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Lifestyle - Radioscopie

De Mickey à John Saad

Le sourire franc et le regard d'un bleu tranquille, John Saad affiche une heureuse bonhomie. Son parcours est un cheminement mené progressivement, sans stratégie, au fil des rencontres et des projets. Une traversée jalonnée de petits et de grands bonheurs.

Photo DR

John Saad aime parler. Aux autres, à lui-même, à l'antenne ou face à une caméra. Quand il prend la parole, il faut, pour la lui reprendre, que son portable sonne, que sa messagerie résonne ou que le serveur du café où le rendez vous a lieu lui demande ce qu'il aimerait consommer. C'est alors que la première question s'impose : Comment tout cela a-t-il commencé ?

C'était les années 80, à l'époque où n'existait encore qu'une radio AM. Dans sa chambre d'adolescent au plafond parsemé de maquettes d'avions, John rêvait de conquérir le ciel. « Je voulais devenir pilote. » Les photos de Bruce Lee habillaient ses murs et un poste de radio émettait une émission en français. Il écoutait religieusement Radio Monte-Carlo, prenait un manche à balai en guise de micro, usait de dextérité pour appuyer sur les boutons « record » et « play », et enregistrait sa voix du haut de ses 15 ans. Il animait pour une commode, un lit ou un bureau des émissions fictives avec la certitude d'avoir conquis le ciel... celui de sa chambre. Au bout de la rue de son quartier, une station radio avait élu domicile, Radio Pax. John prend son ambition à deux mains et dépose une cassette débordante d'illusions chez le concierge, comme on dépose son premier manuscrit chez un éditeur, sans grande conviction. Il ignorait encore que les millions d'étoiles qui balayaient la Voie lactée de son enfance allaient se transformer en un millier d'auditeurs fidèles.

Bingo ! Sa candidature est retenue. La famille Assi le contacte, enchantée par ce petit bonhomme qui sacrifie un temps précieux que les enfants de son âge accordent à la Première Guerre mondiale et à l'algèbre, pour faire sa rébellion. Deux ans durant, John s'échappe du domicile familial, pour courir animer une émission et nourrir sa passion, le tout à l'insu de ses parents. Pour ne pas se faire reconnaître, il se trouvera un pseudonyme, Mickey.

 

Quand Mickey sort de sa bulle
Mickey grandit et, en 1983, une voix se profile à l'antenne ; il est sorti de la résistance vainqueur et se présente sous son nom : John Saad.

En 1984, il intègre les locaux de Radio Mont-Liban. Il y passera 20 ans. Mais John Saad n'est pas uniquement une voix et la radio est d'abord un hobby. Fort de ses deux licences en BA et BS à l'AUB, il rejoint le groupe Choueiri pour un poste d'account executive et acquiert suffisamment d'expérience pour créer sa propre agence, Pic Advertising. Rien ne l'arrêtera plus. De DDB qui deviendra DDB Event, de Promo Seven à Pavillon Communication, de la Nuit des publivores aux marches de Cannes, de l'émission Voyage à Dubai Eye au lancement de Virgin Radio Dubai et Virgin Radio Jordan, il est sur tous les fronts (médiatiques). En ayant côtoyé de nombreuses stars de cinéma, il avoue avoir pris beaucoup de plaisir face à Kim Basinger pour sa spontanéité et sa désinvolture. « Elle m'accorde une interview entre deux biberons pour son nouveau-né, j'étais séduit », se souvient-il, et face à Russel Crowe pour son franc-parler.

Quant à sa grande déception, elle fut face à Mel Gibson: « Il m'a fait patienter 40 minutes, pour finir de dévorer ses sushis et me recevoir les doigts teintés de sauce de soja. » Quand l'aventure hors frontières se termine, il rentre au Liban pour créer le Official Lebanese top 20 et reprendre le micro. Il fera une version écrite du top 20 dans les colonnes de L'Orient-Le Jour, de février 2012 à novembre 2014.

 

Une génération à trois langues
Aujourd'hui, il officie sur Radio-Liban (96.2) avec One Lebanon, une émission où il reçoit des figures locales pour débattre de l'actualité du pays. Passionné de politique, il n'aborde jamais ce sujet à l'antenne, mais préfère discuter de culture, de musique et d'économie, en mélangeant les 3 langues et en pratiquant la bienveillance avec ses invités, car, dit-il, « les recevoir, c'est les honorer. »

Pour cette figure emblématique de la radio libanaise, « le talent de présentateur ne s'apprend pas, on naît avec ». Avec le déclin de la francophonie, John Saad anime son émission en franlibanais, se plie volontiers à la demande du public et de la génération Hi Kifak, ça va. Son grand regret reste le métier de DJ, une trajectoire freinée par ses parents mais qui ne l'auront pas empêché, lui qui voulait devenir pilote, de voler de ses propres ailes et trouver sa voix.

 

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John Saad aime parler. Aux autres, à lui-même, à l'antenne ou face à une caméra. Quand il prend la parole, il faut, pour la lui reprendre, que son portable sonne, que sa messagerie résonne ou que le serveur du café où le rendez vous a lieu lui demande ce qu'il aimerait consommer. C'est alors que la première question s'impose : Comment tout cela a-t-il commencé ?
C'était les années...

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