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Culture - Entretien

Le slam ou comment « revivifier la poésie »

La gageure de l'acteur, metteur en scène et poète franco-tunisien Nebil Daghsen.

Nebil Daghsen est convaincu que l’art, sous toutes ses formes, fera le monde de demain.

Au Liban à l'invitation de l'Institut français pour participer aux activités du Mois de la francophonie (dont l'animation d'ateliers d'improvisation à Jounieh, au Liban-Sud, à Baalbeck, à Deir el-Qamar et une soirée slam, vendredi dernier, à l'Onomatopée), l'acteur, metteur en scène et poète franco-tunisien Nebil Daghsen dirige ce soir un match d'improvisation universitaire*.

L'artiste ne rate pas une occasion pour déclamer les mérites de ces joutes oratoires souvent accompagnées de musique et nommées slam. Il y est accro depuis dix-sept ans. « Cet art oratoire vient revivifier la poésie, affirme-t-il. Il permet de désacraliser les poètes et de démocratiser la poésie. » Et d'ajouter : « C'est quelque chose de très important pour moi. À l'école, j'étais toujours saoulé lorsqu'on me parlait de Rimbaud et Verlaine. C'était comme des ampoules que je ne pouvais pas toucher. À présent, lorsque je dirige des ateliers dans des établissements scolaires, j'explique aux élèves que Rimbaud était un adolescent comme eux, peut-être un peu perdu, un peu grande gueule, qui a écrit pour ne pas se suicider ou faire des conneries... Utiliser la langue c'est une puissance, c'est une barque d'émotions. »

Le slameur n'en est pas à sa première visite au pays du Cèdre. « C'est la quatrième fois que je viens au Liban, précise-t-il. Si cela ne tenait qu'à moi, je passerais six mois par an ici. Je sens quelque chose dans Beyrouth, une puissance, comme une petite lumière quelque part qui peut rayonner et qui peut être un exemple pour des millions de gens. Ce bordel organisé dont on parle je l'adore, car pour le slam, on en a besoin et pour l'improvisation aussi. »

 

(Lire aussi : Un dialogue entre art et technologie met à l’honneur la francophonie)

 

À travers ses tournées et ses ateliers d'improvisation, l'artiste cherche à amplifier le mouvement slam. « J'essaie de développer un projet un peu fou, révèle Daghsen. Et j'espère que l'on va m'aider. Je rêve de créer une ligue d'improvisation libanaise, avec des poésies en arabe. Et de constituer à cette fin des équipes de Tripoli, de Zahlé, du Akkar... qui se défieraient dans un championnat national, comme pour le football. »

Nebil Daghsen est convaincu que l'art, sous toutes ses formes, fera le monde de demain. « La force de l'art, dans son innocence, c'est de créer des passerelles », indique l'artiste. Surtout dans un monde où le schisme se fait de plus en plus grand. Entre les peuples, entre les civilisations, mais aussi et surtout entre le peuple et ses représentants.

« Il est essentiel de pouvoir se dire : "Oui, je suis légitime", martèle le slameur. Non, ce ne sont pas les 128 parlementaires qui vous représentent qui doivent être légitimes, c'est le peuple qui doit l'être en premier. Les gens ne se sentent plus légitimes, car ils pensent que la démocratie ne leur appartient pas. Voyez ce qui se passe en France, en ce moment. Et même si le changement ne s'effectue pas de notre vivant, il se fera après. Un arbre, pour pousser, a besoin de longues années. »

* À 18h, à la salle Montaigne de l'Institut français de Beyrouth, rue de Damas.

 

 

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