Rechercher
Rechercher

À La Une - diplomatie

Les Etats-Unis tempèrent leur volonté de rapprochement avec Moscou

Moscou perd patience.

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson et son homologue russe Sergueï Lavrov lors d'une réunion en Allemagne, le 16 février 2016. REUTERS/Brendan Smialowski/POOL

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, scruté avec attention pour sa première apparition à l'étranger à Bonn, a tempéré jeudi les ardeurs de rapprochement avec la Russie, annonçant une coopération sous condition.

"Les Etats-Unis envisageront de coopérer avec la Russie lorsque nous pourrons trouver des domaines de coopération pratique qui serviront les intérêts du peuple américain", a mis au point le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, après une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov, la première depuis son entrée en fonction.

"Lorsque nous ne serons pas d'accord, les Etats-Unis défendront leurs intérêts et leurs valeurs, et ceux de leurs alliés", a ajouté le ministre en marge d'une réunion avec ses homologues du G20, forum des pays riches et émergents, à Bonn en Allemagne.

M. Tillerson effectue au G20, qui s'achève vendredi son premier déplacement à l'étranger. Ses déclarations étaient très attendues pour tenter d'y voir plus clair sur le cap diplomatique de l'administration Trump, en pleine cacophonie, et en particulier sur la volonté qui lui est prêtée de vouloir se rapprocher de Moscou.

D'autant que l'équipe de campagne de Donald Trump est soupçonnée d'avoir eu des contacts avec le renseignement russe l'an dernier. Ce que le président américain a vivement démenti jeudi, affirmant qu'il s'agissait "de fausses informations fabriquées pour compenser la défaite des démocrates" à la présidentielle.

 

 

(Lire aussi : Michael Flynn, pro-Russes et bref conseiller à la sécurité nationale)

 

Respect de l'accord de Minsk
Le chef de la diplomatie a davantage soufflé le froid que le chaud à Bonn.
M. Tillerson a ainsi demandé à Moscou de "respecter les accords de Minsk et de contribuer à la désescalade de la violence en Ukraine".

Le conflit dans l'est de l'Ukraine entre rebelles prorusses et troupes ukrainiennes a débuté en avril 2014 et fait près de 10.000 morts. Pour tenter d'y mettre fin, l'accord de paix de Minsk a été signé en 2015. Il a permis l'instauration de plusieurs cessez-le-feu, mais les regains de violence sont fréquents.

Cette semaine, le porte-parole du président Donald Trump avait été même plus loin en demandant à la Russie de rendre la Crimée annexée à l'Ukraine pour espérer une levée des sanctions américaines. Une exigence ne figurant pas dans l'accord de Minsk. Cette demande a été vécue comme une douche froide à Moscou.

 

(Pour mémoire : Trump et la Russie, ce que l'on sait après les allégations sur un dossier compromettant)

 

M. Lavrov de son côté s'est borné à dire jeudi à Bonn que les deux pays devaient pouvoir "aller de l'avant" quand leurs intérêts coïncident, indiquant ne pas avoir discuté avec M. Tillerson de la question des sanctions. Sujet pourtant prioritaire pour la Russie.

Sur ce point, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a dit avoir obtenu une assurance de M. Tillerson. "J'ai demandé aux Américains de répondre clairement sur la question des sanctions concernant l'Ukraine et j'ai eu une réponse qui pour l'instant est très claire : Les sanctions sont liées au non respect des accords de Minsk", a-t-il dit.

"Nous ne voulons pas entrer dans une nouvelle guerre froide, c'est un point sur lequel Londres et Washington sont totalement d'accord", a dit son homologue britannique Boris Johnson. "Mais nous ne voulons pas pour autant que l'attitude russe reste ce qu'elle est. Rex Tillerson s'est montré très clair sur ce point", a-t-il indiqué à la BBC.

 

 

(Pour mémoire : Le Kremlin et les élections américaines)

 

Moscou perd patience
A Bruxelles, le secrétaire américain à la Défense James Mattis, tout en assurant que son pays chercherait des terrains d'"entente" avec la Russie, a prévenu qu'il n'envisageait pas "maintenant" de collaborer avec elle au plan militaire. Il l'a appelée à "se conformer au droit international".

Côté russe, où l'on espère un réchauffement après des années de relations glaciales avec l'ancienne administration Obama, l'irritation grandit. La Russie et les Etats-Unis "perdent du temps" au lieu de normaliser leurs relations, a ainsi déploré jeudi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a aussi haussé le ton en prévenant que toute tentative américaine de dialogue avec la Russie "fondé sur un rapport de force" mènerait à l'échec.

Dans un autre domaine, le chef de la diplomatie américaine a réaffirmé au G20 la "détermination" de son pays à défendre la Corée du Sud et le Japon, y compris avec le recours à la dissuasion nucléaire, à la suite du tir de missile nord-coréen dimanche.

 

Pour mémoire

Furieux, Donald Trump dénonce les "fausses informations" le liant à Moscou

Représailles informatiques ou non? Le dilemme américain face à Moscou

La guerre hybride de la Russie contre l’Occident

Comment Trump joue (déjà) à l’apprenti-président

Trump loue "l'intelligence" de Poutine face aux sanctions d'Obama

Décision surprise de Poutine de ne pas expulser de diplomates américains

Trump ne croit pas que Moscou ait cherché à le faire élire

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, scruté avec attention pour sa première apparition à l'étranger à Bonn, a tempéré jeudi les ardeurs de rapprochement avec la Russie, annonçant une coopération sous condition.
"Les Etats-Unis envisageront de coopérer avec la Russie lorsque nous pourrons trouver des domaines de coopération pratique qui serviront les intérêts du peuple...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut