Retour prochain de l’ambassadeur et des touristes saoudiens au Liban

La visite du chef de l'État, Michel Aoun, en Arabie saoudite il y a près d'un mois a commencé à porter ses fruits.
Un constat que l'on peut faire après l'annonce, hier, lors de la visite à Beyrouth du ministre d'État saoudien pour les Affaires du Golfe, Thamer al-Sabhan, de la réhabilitation du poste d'ambassadeur saoudien à Beyrouth. Un nouvel ambassadeur sera nommé incessamment.

L'ancien ambassadeur, Ali Awad Assiri, avait été rappelé en août dernier par son gouvernement, suite aux tiraillements apparus entre les gouvernements libanais et saoudien sur fond de tension régionale, Riyad accusant Beyrouth de favoriser les intérêts de son rival iranien, sous l'influence du Hezbollah. En même temps, l'Arabie saoudite avait appelé ses ressortissants à ne plus se rendre au Liban, ou à quitter le pays. Le Koweït, les Émirats arabes unis, le Qatar et Bahreïn avaient fait de même. Un blocus que l'Arabie saoudite vient également de lever, déclarant, de la bouche de son ministre dépêché à Baabda et au Sérail, que « les vols entre les deux pays seront augmentés ». Thamer al-Sabhan a également souligné que les Saoudiens renoueront avec leurs visites au Liban pour venir y passer les vacances.

Chose promise, chose due. Les engagements pris par le roi Salmane d'Arabie devant le président Aoun, lors de leur récente rencontre à Riyad, commenceraient ainsi à se concrétiser progressivement, et ce, en dépit des doutes exprimés par ceux qui avaient estimé que les effets de la visite de Aoun en Arabie s'estomperaient dès le retour du chef de l'État à Beyrouth.
« C'est tout le contraire », affirme à L'OLJ le ministre de l'Environnement, un proche de Baabda, Tarek el-Khatib, qui souligne que les deux premières décisions concrètes prises par Riyad s'inscrivent dans le cadre d'une longue série de mesures convenues lors de la rencontre Aoun-Salmane. M. Khatib, qui se trouvait avec la délégation accompagnant le président au sommet de Riyad, assure que le roi d'Arabie avait répété à trois reprises devant son interlocuteur que « cet été, les touristes saoudiens seront bien plus nombreux que les touristes libanais ».

(Pour mémoire : Samer el-Sabhan serait-il le prochain ambassadeur d'Arabie au Liban ?)

Feu vert...
Lors de son entretien à Baabda, M. Sabhan a également répercuté l'attachement du roi Salmane à voir les ministres des deux pays « suivre de près les points convenus entre les deux parties lors du sommet de Riyad », comme le souligne le communiqué publié par la présidence à l'issue de la rencontre entre le chef de l'État et le ministre saoudien.
Ce que le texte ne mentionne cependant pas explicitement, c'est le point considéré comme « crucial » pour le retour à la normalisation, à savoir la reprise de l'aide financière saoudienne à l'armée (trois milliards de dollars), promise puis gelée suite à la crise diplomatique entre les deux pays.
On savait déjà qu'en l'absence du ministre saoudien de la Défense, Mohammad ben Salmane, lors de la visite de la délégation libanaise à Riyad, le roi avait assuré au chef de l'État que ce dossier « sera examiné et suivi par les deux ministres concernés ». « Le feu vert a donc été donné par le roi il y a un mois déjà », assure Tarek el-Khatib.
C'est ce que confirme également à L'OLJ une source proche du ministère de la Défense, qui, qualifiant ce dossier de « délicat », assure que « l'accord conclu en Arabie saoudite comportait effectivement le principe que les négociations allaient se poursuivre au niveau bilatéral ».

« Ce dont nous sommes certains, c'est que les relations libano-saoudiennes sont en amélioration quasi quotidienne. L'un des aspects de cette amélioration est la relance de la question de l'aide à l'armée », ajoute la source.
Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chédid, le don promis à l'institution militaire sera relancé prochainement. Le ministre saoudien de la Défense doit incessamment demander un rendez-vous à son homologue libanais, Yaacoub Sarraf, pour une rencontre prévue en présence du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Au menu de cette rencontre : l'examen des besoins de la troupe et le mécanisme à mettre en place pour l'allocation de l'aide nécessaire.

La confiance retrouvée
Certes, rien n'est encore acquis sur ce plan, et les tractations pourraient encore traîner avant la concrétisation des mesures envisagées. Une chose est toutefois certaine : il s'agit bel et bien du début d'une phase marquée par le rétablissement de la confiance entre les deux parties, et « c'est ce qui compte le plus pour l'instant », commente le député Ammar Houry, membre du bloc du Futur, dont le chef, le Premier ministre Saad Hariri, s'est entretenu avec Thamer al-Sabhan. Ce dernier a rencontré également le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, ainsi que l'ancien Premier ministre, Tammam Salam.

Économiste et analyste politique, Georges Corm pense toutefois que le véritable retour à la normalisation se fera une fois l'aide à l'institution militaire concrétisée. D'après lui, l'armée libanaise doit être équipée, quelle que soit la partie qui se chargera de fournir les fonds. « Il n'y a pas d'idéologie liée à cette nécessité. Il est temps de changer la logique de la culture de dépendance dans les relations économiques et autres », dit-il. M. Corm se dit « confiant » dans le fait que le Liban continue de jouir de relations diversifiées qu'il cultive avec le monde entier, sans pour autant être contraint de s'aliéner l'une ou l'autre partie.

Pour mémoire

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