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Nos Lecteurs ont la Parole - Jean KYRILLOS

Citoyen perplexe demande éclaircissements

On sait que, lors de sa récente visite officielle en Égypte, Michel Aoun, président de la République libanaise, a déclaré à une chaîne de télévision égyptienne que les armes du Hezbollah sont nécessaires pour la protection de nos frontières face à l'ennemi israélien. On aurait pu en déduire que le président doute de l'efficacité de l'armée libanaise à assurer cette protection. Mais M. Aoun n'a laissé à personne le loisir de la déduction. Il a déclaré expressément l'armée libanaise inapte à le faire, ce qui n'est guère agréable à entendre de la bouche d'un chef d'État, de surcroît ancien commandant en chef de l'armée. Ce n'est pas si bon non plus pour le moral de nos soldats.
S'il est permis de penser que cette grave déclaration ne contrevient pas aux règles constitutionnelles puisque l'armée n'est pas clairement dessaisie de son rôle de gardienne nationale des frontières du pays et que l'arsenal de la milice est supposé lui être complémentaire, comment ne pas y voir un déni total des résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité appelant à la dissolution et au désarmement de toutes les milices libanaises et non libanaises ? Comment ne pas voir également à quel point cette déclaration contredit les rapports successifs de Ban Ki-moon au Conseil de sécurité, insistant sur les dangers pour le Liban du maintien illégal de l'arsenal du parti chiite jugé de nature à porter atteinte « à l'exercice par l'État de sa pleine souveraineté et de sa pleine autorité sur son territoire » ?
La déclaration intempestive du chef de l'État a, bien entendu, ému la représentante officielle du secrétaire général de l'ONU, Sigrid Kaag, qui n'a pas manqué d'exprimer son étonnement. Sa réaction a eu pour effet de provoquer l'ire de Wi'am Wahhab qui a aussitôt demandé au ministre des Affaires étrangères de convoquer cette dame pour lui apprendre les bonnes manières : « De quoi donc se mêle-t-elle ? » semblait dire cet excellent Libanais. Mais tout simplement de faire son métier, cher monsieur ! Cependant, le plus anecdotique dans ce bref épisode est que notre ministre, gendre du général-président, l'a vraiment fait et l'ambassadrice de l'ONU a bien été réprimandée pour avoir... accompli son devoir. Elle n'aura plus jamais l'honneur d'être reçue ni par le ministre ni pas son beau-père, châtiment qui aura pour probable effet d'abréger la mission de la diplomate a Beyrouth.
La représentante permanente du secrétaire général de l'ONU n'a pas été la seule à exprimer son désaccord avec M. Aoun sur la légitimité des armes du Hezbollah et la nécessité de leur maintien. Le chef du gouvernement, Saad Hariri, l'a affirmé haut et fort lors de la commémoration du douzième anniversaire de l'assassinat de son père, en présence d'une foule évaluée à plus de 10 000 personnes.
Mais le plus important est ailleurs. Si le chef de l'État dit blanc et le chef du gouvernement dit noir, quelle est au juste la position officielle du Liban à ce sujet essentiel ? Ce sont les deux pôles du pouvoir exécutif, mais aucun d'eux ne peut prétendre le représenter tout seul. Ni même en duo au cas où ils seraient tous deux d'accord mais seuls à l'être. Tout le monde sait que c'est le gouvernement dans son ensemble qui représente le pouvoir exécutif en vertu de la Constitution issue de Taef.
Tout le monde sait aussi que le cabinet Hariri s'attelle actuellement à élaborer une loi électorale rendue urgente par les infinies tergiversations de nos parlementaires et de nos gouvernants, et qu'il se trouve obligé en outre de se pencher sur l'étude non moins indispensable et pressante du budget. Il faudra bien cependant que le gouvernement en arrive au plus tôt à examiner ce problème primordial des armes du Hezbollah qui vicient toute l'atmosphère. Faut-il vraiment maintenir ce mini-État au cœur de l'État et le légitimer, au moins tant que perdure l'occupation israélienne sur une partie du territoire libanais, ainsi que semble le souhaiter le président Aoun ? Faut-il au contraire persister à le juger illégal et néfaste, et à rêver d'en finir comme le fait le chef du gouvernement Saad Hariri ?
Mon vœu personnel en tant que citoyen est que le pouvoir exécutif ait enfin le courage d'affronter cette question cruciale que la soudaine déclaration de M. Aoun en Égypte a fait remonter à la surface du panier. Quelle est donc à ce sujet la position officielle de l'État ? De grâce, tirez-moi de ma perplexité.

Jean KYRILLOS
Avocat

On sait que, lors de sa récente visite officielle en Égypte, Michel Aoun, président de la République libanaise, a déclaré à une chaîne de télévision égyptienne que les armes du Hezbollah sont nécessaires pour la protection de nos frontières face à l'ennemi israélien. On aurait pu en déduire que le président doute de l'efficacité de l'armée libanaise à assurer cette...

commentaires (4)

L'accord de Mar-Mikhaél à Chiyah le 6 février 2006 est l'équivalent de l'accord de Munich le 30 septembre 1938, à la rencontre de Montoire le 22 octobre 1940 et Canossa le 28 janvier 1077. Rien à ajouter ou à commenter.

Un Libanais

14 h 07, le 25 février 2017

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Commentaires (4)

  • L'accord de Mar-Mikhaél à Chiyah le 6 février 2006 est l'équivalent de l'accord de Munich le 30 septembre 1938, à la rencontre de Montoire le 22 octobre 1940 et Canossa le 28 janvier 1077. Rien à ajouter ou à commenter.

    Un Libanais

    14 h 07, le 25 février 2017

  • "Quelle est donc à ce sujet la position officielle de l'État libanais ? De grâce, tirez-moi de ma perplexité." ! Bassîttâh ! Quel "État" pensez-vous évoquer ou "quémander" ? De quelque chose qui n'existe même pas !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 56, le 25 février 2017

  • "La déclaration intempestive du bigaradier boSSfééér-Amer a ému Mme. Sigrid Kaag de l'ONU, qui n'a pas manqué d'exprimer son étonnement. Sa réaction a eu pour effet de provoquer l'ire du Wéëééém du fond de sa Jéééhlïyéhhh, qui a aussitôt demandé à l'autre béSSîîîl de convoquer cette dame pour lui apprendre les bonnes manières "résistancielles?" fakkihîstes boSSféràRiennes! car : « De quoi donc se mêle-t-elle, cette bonne-femme-là ? » ! Cependant, le plus grave c'est que ce béSSîîîl donc, Beauf du Caporal boSSfééér-orange, l'a vraiment fait et l'ambassadrice de l'ONU a bien été réprimandée et n'aura même plus jamais (l'honneur?) d'être reçue ni par ce béSSîîîl ni pas son caporal Bon-Papa !". Läâmâhhh ! Est-on sûr d'être encore à Bâïyroût-Libannn, ou plutôt en Qôôôm Per(s)cée et en bääSSyrie à Damas-Châââm !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 47, le 25 février 2017

  • SUPERBE ! IL PARLE POUR LA MAJORITE ECRASANTE DES LIBANAIS... POUR CEUX QUI SE DEMANDENT COMMENT UNE MILICE ETRANGERE PAR APPARTENANCE ET RECEVANT SES ORDRES DE TEHERAN PEUT SECONDER... OU SI LE CONTRAIRE... L,ARMEE NATIONALE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 28, le 25 février 2017

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