Rechercher
Rechercher

Liban - Liban

Loi électorale : les débats devraient s’intensifier après l’étude du budget

Gebran Bassil menace de revenir à la proposition dite « orthodoxe ».

Gebran Bassil inaugurant le bureau du CPL à Enfé. Photo ANI

Si le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé, a affiché hier un pessimisme certain quant à l'élaboration prochaine d'un nouveau code électoral, dans les milieux politiques directement concernés, on assurait que les négociations autour de cette question devraient s'intensifier après les séances gouvernementales consacrées à l'étude du projet de budget 2017.

Les diverses formations politiques continuent cependant de camper sur leurs positions respectives concernant la nouvelle formule électorale. C'est principalement ce blocage qui aurait poussé le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, à menacer de mettre la proposition de loi dite « orthodoxe » (qui prévoit l'élection des députés chacun par les électeurs de sa communauté) à nouveau sur la table, en dépit de l'opposition quasi générale à cette formule.

S'exprimant hier lors de l'inauguration d'un nouveau bureau du courant aouniste à Enfé (Liban-Nord), M. Bassil a déclaré sans détour : « Nous allons présenter une nouvelle version de la formule mixte (après celle qui prévoit des critères unifiés et une autre prévoyant l'habilitation en deux temps). Si elle est refusée, nous allons revenir à la loi "orthodoxe", dans la mesure où elle assure la parité islamo-chrétienne et la bonne représentativité des communautés », a-t-il affirmé.

Certains ont vu dans cette déclaration un nœud supplémentaire qui entraverait le vote d'un nouveau texte, mais selon un observateur politique, cette menace d'un retour à la formule préconisée dans la proposition de loi dite « orthodoxe » serait en fait un moyen de pression pour inciter les protagonistes à aller de l'avant dans l'adoption d'un nouveau code électoral. « À l'heure où le Hezbollah reste le seul à s'opposer à la formule mixte, les proches du chef de l'État, Michel Aoun, multiplient les incitations pour obtenir le vote d'une nouvelle loi, dans la mesure où un échec dans ce cadre ne serait autre qu'un camouflet qui affaiblirait le régime », souligne-t-il.

Interrogé par L'Orient-Le Jour, Nabil Nicolas, député du Metn, confirme ainsi que « les propos de M. Bassil interviennent dans le cadre d'un forcing visant à favoriser le vote d'un nouveau texte ». « Nous avons présenté plusieurs propositions auxquelles nombre de partis politiques ont opposé un veto catégorique », dit-il avant de poursuivre : « Cela signifie que certains ont l'intention de bloquer le processus de vote du code électoral, ce que nous ne tolérerons pas. » M. Nicolas va même jusqu'à souligner que certains voudraient maintenir la loi de 1960 en vigueur. « Mais nous estimons que celle-ci est désormais obsolète », déclare-t-il. « Il y a des tentatives de monopoliser le pouvoir. Mais cette ère est révolue. Nous aurons une nouvelle loi électorale », assure Nabil Nicolas adoptant un ton optimiste.

Même son de cloche à Meerab. Les Forces libanaises sont toujours confiantes qu'une nouvelle loi verra le jour prochainement. Expliquant la position de sa formation à L'OLJ, un proche de Samir Geagea préfère placer ce dossier dans un contexte plus général : « Il est intolérable que la question de la loi électorale ne soit pas tranchée une bonne fois pour toutes, à l'heure où les institutions de l'État sont redynamisées et où le Liban récupère progressivement son rôle sur la scène internationale », indique-il, ajoutant que « les FL – qui accordent aujourd'hui la priorité au vote d'un budget prévoyant la privatisation du secteur de l'électricité – sont déterminées à ce qu'un texte axé sur la formule mixte soit voté, d'autant plus que l'écrasante majorité des partis politiques en est convaincue ».
Dans les mêmes milieux, on fait valoir que le parti de M. Geagea attend les remarques que formulera le tandem Amal-Hezbollah concernant cette formule, tout en reconnaissant que cela ne se produira pas prochainement.

Le Hezbollah pointé du doigt...

Fady Karam, député FL de Koura, se veut plus prudent. Joint par L'OLJ, il assure que « les diverses formations politiques ont encore le temps pour s'entendre sur une nouvelle loi électorale ». « Je suis optimiste à cet égard parce que personne ne voudrait plonger le pays dans une crise nationale », lance-il.
À une question concernant les raisons du blocage actuel, M. Karam répond en pointant un doigt accusateur sur le Hezbollah, qui a réitéré hier son soutien à la proportionnelle intégrale, par la bouche du député Ali Fayad. « À cause de ses conditions et de ses demandes, le parti chiite entrave le processus d'adoption d'un nouveau texte », indique-t-il avant d'ajouter : « Le Hezbollah estime que les propositions dont il est actuellement question donnent au tandem CPL-FL un bon nombre de sièges à l'hémicycle, et s'y oppose par conséquent. »

Du côté de la Maison du Centre, Ammar Houri, député de Beyrouth, renvoie la balle dans le camp des partis politiques « qui devraient s'entendre, tous, sur une nouvelle formule ». Selon le député de Beyrouth, « le Hezbollah oscille entre la proportionnelle intégrale et la formule mixte », mais n'a toujours pas tranché. Lui aussi considère que l'échec à voter un nouveau code électoral serait un camouflet porté au régime Aoun et souligne le rôle conciliateur du courant du Futur, auquel il appartient. « Nous nous sommes montrés extrêmement flexibles », conclut Ammar Houri.

 

Lire aussi

La loi électorale, pivot du redressement politique

Si le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé, a affiché hier un pessimisme certain quant à l'élaboration prochaine d'un nouveau code électoral, dans les milieux politiques directement concernés, on assurait que les négociations autour de cette question devraient s'intensifier après les séances gouvernementales consacrées à l'étude du projet de budget 2017.Les diverses formations...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut