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Moyen Orient et Monde - Présidentielle française

Fillon se cramponne, Juppé se place

Les défections de proches collaborateurs du candidat de droite se sont poursuivies hier.

Alain Juppé et François Fillon. AFP / JOEL saget

En dépit des défections et des pressions pour qu'il cède sa place à Alain Juppé, François Fillon a appelé hier soir ses partisans à « résister » et à venir « très nombreux » à son rassemblement demain au Trocadéro, où le candidat espère jouer son va-tout.
Toute la journée, les annonces de départs ont continué autour du candidat, jusqu'à celle de son plus proche collaborateur, son directeur de campagne Patrick Stefanini, qui quittera ses fonctions après le rassemblement de dimanche. Autre départ, quelques heures plus tôt, celui de son porte-parole Thierry Solère, alors que le parti centriste UDI a également retiré son soutien après avoir annoncé, mercredi, la « suspension » de sa participation à la campagne. Son président Jean-Christophe Lagarde a, en outre, demandé « solennellement aux Républicains de changer de candidat » au profit d'Alain Juppé, « le plus légitime ».

 

(Lire aussi : « Il n'est pas possible de jouer à la roulette russe avec l'élection présidentielle »)

 

Manifestation controversée
Mais ces défections ne semblaient pas suffire à ébranler la détermination de M. Fillon : « Je vous attends nombreux dimanche à 15h place du Trocadéro, pour montrer, aux yeux de tous, ce qu'est la volonté des militants de la France », a-t-il lancé hier, ajoutant : « Ne laissez personne vous priver de votre choix, je vous demande de résister et encore plus, je vous invite à aller de l'avant. »

Un rassemblement qui est d'ailleurs à l'origine, aussi, de l'accélération des défections. D'abord présenté par l'hebdomadaire Valeurs actuelles comme une manifestation « contre les juges », ce rassemblement est notamment soutenu par « Sens commun », émanation de la « Manif pour tous » contre le mariage homosexuel. François Fillon se trouve ainsi ramené à la base ultraconservatrice et proche des milieux catholiques intégristes qui ont permis par leur mobilisation sa victoire à la primaire de la droite sur le maire de Bordeaux, Alain Juppé. Selon des élus de l'UDI, l'appel à ce rassemblement, ses motivations et les risques de débordements ont été un des éléments qui ont amené leur parti à retirer son soutien à François Fillon.
De son côté, le président français François Hollande a estimé qu'« il ne peut pas y avoir de manifestations (...) qui puisse mettre en cause les institutions, la justice ou le travail de la police dans le cadre des enquêtes », a-t-il mis en garde.

 

(Repère : Que risque maintenant François Fillon ?)

 

Les conditions de Juppé
François Fillon, qui a aussi communiqué aux journalistes son agenda pour la semaine prochaine, exclut ainsi tout retrait de la course dans les prochaines heures au profit d'Alain Juppé comme le voudraient maintenant nombre d'élus Les Républicains.

Or l'entourage du maire de Bordeaux a fait savoir dans la matinée à l'AFP que celui-ci ne se « défilera pas » et pourrait accepter d'être un recours à deux conditions : si « François Fillon se retire de lui-même », et si lui-même obtient un soutien « unanime » du parti. Les juppéistes ont commencé depuis jeudi à déserter la campagne de M. Fillon, menacé d'une mise en examen le 15 mars dans l'affaire des emplois fictifs présumés de plusieurs membres de sa famille.
La plupart des proches d'Alain Juppé, qui avaient intégré le dispositif de campagne, ont ainsi fait défection : Benoist Apparu, Christophe Béchu, son conseiller Gilles Boyer, devenu trésorier de la campagne de François Fillon, ou encore Édouard Philippe.

Mais comment pousser le vainqueur de la primaire de la droite à renoncer, lui qui ne veut « pas se coucher » ? « François Fillon peut être candidat, il a déjà ses 500 signatures (...). S'il veut aller au bout, il ira au bout », constate Édouard Philippe, député-maire du Havre. Au pointage officiel du Conseil constitutionnel hier matin, Alain Juppé bénéficie déjà officiellement d'un parrainage.

