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Bahreïn durcit encore son arsenal sécuritaire

Les autorités envisagent de faire juger par des tribunaux militaires des civils accusés de "terrorisme".

De nouveaux affrontements ont opposé mardi soir les forces de sécurité bahreïnies à des manifestants après la mort d'un jeune chiite, Abdallah al-Ajouz, qui tentait d'échapper à la police. REUTERS/Hamad I Mohammed

Les autorités de Bahreïn durcissent leur politique sécuritaire en envisageant de faire juger par des tribunaux militaires des civils accusés de "terrorisme", sur fond de troubles dans ce royaume à majorité chiite dirigé par une dynastie sunnite.

Alors que de nouveaux incidents se sont produits mardi dans un village chiite après la mort d'un jeune qui tentait d'échapper à la police, la chambre basse du Parlement a approuvé un amendement constitutionnel élargissant les compétences de la justice militaire.

Jusqu'ici les tribunaux militaires ne pouvaient juger que des membres de l'armée, de la police et d'autres unités des services de sécurité. Ils pourront désormais statuer dans des affaires impliquant des civils inculpés de "terrorisme" ou "ayant porté atteinte à l'intérêt public". Après le vote favorable à la chambre basse (40 membres élus), le projet doit maintenant être examiné par la chambre haute, appelée Choura ou Conseil consultatif, dont les 40 membres sont désignés par le roi.

Le petit royaume de Bahreïn, relié par un pont à son puissant voisin l'Arabie saoudite, est un allié stratégique des Etats-Unis. Il est le siège de la Ve Flotte américaine et les Britanniques sont en train d'y agrandir une base navale.
Dans la foulée du Printemps arabe, un mouvement de contestation animé par la majorité chiite avait été violemment réprimé en 2011 par les autorités qui avaient reçu l'aide notamment des Saoudiens.

Depuis, des organisations de défense des droits de l'Homme critiquent régulièrement Bahreïn pour sa politique de la poigne de fer contre toute forme d'opposition.
Le 6 février, la Cour de cassation a validé la dissolution et la saisie des biens du Wefaq, la principale force de l'opposition chiite, dont le chef, Ali Salmane, purge une peine de neuf ans de prison.
Le 20 juin 2016, le principal dignitaire religieux chiite de Bahreïn, cheikh Issa Qassem, a été déchu de sa nationalité pour "confessionnalisme". Il est encore poursuivi pour "collecte illégale de fonds" et "blanchiment".

Le dissident bahreïni le plus connu à l'étranger, Nabil Rajab, est actuellement jugé pour divers chefs d'inculpation, dont une série de tweets jugés hostiles à l'Arabie saoudite et à son intervention au Yémen.
La prochaine audience, dans le cadre de ce procès, a été fixée mercredi pour le 22 mars.
On lui reproche également d'avoir lancé des accusations "fausses et malveillantes" contre Bahreïn dans des interviews télévisées et des articles où il a critiqué le pouvoir.

 

(Lire aussi : De plus en plus réprimé, le peuple bahreïni veut continuer à lutter)

 

"Tolérance zéro"
Indépendamment d'une "tolérance zéro" vis-à-vis de ces opposants, les autorités ont régulièrement recours à la force pour disperser des manifestations qui éclatent sporadiquement dans les banlieues chiites de la capitale Manama. De nouveaux affrontements ont ainsi opposé les forces de sécurité à des manifestants après la mort d'un jeune chiite qui tentait d'échapper à la police, ont indiqué mercredi des témoins.
Des habitants du village chiite de Nuwaidrat, au sud de Manama, sont descendus dans les rues mardi soir pour protester après le décès d'Abdallah al-Ajouz, 22 ans, la veille lors d'un raid dont l'objectif était son arrestation. Ce jeune homme avait été condamné à la prison à vie pour des "actes de terrorisme", dont meurtre et fabrication d'explosifs.

Par ailleurs, la police a annoncé avoir arrêté 20 personnes, dont quatre femmes, au cours des deux dernières semaines dans différents villages chiites lors d'une opération visant à démanteler des "cellules terroristes".
Les suspects sont accusés d'avoir projeté des attentats, d'avoir aidé des fugitifs et d'avoir "reçu une formation militaire (...) en Iran et en Irak".
Les autorités accusent régulièrement des opposants de bénéficier de la complicité de l'Iran, ce que Téhéran dément.

 

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