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Liban - Loi électorale

Machnouk : Je ne pense pas qu’un nouveau texte sera promulgué avant les législatives de mai

Le ministre de l'Intérieur et le courant du Futur démentent des informations sur un prétendu troc entre Saad Hariri, le CPL et le Hezbollah.

« Non à une rallonge du mandat de la Chambre, non à un vide institutionnel, non à la loi actuelle », a affirmé Nabih Berry devant les députés qu’il a reçus hier.

Le débat autour d'une nouvelle loi électorale fait du surplace, sans que personne ne veuille parler de crise. Et pourtant, c'est bien une crise politique que reflète l'incapacité des politiques à s'entendre sur un nouveau mode de scrutin et un nouveau découpage électoral.

Dans ce qui a été considéré comme une tentative de briser l'immobilisme ambiant, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a brandi récemment la menace d'un retour à la loi dite orthodoxe, rejetée par la plupart des forces politiques dans la mesure où elle consacre le confessionnalisme dans son acception étriquée puisqu'en vertu de la formule qu'elle prévoit, les électeurs devront seulement élire les députés appartenant à leur confession. Il a été immédiatement suivi par le président de la Chambre, Nabih Berry, qui a brandi celle de la Constituante, une perspective qui affole notamment les chrétiens et le courant du Futur.

Aujourd'hui, la rumeur court que le président du Conseil, Saad Hariri, se serait entendu avec le CPL, fondé par le président Michel Aoun, et le Hezbollah sur une formule qui repose sur un troc : Saad Hariri accepterait l'organisation des législatives sur base de la proportionnelle intégrale, en contrepartie de son maintien à la tête du gouvernement durant les six années du mandat présidentiel.
Le courant du Futur, que préside M. Hariri, est, comme on le sait, farouchement hostile à la proportionnelle intégrale tant que le Hezbollah maintient ses armes, d'autant que ce mode de scrutin permettra au parti de Hassan Nasrallah de hisser à la Chambre des députés sunnites issus des régions qu'il contrôle, au Liban-Sud et dans la Békaa notamment. On le verrait mal y adhérer par conséquent, mais les propos tenus par le député aouniste Simon Abiramia, au terme de la rencontre élargie du mercredi à Aïn el-Tiné, ont conforté cette rumeur que le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk et les députés Samir el-Jisr et Ammar Houri se sont empressés de démentir. Selon M. Abiramia, Nabih Berry a informé ses hôtes qu'il y a quelques jours, durant une réunion privée, le chef du gouvernement aurait laissé entendre qu'il n'était pas contre la proportionnelle intégrale.

On sait que chaque mercredi, Nabih Berry reçoit les députés pour un tour d'horizon de l'actualité locale et que ces derniers rapportent à la presse la teneur des propos du président de la Chambre. « Ces propos sont infondés, imprécis et illogiques », a assuré le ministre de l'Intérieur, à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a tenue dans le cadre d'une visite au siège de la Défense civile. « Personne ne peut rien garantir au Liban, et cela, tout le monde le sait. La présence de Saad Hariri à la tête du gouvernement est un droit qu'il tire de son poids politique. (....) Ces propos n'ont rien à voir avec la réalité. Ce troc dont il est question serait comme échanger de l'acier contre du pois chiche, pour reprendre un adage populaire », a poursuivi le ministre, qui a quand même fait état de pourparlers en cours autour d'une nouvelle formule électorale. « Mais je ne pense pas qu'ils aboutiront. Je ne suis pas convaincu que les parties politiques réussiront à s'entendre sur une nouvelle loi avant la date des législatives, prévues le 21 mai prochain », a affirmé M. Machnouk.
Samir el-Jisr, qui a également démenti le prétendu troc, a souligné, dans une déclaration à l'agence al-Markaziya, que le dialogue entre le Hezbollah et le courant du Futur reprendra ce lundi, après une rupture due à un problème de santé de Hussein Khalil, l'adjoint politique du secrétaire général du parti chiite. Il a expliqué qu'au cours du dernier round, la formation de Hassan Nasrallah « avait réitéré son attachement à la proportionnelle et avancé trois formules prioritaires pour elle: l'intégrale, c'est-à-dire la proportionnelle réalisée soit au niveau de la circonscription unique qui est le Liban, soit au niveau des mohafazats traditionnels, et enfin, la proportionnelle réalisée en deux tours ».

