Le leader druze libanais Walid Joumblatt, réélu dimanche à la tête de son parti par acclamation, a une nouvelle fois défendu la loi électorale en vigueur qui prévoit un mode de scrutin majoritaire, alors que les tractations battent leur plein pour tenter d'aboutir à une nouvelle loi pour les élections législatives prévues en mai.
Lors de l'ouverture du 47e congrès annuel du Parti socialiste progressiste, M. Joumblatt s'est dit toutefois en faveur de modifications à la loi actuelle, dite de 1960, tout en appelant à respecter l'accord de Taëf.
"Nous appelons à la tenue des élections dans les délais prévus et selon la loi en vigueur, ou en apportant à celle-ci certaines modifications. Et si cela n'est pas possible, alors appliquons directement l'accord de Taëf", a martelé le leader druze, lors d'une allocution devant les membres du PSP.
La loi électorale en vigueur prévoit un mode de scrutin majoritaire. Elle est critiquée par la plupart de la classe politique, du moins en apparence, à l'exception des joumblattistes. Parmi les loi proposées, certains textes prévoient la proportionnelle, ou un mode de scrutin mixte.
"Ce qui a été évoqué dans les médias concernant des propositions de loi électorale n'est pas prévu dans l'accord de Taëf", a relevé M. Joumblatt.
(Pour mémoire : Joumblatt à « L’OLJ » : Ni le vide ni la proportionnelle)
L'accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre du Liban (1975-1990), prévoit notamment la création d'un Sénat, la décentralisation administrative élargie, ainsi que la stratégie de défense nationale. Il prévoit également la sauvegarde de la parité islamo-chrétienne.
"Taëf prévoit la création d'un Sénat, après l'abolition graduelle ou totale du système confessionnel, tout en maintenant certaines coutumes, notamment le fait que le chef de l'Etat soit chrétien. C'est lorsque le Parement cessera d'être confessionnel que nous pourrons appliquer la proportionnelle", a estimé le leader druze. Il a affirmé que "la proportionnelle ne figure nulle part dans l'accord de Taëf". M. Joumblatt s'est également dit contre le déplacement de certains sièges électoraux d'une circonscription à une autre, estimant que cela porte atteinte à la coexistence.
Face aux nombreux blocages marquant les discussions autour d'une nouvelle loi, de nombreux observateurs craignent le report des législatives, ou même le vide, une option envisagée par le chef de l'Etat, Michel Aoun. Toutefois, le ministre d'État chargé des Affaires présidentielles, Pierre Raffoul, proche de M. Aoun, s'est dit confiant samedi quant à l'adoption d'une nouvelle loi "d'ici deux semaines".
Walid Joumblatt a dans ce contexte espéré que le président Aoun "puisse comprendre nos points de vues", rappelant qu'il avait soutenu la candidature du chef de l'Etat à la magistrature suprême. "Le plus important est la tenue des législatives dans les délais impartis", a-t-il conclu.
Dans la journée, le ministre des Déplacés, Talal Arslane, un autre chef politique druze, a estimé sur son compte Twitter qu'"une loi électorale n'intégrant pas la proportionnelle serait incomplète et injuste".
De son côté, le ministre de l'Agriculture, Ghazi Zeaïter, l'un des représentants du mouvement Amal au sein du gouvernement, a déclaré que la loi de 1960 était devenue "un cadavre ne pouvant plus être ramené à la vie". Le mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement Nabih Berry, s'est prononcé à plusieurs reprises en faveur du scrutin proportionnel.
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commentaires (3)
JE VIENS D,Y RENTRER... LES GENS ONT PERDU LA BOUSSOLE AVEC TOUS LES PROJETS ET SURTOUT AVEC JOUMBLATT...
LA LIBRE EXPRESSION
22 h 19, le 05 février 2017