Pour un gouvernement dont la durée de vie ne devrait pas dépasser les six mois, c'est tout un programme ambitieux que le Premier ministre, Saad Hariri, a présenté hier au Parlement.
« Notre séance d'aujourd'hui résume notre passé, notre présent et notre avenir, nos réalisations et notre gloire, ainsi que nos obstacles et crises, car tous ces défis de réussite ou d'échec peuvent se résumer en un mot : la confiance. Plus le niveau de confiance dans les sociétés est élevé, plus nous y trouvons de la prospérité, de la stabilité et du succès, et lorsque la confiance commence à diminuer, l'échec est au rendez-vous », a déclaré d'emblée M. Hariri, en insistant sur le thème de la confiance. « Avant de commencer à lire la déclaration ministérielle de notre gouvernement, permettez-moi de dire que le regain de confiance commence par nous mettre d'accord sur notre réalité. Parce que nous n'avons pas assez de temps pour la détailler, je me contente de noter que le taux de pauvreté dans notre pays a dépassé les 30 %. Le chômage a atteint 25 % et 35 % parmi les jeunes, tandis que la croissance économique pour cette année sera inférieure à 2 pour cent. Dans le même temps, notre pays accueille un million et demi de nos frères syriens fuyant l'enfer du feu » qui ravage leur pays. « Nous avons choisi pour notre gouvernement le titre de » regain de confiance « car celle-ci est notre atout le plus précieux. Nous nous devons de redonner aux Libanais confiance dans leur pays et leurs institutions, redonner confiance en l'indépendance et la souveraineté, résoudre les problèmes via le dialogue, et seulement le dialogue, et ne pas recourir à la violence ».
« Le gouvernement s'est fixé une série de priorités pour les mois à venir, avec à leur tête l'adoption du budget 2017, la promulgation des textes de lois soumis au Parlement, ainsi que la présentation de projets qui assureront un environnement économique sain au Liban et consolideront les secteurs productifs. Le gouvernement s'engage en outre à accélérer les démarches devant permettre au pays de lancer la prospection pétrolière et gazière en Méditerranée et à développer les secteurs des télécoms et de la technologie », a encore dit le Premier ministre, qui a insisté ensuite sur la volonté de son équipe de s'attaquer aux crises dont souffrent les Libanais au quotidien : l'électricité, l'eau, le trafic, les déchets, la pollution des eaux du Litani. De manière plus générale, il a promis une attention particulière aux couches les plus démunies de la population, à travers la poursuite du programme national de lutte contre la pauvreté et s'est engagé à assurer une éducation qualitative à tous les enfants du Liban.
Corruption, loi électorale et politique étrangère
« Le gouvernement s'engage à mettre en place un plan national pour combattre la corruption et à prendre les mesures nécessaires dans les secteurs qui sont les plus exposés, a souligné M. Hariri. Le gouvernement aura comme priorité d'assurer un équipement aux services de sécurité afin que ces derniers puissent protéger la population et le pays des turbulences qui nous entourent. Le cabinet s'engage aussi à mettre en place une stratégie nationale pour combattre le terrorisme ainsi qu'une stratégie de défense autour de laquelle nous nous entendrons à travers le dialogue. »
« Mon équipe travaillera en coopération avec le Parlement pour que soit adoptée au plus vite une loi électorale qui assurera une représentation populaire authentique et respectera les règles de la parité afin que les législatives aient lieu à la date prévue », a assuré le Premier ministre, qui a promis d'introduire un quota féminin dans le texte de la nouvelle loi électorale. M. Hariri a également affirmé que son gouvernement s'engage à assurer le suivi de la décentralisation administrative.
Concernant la politique étrangère du Liban, Saad Hariri a jugé « essentiel de tenir le Liban à l'écart des conflits régionaux, en adoptant une politique extérieure basée sur le seul intérêt du Liban et en respectant le droit international ». « Pour ce qui est notamment du conflit avec Israël, nous n'épargnerons aucun effort ni aucune résistance afin de libérer ce qui reste de territoires libanais occupés et de protéger notre patrie d'un ennemi qui continue de convoiter nos terres, notre eau et nos richesses naturelles », a-t-il ajouté.
Au sujet enfin de la crise des réfugiés syriens, il a rappelé le rôle que la communauté internationale se doit d'assumer pour atténuer son impact sur le Liban, avant d'insister sur le fait que la seule solution possible à cette crise réside dans le retour des réfugiés chez eux.
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