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Culture - Initiative

L’homme qui fait danser les réfugiés à Beyrouth...

Rencontre avec Eric Minh Cuong Castaing, dont le projet « Phoenix » a été présenté dans le cadre du Mois de la francophonie.

« Phoenix » ou la renaissance des hommes et des lieux traumatisés.

Phoenix, l'oiseau mythique qui renaît de ses cendres, c'est le nom choisi par le chorégraphe français Eric Minh Cuong Castaing pour son dernier projet présenté à Beyrouth lors de la Journée de la francophone organisée à Station. Le directeur artistique considère le pari gagné : « J'ai fait danser des personnes qui se sont exprimées avec leur corps, et qui ont donné ce qu'elles avaient envie d'exprimer. »

 

 

 


Associé au Ballet de Marseille, sœur méditerranéenne de Beyrouth, Minh Cuong Castaing explique son projet, issu de 3 années de réflexions et d'une résidence d'artiste, à la suite d'un voyage réalisé à Beyrouth : « J'avais été totalement fasciné par l'histoire de cette ville-clé, avec toutes ses communautés, leurs histoires tragiques, mais qui cohabitent ensemble », avoue-t-il. D'où sa volonté d'approcher des réfugiés syriens et palestiniens du camp de Chatila. Quatre des huit danseurs qui se sont produits lors de l'événement viennent d'ailleurs de ce camp, et ont interprété une danse contemporaine, suivie de quatre danseuses qui ont accompagné leurs mouvements de petits drones.

 

« État butô »
La première partie de la danse était peut-être « l'acte le plus intime » présenté au cours de la soirée, avoue Eric Minh Cuong Castaing. Elle s'inspire de la danse butô, une « danse contemporaine japonaise qui est née dans la société post-Hiroshima, avec des danseurs qui se sont demandé comment ils pouvaient continuer à danser après cet événement. C'est une danse qui est basée sur la visualisation et un processus poétique », précise le chorégraphe. La danse s'accompagne en effet de petites phrases lancées aux danseurs, lesquels visent à provoquer un état butô qui « révèle des gestes résiduels conservés par la mémoire, des traumas aussi », affirme-t-il.
Un état qui a des effets physiques réels, à l'image de ce danseur syrien qui, à l'issu de sa représentation, a pris du temps de se remettre de sa danse pour saluer le public, transporté au souvenir de plusieurs pertes. « Je ne suis pas pour laisser ces souvenirs s'endormir, au contraire », soutient le chorégraphe français qui, cependant, maintient l'idée d'un contrat moral entre lui et les danseurs pour leur promettre qu'ils ne participeront pas à un show de divertissement. Ce discours essentiel doit en effet préparer les jeunes réfugiés à se présenter dans un lieu de mondanités, pour surmonter la violence sociale à laquelle ils sont confrontés.
En toute pudeur, il s'agit avant tout de montrer des corps qui réagissent différemment face à la technologie des drones, dans un monde où la géographie humaine connaît des mutations inédites. « Un phénomène que l'art se doit de montrer », conclut Eric Minh Cuong Castaing.

Phoenix, l'oiseau mythique qui renaît de ses cendres, c'est le nom choisi par le chorégraphe français Eric Minh Cuong Castaing pour son dernier projet présenté à Beyrouth lors de la Journée de la francophone organisée à Station. Le directeur artistique considère le pari gagné : « J'ai fait danser des personnes qui se sont exprimées avec leur corps, et qui ont donné ce qu'elles...

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