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Liban - Social

« Je veux les empêcher de m’affamer »

La protestation s'amplifie contre les mesures fiscales accompagnant la grille des salaires. Des manifestations sont prévues ce soir et en week-end.

Hier soir, devant le Grand Sérail, lors d’une manifestation contre les taxes adoptées par le Parlement. Patrick Baz/AFP

Quelques centaines de personnes ont manifesté hier en début de soirée place Riad el-Solh, pour protester contre les nouvelles taxes adoptées par le Parlement en vue de financer la grille des salaires.

Le mouvement de protestation avait commencé en matinée à l'initiative du chef du parti Kataëb, Samy Gemayel. Quelques heures plus tard, des Libanais sans étiquette politique se rassemblaient au centre-ville.
« Si seulement je pouvais fermer le magasin et les suivre », s'exclame Ghida Beydoun en regardant des manifestants portant le drapeau libanais se diriger vers la place Riad el-Solh. Ghida, 21 ans, étudiante en publicité à l'American University of Science and Technology (AUST), travaille pour financer ses études. « Tout est cher au Liban, à commencer par l'alimentation », dit-elle.

Un peu plus loin, une famille venue d'Achrafieh. Mona Assaf est accompagnée de ses enfants Théa et Ralph, son frère Ramzy et sa mère Thérèse.
« Je travaille dans un hôtel. Mon mari est aussi salarié. Nous nous privons de tout pour scolariser nos enfants et payer leurs activités. Et maintenant, ils (les députés) décident d'augmenter les taxes. C'est vraiment trop ! » dit-elle.
Son frère, qui travaille dans une agence de publicité, renchérit : « Nos salaires s'évaporent en si peu de temps... Si je suis célibataire, c'est parce que je ne peux pas assumer les dépenses d'une famille. » « Ils veulent nous affamer. Je fais partie des anciens locataires. Bientôt, le propriétaire de l'appartement me mettra à la porte et je me retrouverai à la rue », déclare Thérèse, la mère. « Je crois au changement. Si tous les Libanais se rassemblent pour contrer la corruption, nous y arriverons », poursuit-elle.

 

(Lire aussi : Paranoïa et surenchères politiques place de l’Étoile)

 

 

Retraités et étudiants
Dans la petite foule, on compte des personnes venues des quatre coins du Liban, notamment du Arqoub, de Nabatiyé, de Baalbeck, de Zahlé, de Aley, du Metn, du Kesrouan, de Jbeil, de Batroun...
Il y a parmi les manifestants des étudiants, des retraités, des commerçants, des salariés, des enseignants et de nombreux partisans des Kataëb.

Ibada Abdelkhalek Nasr est venue de Chanay, caza de Aley, jusqu'au centre-ville de Beyrouth avec son mari Wissam et son fils Loujein. Elle est employée au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). « Je refuse que la grille des salaires soit financée par des taxes supplémentaires. C'est comme s'ils nous donnaient de l'argent pour nous le reprendre tout de suite. Qu'ils commencent par arrêter la corruption et le gaspillage », martèle-t-elle.

Akram, un autre manifestant, est retraité. Il vient de Aramoun. « Tout est cher au Liban, de la nourriture à l'essence en passant par l'eau et l'électricité que nous payons deux fois... Ils sont là depuis dix, vingt, trente, quarante ans. Le pouvoir est héréditaire. C'est pire que les pays du Golfe et les régimes totalitaires », dit-il. Même s'il avoue qu'il a un peu perdu espoir et que ses trois enfants sont établis hors du Liban, cet ancien syndicaliste promet : « Nous ne voterons plus jamais pour eux. Plus jamais ! Dorénavant nous donnerons nos voix à des listes comparables à Beyrouth Madinati (composée de la société civile et qui s'était présentée aux élections municipales de la capitale) ou encore à des personnes comme (les anciens ministres) Ziyad Baroud, Damien Kattar ou Charbel Nahas. »

Mohammad Farhat et Johnny Rizk sont venus ensemble à la manifestation. Tous les deux sont de Beyrouth et travaillent dans le même domaine. Ils sont salariés auprès de joailliers. « J'arrive encore à joindre les deux bouts. Si je suis là ce soir, c'est pour les empêcher de m'affamer dans l'avenir », s'insurge Mohammad, qui rêve d'un « pays laïc où les dirigeants occuperont leurs postes selon leurs compétences et non selon leur appartenance communautaire ou tribale ».
Ce mouvement de protestation initié par le parti Kataëb commence à mobiliser divers courants, notamment le groupe « Vous puez ! ».
Aujourd'hui à 19 heures, un sit-in sera organisé place Riad el-Solh et les préparatifs sont en cours pour une importante manifestation dimanche.

 

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Quelques centaines de personnes ont manifesté hier en début de soirée place Riad el-Solh, pour protester contre les nouvelles taxes adoptées par le Parlement en vue de financer la grille des salaires.
Le mouvement de protestation avait commencé en matinée à l'initiative du chef du parti Kataëb, Samy Gemayel. Quelques heures plus tard, des Libanais sans étiquette politique se...

commentaires (1)

ON NOUS LES DONNE POUR NOUS LES REPRENDRE... EH, OUI ET UN PEU PLUS ENCORE... C,EST LE MOT ! TAXES = VIE PLUS CHERE = CHOMAGE = EMIGRATION !!!

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 58, le 17 mars 2017

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Commentaires (1)

  • ON NOUS LES DONNE POUR NOUS LES REPRENDRE... EH, OUI ET UN PEU PLUS ENCORE... C,EST LE MOT ! TAXES = VIE PLUS CHERE = CHOMAGE = EMIGRATION !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 58, le 17 mars 2017

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