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À La Une - Turquie

La vie d'Erdogan au cinéma avant un référendum clé

"Ce n'est pas de la propagande", se défend le réalisateur. 

 

Un film biographique longtemps attendu sur le président Recep Tayyip Erdogan doit sortir en salles en Turquie. Photo d'archives AFP.

Un film biographique longtemps attendu sur le président Recep Tayyip Erdogan doit sortir en salles en Turquie, quelques semaines avant un référendum sur une réforme constitutionnelle visant à élargir les pouvoirs du chef de l'Etat.

Intitulé "Reis" ("Le Chef"), le film, première oeuvre de fiction sur la vie de M. Erdogan, retrace son parcours, de son enfance dans le quartier populaire de Kasimpasa sur les rives de la Corne d'Or, à Istanbul, à son mandat de maire de la métropole de 1994 à 1998.

La sortie du film est prévue le 3 mars, soit six semaines avant un référendum, le 16 avril, sur une réforme constitutionnelle controversée qui vise à présidentaliser le régime turc, ce qui renforcerait considérablement les pouvoirs de M. Erdogan.

Le président turc et son épouse, Emine Erdogan, seront interprétés à l'écran par les acteurs Reha Beyoglu et Özlem Balci, tandis qu'Erdogan enfant sera joué par Batuhan Isik Gürel. Les scénaristes ont tenté de reproduire à l'écran le ton enflammé du président Erdogan, réputé pour ses qualités de tribun. "Une personne ne meurt qu'une fois, si nous devons mourir, alors mourons comme des hommes!", lance ainsi le personnage principal dans une scène de la bande-annonce.

Dans une interview à la chaîne Kanal D cette semaine, Reha Beyoglu a dit être "fier" que le président ait affirmé se reconnaître en lui. Pourquoi avoir choisi ce titre? "+Reis+, c'est son surnom", explique à l'AFP le réalisateur, Hudaverdi Yavuz. "Ses amis d'enfance, ses proches l'appelaient ainsi. Et lorsqu'il est devenu maire d'Istanbul, automatiquement on l'a appelé comme ça". Selon les médias turcs, le film sera également diffusé en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne.

 

(Lire aussi : En Turquie, les anti-Erdogan diabolisés avant un référendum-clé)

  

Propagande?
M. Erdogan, homme politique turc le plus charismatique depuis Mustafa Kemal, le fondateur de la République en 1923, est devenu en 2014 le premier président turc élu au suffrage universel direct. La sortie du film juste avant le référendum, alors qu'elle était initialement prévue en mars 2016, a suscité de nombreuses interrogations.

"Ce film est entièrement à nous. Ce n'est pas de la propagande", se défend toutefois le réalisateur, affirmant qu'il n'y a eu aucune intervention extérieure. "Mon film peut avoir une utilité politique pour certains ou être une contrainte pour d'autres, cela ne m'intéresse pas", ajoute-t-il. M. Yavuz, qui a précédemment travaillé pour la chaîne de télévision publique TRT, affirme ne pas avoir eu besoin de l'autorisation du président pour ce projet.

L'un des moments-clé du film est le récit de l'emprisonnement de M. Erdogan, incarcéré pendant quatre mois en 1999 pour avoir récité en public un poème religieux considéré comme une "incitation à la haine" par les juges alors qu'il était maire d'Istanbul.

Pour les partisans du parti AKP au pouvoir, cet épisode reste l'un des symboles du traitement injuste réservé aux Turcs pieux par l'élite laïque.

 

(Pour mémoire : Référendum en avril sur le renforcement des pouvoirs d'Erdogan)

  

Appels à la prière
Dans la bande-annonce publiée en ligne, un jeune garçon (qui n'est pas Erdogan) regarde son grand-père se faire battre pour avoir lancé un appel à la prière en arabe, ce qui était interdit de 1932 à 1950. Comme un symbole de la puissance de l'islam face aux militaires laïcs, le jeune garçon récite la prière en arabe après avoir assisté à ces violences.

Dans une autre scène entendant illustrer l'oppression des religieux par les militaires, le jeune garçon devenu adulte est empoigné par des soldats tandis qu'il récite sa prière chez lui, à cause de son opposition à l'exécution du Premier ministre Adnan Menderes. M. Menderes, qui a levé l'interdiction qui pesait contre les appels à la prière en arabe, a été exécuté après le coup d'Etat militaire de 1960.

La scène, qui se déroule en septembre 1961, se termine sur le jeune Erdogan, âgé de 7 ans à l'époque, observant l'arrestation avec défi tandis que le narrateur affirme qu'un "héros valeureux" va grandir pour se battre contre de telles persécutions.

 

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