Le Premier ministre libanais Saad Hariri lors d'une interview à la chaîne France 24. Capture d'écran
Le Premier ministre libanais Saad Hariri a appelé la communauté internationale à investir massivement au Liban, mettant en garde contre une implosion du pays en raison de sa vulnérabilité face à la crise des réfugiés.
"Insoutenable"
"Nous accueillons 1,5 million de réfugiés syriens depuis l'éclatement du conflit. Il est de notre devoir de les accueillir, mais c'est également le devoir de la communauté internationale d'assumer sa part de responsabilité face au peuple syrien et à ces réfugiés", a déclaré M. Hariri dans un entretien accordé à la chaîne France 24.
"Le Liban compte 4,5 millions d'habitants environ. Si on y ajoute 1,5 million de réfugiés syriens et un demi-million de réfugiés palestiniens, vous comprenez que 40% des personnes installées au Liban sont des réfugiés. Le peuple libanais ne peut subir une telle pression. Nous souffrons de cette situation en terme de chômage qui touche beaucoup de Libanais, sans compter les problèmes d'électricité et de santé. La croissance libanaise n'est que de 1%. Pour nous, la situation est devenue insoutenable", a-t-il ajouté.
"Nous ne prendrons aucune mesure qui nuirait aux réfugiés. Mais si la communauté internationale n'investit pas massivement au Liban, nous devrons faire en sorte que ces réfugiés s'installent ailleurs", a-t-il mis en garde, assurant toutefois que le Liban n'expulsera aucun réfugié. "Lorsque la guerre en Syrie se terminera, ils retourneront chez eux".
"L'Europe ne peut pas accueillir de réfugiés. C'est pour cela que nous les accueillons. Alors je dis aux Européens, aux États-Unis : qu'est-ce que vous faites pour nous aider ?", a lancé M. Hariri. "Nous demandons à la communauté internationale d'investir entre 10 et 12 milliards de dollars sur une période de sept ans", a-t-il poursuivi.
Le chef du gouvernement libanais doit effectuer une tournée européenne qui l'emmènera à Paris, Berlin et Bruxelles.
Bassil : "Les déplacés menacent la présence des Libanais"
De son côté, le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a exprimé la nécessité d'assurer le retour des réfugiés syriens dans leur pays car ils "menacent la présence des Libanais dans leur pays".
"L'Etat libanais doit mettre en oeuvre un plan en direction des réfugiés, et non attendre les promesses de la communauté internationale", a déclaré M. Bassil lors d'une conférence de presse en Australie, où il effectue une tournée.
"Le retour des réfugiés syriens dans leur pays est désormais possible", a-t-il estimé, soulignant que "cette responsabilité incombe aux Nations unies" et déplorant que "la communauté internationale encourage les Syriens à rester au Liban".
(Lire aussi : Hariri : Les tensions entre Libanais et Syriens pourraient dégénérer en « troubles civils »)
"Se débarrasser de Daech et d'Assad"
Interrogé sur l'évolution de la position américaine au sujet du départ du président syrien Bachar el-Assad, Saad Hariri a réaffirmé qu'il ne considérait pas le maintien de ce dernier comme une possible issue au conflit.
"Nous avons toujours dit que c'était aux Syriens de décider de leur sort. Cependant, en raison de l'ingérence de plusieurs pays dans ce conflit, nous réitérons ce message. Il y a des parties qui veulent que M. Assad reste au pouvoir, mais pour moi, ce n'est pas la solution. La solution, c'est de se débarrasser à la fois de Daech et de Bachar el-Assad", a-t-il affirmé. "Il ne faut pas oublier que celui qui a tué 700.000 Syriens, ce n'est pas Daech, mais bien le régime".
Interrogé sur l'intervention du Hezbollah en Syrie, M. Hariri a déclaré qu'il existait "un désaccord fondamental" avec le parti chiite, "un désaccord politique et d'approche". "Mais nous nous sommes mis d'accord entre nous sur le fait que ce désaccord ne doit pas empêcher la gestion du pays, ni éluder la nécessité de servir l'intérêt du pays", ajoutant qu"Israël veut mener une guerre contre le Liban".
Enfin, Saad Hariri a souligné qu'il œuvrait pour un retour à la normale des relations entre le Liban et l'Arabie saoudite.
Lire aussi
La visite de Hariri à Riyad : retour saoudien sur la scène locale ?
Hariri : La crise des réfugiés syriens au Liban a atteint un "point de rupture"
"Insoutenable""Nous accueillons 1,5 million de réfugiés syriens depuis l'éclatement du conflit. Il est de notre devoir de les accueillir, mais c'est également le devoir...
commentaires (8)
Comment voulez-vous que la communauté internationale puisse encore envisager d'aider le Liban ( M. S. Hariri demande de 10 à 12 milliards de dollars...rien que ça !!!)...sachant que notre pays est en tête de liste des pays les plus corrompus, "gouverné" par une bande d'incapables dont beaucoup sont vendus à des puissances étrangères ? Irène Saïd
Irene Said
18 h 18, le 02 avril 2017