu'une élection de Paul Najm reflète une continuité de la politique de ses prédécesseurs Khaled Chéhab et Samir Doumit ». Sans oublier que « le poids syndical de Jad Tabet est plus important que celui de Paul Najm », estime cette source. Pour elle, « dire que la victoire de Jad Tabet est celle de la société civile n'est pas réaliste ». « Sinon, pourquoi aucun des colistiers de M. Tabet n'a été élu ? » se demande-t-elle.

En effet, seul Jad Tabet de la liste Nakabati a été élu. Les membres du conseil de l'ordre élus figurent tous sur la liste consensuelle des partis : Micheline Wehbé (FL) avec 5 047 voix, Élie Karam (FL) avec 4 470 voix, Bassem Oueïni (courant du Futur) avec 4 427 voix, Haïdar el-Akhrass (Amal) avec 3 937 voix et Adnan Aliane (Hezbollah) avec 3 909 voix. Les candidats perdants ont obtenu entre 974 et 3 163 voix.

Dans une interview accordée à la chaîne MTV, le nouveau président de l'ordre des ingénieurs a affirmé que « sans la société civile, cette victoire n'aurait pas été possible ». Il a remercié les partis politiques qui ont soutenu sa candidature, expliquant qu'aucun effort n'a été déployé pour solliciter ce soutien.

Un observateur a de son côté affirmé que les résultats de l'élection à l'ordre des ingénieurs devront constituer un message tant aux Forces libanaises qu'au Courant patriotique libre : si, lors des prochaines élections, les deux partis ne sont pas unis dès le départ, ils ne pourront pas obtenir la victoire. Ils ne doivent pas laisser les choses à la dernière minute.

D'ailleurs, les résultats de ces élections ont mis l'accent sur les tiraillements qui existent entre les deux partis. Quelques heures après l'annonce des résultats, des partisans des deux côtés ne se sont pas empêchés de se lancer des accusations mutuelles sur les réseaux sociaux.

Commentant l'élection de Jad Tabet à la tête de l'ordre, le Premier ministre, Saad Hariri, a estimé sur son compte Twitter que « la victoire de Jad Tabet est celle de la démocratie ». De son côté, le député Mohammad Kabbani a estimé que « par cette victoire la société civile a lancé un important message que les forces politiques doivent savoir interpréter ».

Aussitôt sa victoire annoncée, Jad Tabet, connu pour être inflexible sur les questions d'environnement et de développement durable, a remercié les électeurs pour « leur confiance ». Il a souligné que « c'est le début d'un changement au niveau de tout le pays ». S'adressant à Paul Najm, il lui a fait part de son estime et lui a tendu la main pour qu'ensemble « ils travaillent pour un meilleur ordre des ingénieurs ».

Samedi, le suspense a duré jusqu'au bout à l'ordre des ingénieurs de Beyrouth où près de 10 000 ingénieurs et architectes sur plus de 40 500 inscrits ont exercé leur droit de vote pour élire un président et cinq nouveaux membres du conseil composé de quinze membres, qui se renouvelle par tiers chaque année. Candidat indépendant connu pour ses positions avant-gardistes, Jad Tabet a...

commentaires (1)

c'est a gerber combien la politique est dans tout les aspects de notre societe. Il ne sont la que pour se partager le gateau. regardez ce qu'ils ont fait de notre pays; des blocs de beton des rivages de notre mer jusqu'aux cimes de notre montagne, le tout sans electricite, eau, telephonie, mais par contre beaucoup de poubelles. et nous completement lobotomisé, on ne fait rien, on ne bouge pas, au mieux on laisse faire, au pire on participe.

George Khoury

07 h 18, le 10 avril 2017

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Commentaires (1)

  • c'est a gerber combien la politique est dans tout les aspects de notre societe. Il ne sont la que pour se partager le gateau. regardez ce qu'ils ont fait de notre pays; des blocs de beton des rivages de notre mer jusqu'aux cimes de notre montagne, le tout sans electricite, eau, telephonie, mais par contre beaucoup de poubelles. et nous completement lobotomisé, on ne fait rien, on ne bouge pas, au mieux on laisse faire, au pire on participe.

    George Khoury

    07 h 18, le 10 avril 2017

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