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Liban - Humanitaire

L’Unicef se mobilise pour les 187 000 petits réfugiés syriens privés d’école

L'agence onusienne lance un appel au financement pour scolariser les enfants réfugiés en 2017. Simultanément, elle publie un documentaire interactif relatant la lutte des enfants syriens pour l'accès à l'éducation.

Sept réfugiés syriens scolarisés dans un camp de l’Unicef dans la Békaa.

Ils rêvent d'aller à l'école, mais ne le peuvent pas. C'est cette triste réalité qui est présentée dans le dernier documentaire de l'Unicef intitulé www.imagineaschool.com (imagine une école). Dans celui-ci, l'organisation humanitaire présente à travers les témoignages de 19 enfants syriens un compte-rendu des défis auxquels sont confrontés les réfugiés dans leur lutte pour accéder à l'éducation. Produit par l'Unicef et par Vignette Interactive, le documentaire est accompagné de photos de petits réfugiés prises par Alessio Romenzi, lauréat du World Press Photo.

Près de la moitié des petits syriens d'âge scolaire réfugiés au Liban, soit 187 000 enfants, n'iront pas à l'école cette année. Au lieu d'obtenir une éducation, des milliers d'entre eux, certains dès l'âge de six ans, travaillent dans l'agriculture, les usines, la construction et dans les rues. Jomaa, 14 ans, est de ceux-là. Après avoir fui la Syrie avec ses 7 frères et sœurs, il travaille douze heures par jour pour subvenir aux besoins de sa famille. « Actuellement, je travaille. Mon patron me verse un salaire de deux dollars par jour, pour travailler de huit heures du matin à huit heures du soir », lâche-t-il devant la caméra. « Avant, je faisais mes devoirs, l'après-midi, avec mes frères et sœurs. Puis la guerre a commencé, aujourd'hui, j'ai oublié comment lire et écrire », ajoute-t-il. Mohammad est tout aussi défavorisé. Ses mains boursouflées et desséchées par la poussière du ciment révèlent toute son histoire. Mohammad craint de ne jamais retourner à l'école. « On est censé commencer l'école à six ans, non pas à quinze », dit-il. Pour Dyana, 13 ans, la situation est encore pire, elle n'est jamais allée à l'école, elle aide sa famille au quotidien. « J'imagine qu'une école est très belle. Avec des dessins de filles et de garçons sur les murs. »

(Lire aussi : L'aide alimentaire aux réfugiés, une manne pour les commerçants libanais)

240 millions de dollars à assurer

Le travail n'est pas le seul obstacle sur le chemin de l'école. C'est parfois le mariage forcé qui empêche certaines filles de poursuivre leur scolarité. « Des gens marient leurs filles pour s'en débarrasser, avoir une bouche de moins à nourrir ou pour les protéger » déclare Hanadi, 13 ans, qui elle a la chance d'aller à l'école. « C'est tellement triste. » Cela est d'autant plus regrettable que tous ces enfants ont une histoire unique et des rêves propres. Sheima, 13 ans, veut devenir journaliste. Mariam rêve de son côté de devenir ministre de la Santé. « Quand je serai ministre de la Santé, j'irai partout pour protéger la santé et le bien-être de tout le monde », dit-elle, souriante. Consciente de l'importance d'aller à l'école, elle voit l'éducation comme « une arme ». Malheureusement, les obstacles sont nombreux entre ces enfants et leurs rêves d'éducation ou de carrière. Tanya Chapuisat, représentante de l'Unicef au Liban, résume la situation. « La pauvreté, l'exclusion sociale, l'insécurité et les barrières linguistiques empêchent les enfants syriens d'obtenir une éducation, laissant une génération entière désavantagée, appauvrie et risquant d'être forcée au mariage précoce et au travail. »

La diffusion du documentaire est également l'occasion pour l'Unicef de lancer un appel au financement pour son action de scolarisation des réfugiés syriens au Liban, en 2017. Jusque-là, le gouvernement libanais et l'agence onusienne ont permis à 150 000 enfants syriens de retourner sur les bancs de l'école, soit presque la moitié des enfants en âge d'être scolarisés. Mais l'Unicef a besoin de 240 millions de dollars pour atteindre Jomaa, Dyana et les 187 000 autres enfants syriens non scolarisés. « Il nous incombe maintenant d'atteindre l'autre moitié pour que tous les enfants aient accès à l'éducation. La place d'un enfant est à l'école, dans une classe. Les écoles permettent aux enfants de donner un sens à leur vie, une structure, une routine, un sentiment de sûreté et de normalité », soutient Mme Chapuisat, estimant que « seule l'éducation peut, à long terme, mettre un terme aux cycles intergénérationnels de pauvreté et de discrimination. Seule l'éducation peut prévenir l'extrémisme et le désespoir ». Avant de conclure : « L'éducation revêt une importance encore plus cruciale durant les conflits. Pour un enfant dont la courte vie a été marquée par la violence, la peur, la perte et le déplacement, l'éducation représente le dernier recours pour mener une vie digne d'être vécue. »


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