Rechercher
Rechercher

Lifestyle - This is America

Lorsqu’un père Noël (noir) descend du ciel

Pas étonnant de voir aux USA le petit papa Noël atterrir dans un mall, sauf que celui-ci vient de bousculer les traditions.

Larry Jefferson : à lui la joie des têtes blondes. Photo DR

Il s'agit du père Noël qui, durant quatre jours, a officié dans le plus grand centre commercial des États-Unis, le Mall of America, situé dans le Minnesota. Comme il est de (tendre) coutume, il a vu venir à lui des centaines d'enfants qui se sont installés sur ses genoux pour une inoubliable photo-souvenir après lui avoir confié avec impatience leurs souhaits les plus chers. Il avait tout du bonhomme rouge rêvé : joufflu, ventru, barbe blanche comme neige, lunettes rondes à monture dorée posées sur le bout du nez, grand sourire, regard affable et tout à l'écoute de ses petits visiteurs. Mais s'il a autant fait sensation dans la presse et dans l'opinion publique, c'est parce qu'il était noir. Et, de mémoire de mall américain, on n'avait jamais vu cela.

Il faut dire qu'un papa Noël censé venir du grand Nord a, dans la tradition, la peau claire et les yeux bleus. Pour la première fois depuis l'ouverture du centre, en 1992, celui qui a enfilé le costume rouge du père Noël est black. Ce coup d'essai semble réussi, car ce désormais célèbre hôte afro-américain, installé sur un trône en velours rouge et or, a affiché complet durant les quatre jours où il était présent. Au total, 550 familles, incluant 1 200 enfants, se sont pressées pour le rencontrer. Un monde mixte, des Blancs, des Afro-Américains, des Hispaniques et des Asiatiques, alors que l'on s'attendait à un public majoritairement noir. Cette diversité a créé la surprise, comme le prouvent les réactions générales. Tous étaient venus d'abord par curiosité, pour découvrir ce « phénomène ». Puis, finalement, chacun y a trouvé son bonheur. « Merci, c'est ce dont notre pays a besoin », a dit un parent. Pour une mère de deux enfants, « qu'importe la couleur de la peau, le père Noël, c'est la joie ! » Un homme qui se présente comme juif a précisé : « Je ne célèbre pas Noël, mais je remercie ceux qui ont pris cette initiative. »

 

Protéger le mythe
Il est indéniable que l'impact de cet événement a été grand chez les Afro-Américains, puisqu'on a même pu voir de jeunes adultes de cette communauté se faire photographier avec ce père Noël auquel ils ont pu s'identifier. Ce qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de faire auparavant. Néanmoins, il existe des puristes dans cette même communauté qui restent attachés à l'image classique du papa Noël aux traits nordiques pur sucre.

Quant au héros de la fête, qui a fait sensation et date en tant que premier Santa Claus noir d'un mall, il se nomme Larry Jefferson. Un vétéran de la réserve de l'armée US qui a notamment participé à la guerre du Golfe et qui vit actuellement au Texas. Il a refusé de révéler son âge, ajoutant avec beaucoup d'humour : « Un enfant m'a dit que j'avais 500 ans. » Ce que l'on sait, c'est que Larry a été choisi par les responsables du centre commercial dans le cadre d'une convention annuelle des pères Noël qui s'était tenue, en juillet dernier, dans l'État du Missouri. Il était le seul Afro-Américain parmi les mille autres Santa à participer à cette rencontre annuelle qui réunit des professionnels de cette tâche. Car aux USA, le manteau et le bonnet rouge, la barbe neigeuse et la hotte n'ont rien de ludique quand on les revêt pour distribuer du bonheur aux enfants dans les lieux publics. Pour cela, il faut suivre un cycle spécial.

Ainsi, tout candidat doit s'engager d'abord à renoncer au tabac et à l'alcool, jugés incompatibles avec cette profession saisonnière payée entre 2 000 et 4 000 dollars (pour environ quatre semaines). Outre le parfait attirail de mise, il doit savoir dialoguer avec les enfants qui risquent de le prendre au mot lorsqu'ils lui adressent une demande embarrassante : que des parents divorcés se réconcilient, un cadeau extrêmement coûteux ou autre souhait irréalisable. Interdite aussi la distribution de friandises. Une patience d'ange est aussi requise pour, à longueur de journées, installer des poupons sur ses genoux lors de la sacrée photo-souvenir ou exhiber un sourire spécial aux adultes réclamant eux aussi de poser avec lui. Les moments creux ne doivent évidemment pas être remplis par des occupations terre à terre, comme lire le journal ou mâcher un snack. Le mythe du personnage doit être protégé.

Sur un trône en velours rouge ou sur un traîneau avec des rennes au nez rouge prêts à repartir, le père Noël de service, quelles que soient sa couleur et son origine, doit continuellement faire rêver, dans un monde boursouflé d'images et d'évènements de plus en plus cruels.

 

Dans la même rubrique

La Maison-Blanche en habits de fête, dans le pur style Obam

Misty Copeland, l’improbable ballerine

Génération Trump : le bataillon « Beauty Power » du 45e président US

La Fondation US de l’hôpital Saint-Georges et Edward Ameen à l’honneur

Élie Tahari attend de pouvoir un jour habiller « Madame la Présidente »

Il s'agit du père Noël qui, durant quatre jours, a officié dans le plus grand centre commercial des États-Unis, le Mall of America, situé dans le Minnesota. Comme il est de (tendre) coutume, il a vu venir à lui des centaines d'enfants qui se sont installés sur ses genoux pour une inoubliable photo-souvenir après lui avoir confié avec impatience leurs souhaits les plus chers. Il avait...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut