Et voilà le travail ! Les tromblons du gouvernement avaient étudié les chiffres, évalué les dépenses, épluché les maigres ressources de cette République de peu... puis conclu qu'il fallait absolument faire les poches des citoyens pour se refaire une santé. Le préposé au tiroir-caisse du ministère des Finances se frottait déjà les mains. Le racket allait enfin pouvoir commencer : Libanais, préparez-vous à cracher au bassinet! Et puis patatras ! Les parlementeurs se sont dégonflés à la dernière minute, envoyant valdinguer la séance de la Chambre.
Pour calmer la piétaille, on avait pourtant bien balancé un os à ronger : la lutte contre la corruption. Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites ! Surtout quand on sait que cette formule passe-partout ne veut rien dire, tant que le financement de la grille des salaires ne s'attaque pas à l'essentiel : dégraissage massif de l'administration par le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ; mise à la diète forcée de cet État boulimique qui se gave d'emplois fictifs ; privatisation rapide des officines-poubelles à la gestion ratée... La voilà, l'origine de la corruption ! Pas seulement le milliardaire anonyme gras du bide qui vient grappiller des lopins du domaine public. Après, on s'étonne que les plus fortunés lorgnent sur les paradis fiscaux. Un paradis fiscal, ça n'existe que parce qu'il y a un enfer fiscal !
Quant au budget, n'en demandez pas le détail, il se résume en quelques mots : salaires, taxes, salaires, taxes et... imbécillités somptuaires. Il faut vraiment le gratter, ce parchemin issu de la phosphorescence des croûtons politiques, pour trouver les programmes de développement générateurs d'emploi.
Faut en plus se coltiner les syndicalistes ringards de la fonction publique qui procèdent de la même veine ! À califourchon sur leurs « droits acquis », et non contents d'avoir pris en otages les enseignants du privé en s'arrimant à leurs revendications légitimes, ils ont fini par cocufier ces derniers en pompant la majeure partie des sucreries que l'État compte distribuer.
Résultat des courses : va falloir se serrer davantage la ceinture en attendant d'improbables jours meilleurs. Libanais, saignez-vous aux quatre veines pour engraisser la caste privilégiée des fonctionnaires ! Que les affamés d'aujourd'hui crèvent, pour sauver les affamés de demain...
Gaby Nasr
gabynasr@lorientlejour.com
Vide-poche
OLJ / Par Gaby NASR, le 17 mars 2017 à 00h00
Les bourses ou l'avis ...! choix kafkaïen m'a dit ma cousine !
14 h 37, le 17 mars 2017