 

(Lire aussi : L'État sans droit de François Fillon)

 

« Plus un plan B, mais un sauveur »
À 50 jours du premier tour, la droite se trouve donc dans un scénario digne d'un film catastrophe, alors que les sondages prédisent l'élimination de son candidat dès le premier tour de la présidentielle.
En effet, Emmanuel Macron se place pour la première fois en tête des intentions de vote en vue du premier tour de la présidentielle, sauf dans l'éventualité d'une candidature d'Alain Juppé, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour l'émission « 13h15 Dimanche » de France 2 publié hier. Dans l'hypothèse d'un maintien de François Fillon, l'ex-ministre de l'Économie serait premier avec 27 % des voix (+2 points par rapport au 26 février), devant Marine Le Pen, créditée de 25,5 % (-1,5 point), et l'ancien Premier ministre, stable à 19 %. Si Alain Juppé devait remplacer l'actuel candidat de la droite, le maire de Bordeaux prendrait la première place avec 26,5 % de suffrages, devant Emmanuel Macron (25 %). Dans ce cas de figure, Marine Le Pen serait à ce stade éliminée dès le premier tour, avec 24 %.

Cela fait près de six semaines que François Fillon se débat dans ce scandale, mais les propos extrêmement durs à l'égard de la justice qu'il a tenus mercredi lors de sa conférence de presse pour annoncer sa convocation par les magistrats « ont choqué une partie de l'opinion publique, y compris dans notre camp », a souligné Philippe Richert, président de la région Grand Est, et ex-soutien de Nicolas Sarkozy.

 

Le rôle de Sarkozy
Dans ce contexte, les regards se tournent vers l'ancien président Nicolas Sarkozy, perçu jusqu'ici comme un blocage à la candidature d'Alain Juppé. Gérard Larcher, président du Sénat, et Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, l'ont rencontré en fin de matinée, afin de réfléchir à la manière dont il faudrait « s'organiser très vite », en cas de retrait de François Fillon, a indiqué à l'AFP une source LR. « À la place qui est la sienne aujourd'hui, la seule chose qui préoccupe Nicolas Sarkozy, c'est le sort de la France et l'unité de sa famille politique », a-t-on ajouté de même source. « Il y a un moment où il va falloir redonner la parole à la base », estimait également hier un parlementaire proche de l'ex-président. Vu la gravité de la situation, le candidat qui sera choisi ne sera « plus un plan B mais un sauveur », renchérissait une source LR.
De son côté François Bayrou a annoncé que même en cas de candidature d'Alain Juppé, qu'il avait soutenu à la primaire de la droite, il continuerait de soutenir Emmanuel Macron.

 

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En dépit des défections et des pressions pour qu'il cède sa place à Alain Juppé, François Fillon a appelé hier soir ses partisans à « résister » et à venir « très nombreux » à son rassemblement demain au Trocadéro, où le candidat espère jouer son va-tout.Toute la journée, les annonces de départs ont continué autour du candidat, jusqu'à celle de son plus proche...

commentaires (4)

Pour être bref, en 1958 l'Etat s'était rendu à Colombey-les-deux-Eglises pour chercher le général de Gaulle afin de le mettre à sa tête. En 2017, la droite modéré devrait se rendre à Bordeaux pour chercher Alain Juppé afin de le mettre à sa tête. Il n'a pas d'autres alternatives pour éviter à la France le chaos que créerait l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite lepeniste.

Un Libanais

12 h 05, le 04 mars 2017

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Commentaires (4)

  • Pour être bref, en 1958 l'Etat s'était rendu à Colombey-les-deux-Eglises pour chercher le général de Gaulle afin de le mettre à sa tête. En 2017, la droite modéré devrait se rendre à Bordeaux pour chercher Alain Juppé afin de le mettre à sa tête. Il n'a pas d'autres alternatives pour éviter à la France le chaos que créerait l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite lepeniste.

    Un Libanais

    12 h 05, le 04 mars 2017

  • RESISTER OU S,ABANDONNER AU COMPLOT SOCIALO-GAUCHISTE ? LE PEUPLE FRANCAIS DEVRAIT DEMAIN TRANCHER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 07, le 04 mars 2017

  • Les loosers sont toujours prêts , pour nicher dans le nid des autres comme le coucou...!

    M.V.

    08 h 26, le 04 mars 2017

  • "Jup(e)pé prêt à y aller, mais le Fi(ll)on ; de plus en plus isolé ; résiste toujours, läâmâhhh !" ! Ou plutôt, les Caves qui tentent encore ; désespérément ; de se rebiffer.... Yâ hassratâââh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 53, le 04 mars 2017

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