Selon M. Jisr, le Hezbollah avait également présenté une formule composite, « prévoyant des critères unifiés et tenant compte des appréhensions de toutes les parties, mais certaines parties n'avaient pas été emballées par cette proposition ».

 

(Lire aussi : Berry évoque la Constituante : incitation ou menace ?)

 

 

Les trois « non » de Berry
C'est là où le problème se pose. Les propositions foisonnent mais aucune ne fait l'unanimité. Le député druze Ghazi Aridi, dont le parti plaide pour une amélioration de la loi actuelle, a indiqué dans une déclaration à la radio que le chef du PSP, Walid Joumblatt, ne peut pas être considéré comme étant responsable du blocage actuel, « puisque la plupart des parties politiques, dont les Forces libanaises, les Marada, les Kataëb, sans compter les indépendants, ont refusé la majorité des formules électorales qui leur avaient été proposées ». M. Joumblatt rejette la proportionnelle ainsi que la formule mixte « à laquelle le courant du Futur reste attaché », a rappelé hier Ammar Houri, en précisant que ce parti « reste hostile à la proportionnelle en présence d'armes illégales ».

En dépit de ce blocage, le président de la Chambre continue d'insister sur une accélération des efforts pour parvenir à une nouvelle loi électorale. S'exprimant devant les députés qu'il a reçus hier, il a de nouveau jeté la balle dans le camp du gouvernement, en affirmant que celui-ci « se doit d'examiner et d'approuver un nouveau texte pour le transmettre ensuite au Parlement ». Sauf qu'un projet de loi électorale, élaboré par l'équipe ministérielle de M. Nagib Mikati, avait déjà été soumis à la Chambre qui a en outre réceptionné plusieurs propositions de lois électorales.

Pour M. Berry, toujours cité par les députés, « l'intérêt national commande le recours à la proportionnelle qui transcende le confessionnalisme tout en préservant les communautés ». Un plaidoyer repris par le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad. Quoi qu'il en soit, pour lui, « il n'est pas question d'une rallonge du mandat de la Chambre, d'un vide institutionnel ou encore d'une organisation des élections sur base de la loi actuelle ».

Dans l'état actuel des choses, cela équivaut à la quadrature d'un cercle, mais les plus optimistes pensent, contrairement au ministre de l'Intérieur, qu'un accord est toujours possible. C'est le cas notamment du député Ibrahim Kanaan (CPL), du responsable de l'information au sein du PSP, Rami Rayess, et du ministre de l'Environnement, Tarek el-Khatib, qui, après un entretien avec le chef des Forces libanaises Samir Geagea, a réaffirmé la détermination du président à obtenir la promulgation d'une nouvelle loi électorale et expliqué que « le problème se pose au niveau de la perception que chaque partie a de la proportionnelle ».

 

 

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Dans ce qui a été considéré comme une tentative de briser l'immobilisme ambiant, le chef du Courant...

commentaires (2)

IL FAUT LES DEGAGER TOUS... DES VAURIENS !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 14, le 02 mars 2017

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Commentaires (2)

  • IL FAUT LES DEGAGER TOUS... DES VAURIENS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 14, le 02 mars 2017

  • Messieurs nos Responsables de ce pays, aussi longtemps que vous voudrez tenir compte de l'avis de ceux qui sont: un peu pour cela plutôt pour ceci moitié-moitié pas du tout pour indécis en tout farouchement contre les changements pour le maintien de la loi actuelle etc. etc. nous stagnerons dans l'incertitude et l'inefficacité, et le pays tout entier en paye un prix exorbitant ! La société libanaise est composée d'un tel mélange...que vous n'arriverez jamais à contenter tout le monde! Messieurs les Responsables de ce pays, M. Aoun, S. Hariri, N. Berry, êtes-vous les décideurs...oui ...ou pas ??? Ou alors cette situation de stagnation vous convient-elle peut'être...? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 45, le 02 mars 2017

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