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Lifestyle - Événement

Oscar #soblack a remplacé Oscar #sowhite

Quatorze nominations n'ont pas réussi à confirmer « La La Land », grand favori des Oscars, comme meilleur film. Il repart avec sept statuettes (seulement), se partageant les honneurs avec « Moonlight », « Manchester by the sea » et « Fences ».

Illustration Ivan Debs

La finale de la cérémonie des Oscars était le clou de la soirée, le buzz dont on parlera toute la semaine. Et les questions ainsi que les doutes sur cette énorme bourde, qui n'a jamais, ô grand jamais, été faite depuis la naissance de la petite statuette âgée de 89 ans, ne cesseront de triturer les esprits. Que s'est-il passé ?

Comment se fait-il qu'à la boucle finale de la soirée, Bonny and Clyde, alias Warren Beatty et Faye Dunaway, ont-ils réussi à accomplir leur dernier forfait ? C'est-à-dire ravir la statuette à Moonlight, cette fois pas pour leur compte, mais pour la remettre à La La Land ? De plus, les producteurs du film de Damien Chazelle ainsi que toute l'équipe avaient eu le temps de monter sur scène, d'entamer leurs discours et de se congratuler. La confusion était totale au Dolby Theatre. Il a fallu que le producteur du film Jordan Horowitz insiste, s'excuse, montre le carton et offre lui-même la victoire à Moonlight, le film qui a été tout au long de cette soirée le principal concurrent du musical de Damien Chazelle, pour que la salle comprenne vraiment ce qui s'est passé. Changement de décor donc, et l'on assistait cette année, contrairement aux éditions précédentes, à un #oscarsoblack qui bat un #oscarsowhite.

Jimmy Kimmel, le maître de cérémonie, l'avait pourtant prédit. Il a d'ailleurs « remercié » le président Donald Trump pour son action des cent premiers jours de sa présidence pour avoir induit un contre-effet sur cette cérémonie hollywoodienne en inversant la donne. En effet, trois films sélectionnés, au casting afro-américain, mais avec moins de nominations que le Godzilla La La Land, sont parvenus à remporter les prix les plus prestigieux : meilleur second rôle féminin pour Viola Davis qui concourrait contre son amie et collègue Octavia Spencer, (Hidden Figures) il y a deux ans, pour Maids ; meilleur second rôle masculin attribué à Mahershala Ali pour Moonlight – ce film ayant reçu également la consécration suprême.

 

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Pluie de piques et de sucreries
Si la cérémonie ne manquait pas de paillettes et de glamour, comme toujours, l'or étant la couleur de ces dames cette année, elle était néanmoins politisée, mais avec élégance. C'est avec son humour habituel que l'animateur, sur le réseau de télévision ABC, a pu diriger ses pointes acerbes contre le président des États-Unis. Avec son intro facétieuse et intelligente, il a fait, en quelques mots, le tour du comportement présidentiel face aux médias, face à Meryl Streep qu'il avait taclée plusieurs fois et face aux 225 pays « qui nous détestent déjà », a-t-il dit. Plus tard, durant la soirée, son sketch sur les tweets était suivi par son interpellation du président : « Donald êtes-vous réveillé ? Meryl Streep, vous salue. » S'adressant à Isabelle Huppert (César et Golden Globe pour Elle, mais qui a raté pourtant le grand chelem), il lui demande comment a-t-elle fait pour passer la sécurité. Quant à son duel verbal avec Matt Damon, il aura confirmé, encore une fois, à quel point Kimmel sait lancer de délicieuses piques neutralisées par des douceurs.

Politisée également, cette cérémonie, avec l'intervention de Gael Garcia Bernal. « Je suis mexicain, latino-américain, je suis un travailleur immigré, je suis un être humain. Et je suis contre n'importe quel mur qui vise à nous diviser », a-t-il dit. Une Iranienne naturalisée américaine était chargée de porter un message de la part de l'Iranien Ashgar Farhadi, oscarisé pour Le client. « C'est un honneur de recevoir cet Oscar pour une deuxième fois », a expliqué le cinéaste qui a vu son très beau film projeté publiquement la veille, à Londres, sur Trafalgar Square. « Je suis désolé de ne pas être parmi vous. Cette absence n'est pas due à un irrespect pour vous, mais au respect que je porte aux six pays dont les ressortissants ont été interdits d'entrée aux États-Unis. Diviser le monde, créer la peur, créer une justification pour la guerre... Les cinéastes créent l'empathie entre nous et les autres. Une empathie dont nous avons gravement besoin aujourd'hui. »
En choisissant de décerner ses Oscars à Moonlight ou Le client, Hollywood a démontré qu'il ne vivait pas dans un lalaland, mais qu'il avait emprunté le chemin de la réalité et de la diversité.

Palmarès
Les vainqueurs dans les principales catégories des Oscars qui ont été décernés dimanche soir à Hollywood :
Meilleur film : Moonlight
Meilleur réalisateur : Damien Chazelle, La La Land
Meilleur acteur : Casey Affleck, Manchester by the Sea
Meilleure actrice : Emma Stone, La La Land
Meilleur acteur dans un second rôle : Mahershala Ali, Moonlight
Meilleure actrice dans un second rôle : Viola Davis, Fences
Meilleur film étranger : Le client (Iran, coproduction française)
Meilleur film d'animation : Zootopie.

 

 

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