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Liban - Médias

Nouvelle vague de licenciements à « an-Nahar »

La presse libanaise arabophone se porte bien mal du fait, notamment, du tarissement des sources de financement étrangères. Salaires impayés, licenciements, fermeture... Des réalités amères auxquelles sont confrontés depuis de longs mois les gens du métier.

« An-Nahar », ou la chute d’un empire.

La crise de la presse est bien mondiale. Cela, nul ne l'ignore. Partout, la presse est touchée par la crise économique générale, l'impact de l'instabilité politique et l'accroissement de la concurrence. Au Liban, la crise est accentuée aussi, et surtout, par la mauvaise gestion de certaines entreprises de presse et par le tarissement des sources de financement arabes, du fait notamment de la chute du prix du pétrole et des retombées de la guerre au Yémen.

En octobre dernier, le quotidien al-Moustaqbal – qui a arrêté de payer les salaires de ses employés il y a seize mois – a licencié, sans indemniser, des dizaines de journalistes. Le quotidien as-Safir, qui avait vu le jour avec le début de la guerre du Liban, a annoncé qu'il publiera sa dernière édition le 31 décembre 2016. Ses employés ont perçu leurs salaires ainsi que des indemnités de licenciement arbitraire.

Depuis mardi dernier, la direction du quotidien an-Nahar a commencé à licencier des employés et des journalistes sans leur verser des indemnités et en leur proposant uniquement d'encaisser quinze mois de salaires impayés depuis un an et demi. En l'espace de 48 heures, plus de 35 employés ont été informés par le directeur financier du quotidien qu'ils ont été congédiés de leur travail.

« C'est très simple. Le directeur financier nous convoque. Il nous annonce que le journal fait face à des difficultés financières, nous propose d'encaisser les quinze mois de salaires impayés sans nous verser des indemnités. Et nous dit qu'il est inutile de venir à partir du début de l'année », raconte May Abi Akl, journaliste à an-Nahar, qui a appris hier qu'elle a perdu son emploi.
« Cela fait vingt-cinq ans que je travaille dans ce quotidien. J'y ai travaillé gratuitement durant ces quinze derniers mois, et c'est comme ça qu'ils remercient ma fidélité. Je n'accepte pas d'être traitée de la sorte. Je veux être informée de mon licenciement par écrit. Je veux des indemnités pour licenciement abusif ainsi que les quinze mois de salaires non payés, martèle-t-elle. Je veux que la direction prenne la peine de nous parler, de nous exposer son plan pour ce journal. Je veux être traitée avec respect », poursuit-elle.

 

(Pour mémoire : Le ministère du Travail entame ses négociations avec « al-Moustaqbal » pour l'indemnisation des journalistes congédiés)

 

« La chute d'un empire »
« Personne de nous n'acceptera de partir comme ça. Le journal fait face à une crise financière ? Soit ! La faillite n'a pas été déclarée. Je veux des indemnités et je porterai plainte. Si une solution n'est pas trouvée, avec mes collègues nous les traînerons en justice, même si cela prendra des années », souligne une autre journaliste licenciée qui a requis l'anonymat.

« Le pire, s'exclame un journaliste d'an-Nahar, c'est d'assister à la naissance d'un empire puis à son âge d'or et ses années de gloire, pour être témoin ensuite de sa terrible chute. » « La direction ne nous a pas fait part de ses plans. Est-ce qu'elle compte sortir le journal avec une dizaine de journalistes ? Est-ce qu'elle veut se contenter du service internet? Tout le monde sait qu'au Liban, c'est toujours la version papier et non le web qui attire la publicité, qui rapporte donc de l'argent. De plus, notre site web n'est pas payant », renchérit-il. « Beaucoup d'entre nous ont un même sentiment. Nous avons été recrutés par un autre patron, un Ghassan ou un Gebran Tuéni. Ils nous respectaient, appréciaient notre travail. Maintenant, nous avons l'impression de travailler pour une tout autre entreprise », poursuit-il avec amertume. Certains s'attendent à ce que la vague de licenciements qui a commencé mardi à an-Nahar touche une cinquantaine de personnes d'ici à demain, vendredi.
Face à cette situation, L'Orient-Le Jour a tenté de rentrer en contact avec la direction d'an-Nahar. En vain.

De son côté, le ministre de l'Information, Melhem Riachi, a souligné, dans une déclaration, qu'il « n'acceptera pas que les journalistes soient victimes d'injustice » et qu'il œuvrera pour « trouver une solution aux journalistes licenciés d'an-Nahar ».

Joint au téléphone par L'Orient-Le Jour, le président de l'ordre des journalistes, Élias Aoun, a, de son côté, qualifié « d'inadmissible la situation à an-Nahar ». « Dans ce genre de licenciement, il y a une procédure à suivre que la direction du quotidien n'est pas en train de respecter. Hélas, si Gebran ou Ghassan Tuéni étaient vivants, les choses ne seraient pas arrivées là où elles sont aujourd'hui », a affirmé Élias Aoun, faisant assumer à « l'État la responsabilité de trouver un emploi aux salariés de la presse écrite licenciés au cours de ces derniers mois ». Leur nombre dépasse les 300 personnes.

 

 

Pour mémoire

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La crise de la presse est bien mondiale. Cela, nul ne l'ignore. Partout, la presse est touchée par la crise économique générale, l'impact de l'instabilité politique et l'accroissement de la concurrence. Au Liban, la crise est accentuée aussi, et surtout, par la mauvaise gestion de certaines entreprises de presse et par le tarissement des sources de financement arabes, du fait notamment de...

commentaires (3)

C'est ce qui arrive à tout journal qui désinforme.

FRIK-A-FRAK

20 h 17, le 29 décembre 2016

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Commentaires (3)

  • C'est ce qui arrive à tout journal qui désinforme.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 17, le 29 décembre 2016

  • En France, c'est l'Etat qui aide la presse écrite à se maintenir face à la crise que traverse la presse tant quotidienne qu'hebdomadaire. Où est l'Etat libanais devant ce problème extrêmement grave qui est la disparition des journaux nationaux qui garantissent la liberté d'expression dans cet Orient d'obscurantisme ? Mais reste-t-il de l'argent dans les caisses de l'Etat ?

    Un Libanais

    17 h 31, le 29 décembre 2016

  • C'est certainement tres difficile de vivre in licenciement mais ce que je ne comprend pas c'est les indemnites Je pensais que comme toute entreprise , les journaux enregistraient leurs employes a la securite sociale qui a le devoir en cas de licenciement de leur payer pendant x temps des indemnites de chomage puis une retraite ou in montant d'indemnites fixe suivant les cotisations payes a in certain age Le licenciement economique est admis meme en France ou les salaries sont particulierement proteges pourquoi la societe qui licencie doit elle payer des indemnites si elle a regulierement paye la securite sociale? je pense qu'elle leur doit surement le payement d'un preavis de licenciement Est ce que je me trompe ou au Liban la loi est differente des autres pays?

    LA VERITE

    09 h 02, le 29 décembre 2016

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