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Liban - Décret US anti-immigration

Les rendez-vous de ressortissants syriens annulés à l’ambassade américaine au Liban

Bénéficiant d'une bourse universitaire aux États-Unis, Zeina Chahla ne pourra pas partir en voyage.

Zeina Chahla, ingénieure informatique, originaire de Damas.

Zeina Chahla, 35 ans, a quitté le Liban samedi pour rentrer à Damas. Elle était venue passer quelques jours à Beyrouth, histoire de voir ses amis établis dans le pays depuis le début de la guerre en Syrie et d'aller à son entretien pour l'octroi d'un visa à l'ambassade des États-Unis. Mais au lendemain du décret anti-immigration adopté par le président américain Donald Trump, Zeina Chahla, une Syrienne chrétienne, a reçu un message sur son téléphone portable l'informant de l'annulation de son rendez-vous.

Tout au long de la semaine dernière, les rendez-vous des ressortissants des sept pays touchés par le décret anti-immigration, notamment des ressortissants syriens, ont été annulés. Les annulations de rendez-vous devraient se poursuivre cette semaine malgré le gel du décret Trump par la justice américaine.
Zeina Chahla est ingénieure en informatique. Elle voulait se rendre pour une semaine à New York afin de prendre part à un séminaire à la Columbia University, l'une des meilleures universités du monde. Elle avait bénéficié d'une bourse de cette institution, couvrant son voyage et ses frais de séjour.

« C'est la deuxième fois que je reçois cette bourse, sans jamais pouvoir y aller », raconte-t-elle à L'Orient-Le Jour, assise à la terrasse d'un café à Achrafieh.
« L'année dernière, ma demande de visa a été refusée, précise-t-elle. L'Université de Columbia m'a octroyé la bourse une deuxième fois cette année, mais cette fois-ci je n'ai même pas eu l'occasion d'aller à l'ambassade US à Beyrouth. Quand mon rendez-vous a été annulé, j'ai consulté en ligne ma demande. Elle avait tout simplement disparu », dit-elle dans un anglais parfait.
« D'ailleurs, maintenant quand je consulte le site de l'ambassade et que je commence à remplir la demande, juste par curiosité, quand j'arrive à l'étape où un rendez-vous devrait être fixé, une phrase apparaît sur l'écran "you are not elligible for an appointment" (en français "Vous n'êtes pas éligible pour un rendez-vous") », ajoute-t-elle.

 

(Pour mémoire : Décret Trump : les ressortissants des sept pays pourront se rendre aux USA via l'aéroport de Beyrouth)

 

Zeina Chahla est en colère. « J'ai payé 160 dollars pour la demande, c'est actuellement l'équivalent d'un salaire mensuel en Syrie. Qu'ils (les Américains) me les remboursent. Je déteste tenir un discours sectaire, mais (le président américain) Donald Trump a dit qu'il y aura des exceptions pour les minorités. Eh bien, je suis syriaque-catholique et je n'ai même pas eu droit à aller à mon rendez-vous à l'ambassade », s'insurge-t-elle.
Elle rappelle également qu'aucun ressortissant syrien n'a été impliqué dans un attentat terroriste, que ce soit aux États-Unis ou en Europe.

En 2016, Zeina Chahla a voyagé deux fois en Europe. Elle a reçu deux visas Schengen, l'un d'un mois, pour un séjour de trois semaines en France, et l'autre de cinq jours, exactement le nombre de jours qu'elle a passés en Espagne pour Noël.
« Je ne veux pas partir à l'étranger. Je ne veux me réfugier ni en Europe ni aux États-Unis. Je voulais tout simplement, lors de mes voyages, voir mes amis et de la famille. Je suis damascène et c'est à Damas que je resterai », martèle-t-elle.
« Je ne veux plus partir aux États-Unis, même si on m'accorde un visa parce que je suis chrétienne et minoritaire. Je n'irai pas, parce que mes amis musulmans, syriens comme moi, ne peuvent plus s'y rendre », poursuit-elle.
« Tout le monde se plaint des réfugiés qui arrivent en Occident, eh bien que l'on arrête la guerre en Syrie et plus personne ne quittera le pays. Que les États-Unis et la Russie laissent les Syriens en paix et ils pourront reconstruire leur pays », ajoute-t-elle. Excédée, elle soupire : « J'en ai ras-le-bol de me sentir comme un être humain de deuxième classe. »

 

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