Le revenu universel, proposition phare du finaliste français à la primaire socialiste Benoît Hamon, « peut être économiquement crédible et socialement audacieux », estiment dans une tribune publiée dans Le Monde dix économistes, dont Thomas Piketty.
« Économiquement et socialement, le revenu universel d'existence peut être pertinent et innovant », écrivent les signataires de cette tribune, parmi lesquels figurent, outre Thomas Piketty, Emmanuel Saez (Université de Californie à Berkeley), Antoine Bozio (École d'économie de Paris) ou encore la sociologue Dominique Méda. Soulignant que le candidat à la primaire fait face avec cette proposition « à un procès en incompétence gouvernementale », les auteurs de la tribune estiment que le revenu universel d'existence, « correctement conçu et précisé », peut « constituer un élément structurant de la refondation de notre modèle social. » « Benoît Hamon n'a jamais dit qu'il allait verser 600 euros (645 dollars) par mois à 50 millions d'adultes », soulignent-ils. « Au contraire : il a explicitement évoqué le fait que le nouveau système pourrait être sous conditions de ressources et concernerait uniquement les salaires inférieurs à 2 000 euros (2 150 dollars), avec des montants qui ne seraient évidemment pas les mêmes pour tous. »
« Redonner de l'autonomie »
De fait, le chiffrage souvent avancé de 300 à 400 milliards d'euros (323 à 430 milliards de dollars) pour cette mesure est « fantaisiste », selon eux. Pour les universitaires, « son instauration dès le début du prochain quinquennat pour les 18-25 ans est susceptible de redonner de l'autonomie à notre jeunesse et de constituer une réponse à ce que sont aujourd'hui les conditions d'obtention d'une qualification supérieure et d'entrée dans la vie professionnelle. »
Pour les travailleurs à bas salaires, ils jugent qu'il serait plus pertinent de ne pas verser de prime d'activité, perçue seulement plusieurs mois plus tard et uniquement s'ils en font la demande. À l'inverse, il vaudrait mieux selon eux augmenter d'autant le salaire net des travailleurs afin de revaloriser les bas salaires. « Pour toutes les personnes disposant d'un emploi stable, le complément de revenu doit être versé de la façon la plus automatique et universelle qui soit, c'est-à-dire directement sur le bulletin de salaire », ajoutent les économistes.
Contrairement à ce qu'affirment les auteurs de cette tribune, le candidat propose bien pourtant l'instauration d'un revenu universel pour tous, d'un montant de 750 euros (806 dollars) « à terme ». Il imagine trois étapes pour sa mise en œuvre. « Pour la première étape, dès 2018, le RSA sera augmenté de 10 % à hauteur de 600 euros et versé automatiquement à tous les ayants droit », peut-on lire sur son site Internet. Le 13 janvier, M. Hamon avait évoqué pour la deuxième étape une « généralisation partielle du revenu universel sous condition de ressources », « d'ici à la fin du quinquennat » ; et pour la troisième, « sur un second quinquennat », une généralisation hors conditions de ressources.
(Source : AFP)