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Le programme de François Fillon, du "Schröder" ou du "Thatcher"?

Le candidat de la droite à la présidentielle oscille entre l'ex-dame de fer britannique et l'ex-chancelier social-démocrate allemand, quitte à désorienter une partie des électeurs à cinq mois du scrutin.

François Fillon, candidat de la droite française à la présidentielle, oscille entre l'ex-dame de fer britannique et l'ex-chancelier social-démocrate allemand, quitte à désorienter une partie des électeurs à cinq mois du scrutin. AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER

Il revendique une filiation avec Margaret Thatcher, mais se compare à Gerhard Schröder : François Fillon, candidat de la droite française à la présidentielle, oscille entre l'ex-dame de fer britannique et l'ex-chancelier social-démocrate allemand, quitte à désorienter une partie des électeurs à cinq mois du scrutin.

Pendant la campagne de la primaire de la droite, qu'il a remportée haut la main, François Fillon n'a pas caché son admiration pour l'ancienne Première ministre britannique et son ultra-libéralisme économique.
Le programme du vainqueur de la primaire de la droite? "C'est du Schröder, pas du Thatcher", temporise Pierre Gattaz, président de la principale organisation patronale française, le Medef.

Le vainqueur de la primaire de la droite, lui, s'accommode des deux comparaisons, voire les revendique. "J'aime bien qu'on me compare à Madame Thatcher" et "à Monsieur Schröder", confiait-il début novembre, disant vouloir "laisser dans l'histoire une trace aussi forte" que la "dame de fer".
Dans les années 1980, elle a privatisé des pans entiers de l'économie britannique, démantelé les secteurs les moins performants et dérégulé les services financiers.
Gerhard Schröder a, lui, été l'homme de la libéralisation du marché du travail en Allemagne. Il a réduit la durée de l'indemnisation chômage et créé les "mini-jobs" peu rémunérés.

"Il y a sans doute des deux dans (le) programme" de François Fillon, tranche Catherine Mathieu, chercheuse à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui juge néanmoins "la filiation idéologique avec Thatcher beaucoup plus évidente".
Un avis partagé par Antoine Bozio, directeur de l'Institut des politiques publiques (IPP) basé à Paris : "Margaret Thatcher avait à l'esprit l'idée que son pays était en faillite, victime de déclassement, et qu'il fallait des mesures impopulaires pour changer la donne. C'est quelque chose qu'on retrouve aussi chez François Fillon".

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"Casser la baraque"
Dépenses publiques, réformes fiscales, droit du travail : le programme du candidat de la droite, choisi sur la promesse d'une "rupture" économique, reflète cette double filiation - avec cette prédominance revendiquée pour le modèle thatchérien.

Désireux de "casser la baraque", François Fillon s'est engagé à supprimer la durée légale du temps de travail hebdomadaire de 35 heures et à simplifier drastiquement le code du travail, recentré sur les grands principes sociaux. Des mesures qui font écho à la politique mise en œuvre par Gerhard Schröder entre 1998 et 2005.
Le candidat de la droite s'est engagé à repousser l'âge de départ à la retraite de 62 à 65 ans, à plafonner le montant des allocations chômage, avec la mise en œuvre de radiations automatiques après deux refus d'emplois dits "raisonnables".

Des propositions qui rappellent aussi bien les réformes menées par la dirigeante conservatrice que celles appliquées par le responsable social-démocrate, qui a réduit la durée d'indemnité chômage de 26 à 12 mois, obligé les chômeurs à accepter certains emplois et repoussé l'âge de la retraite à 65 ans.
Le parallèle avec Schröder, pour Antoine Bozio, s'arrête cependant à cette question du marché du travail, alors qu'il se poursuit sur le terrain de la dépense publique et de la fiscalité en ce qui concerne Margaret Thatcher.

François Fillon a promis de baisser les dépenses de 100 milliards d'euros en cinq ans, en supprimant 500.000 postes de fonctionnaires, et de "reprendre les privatisations" quand la présence de l'Etat ne sert "à rien". Des propositions qui vont dans le sens du fameux "moins d'Etat" prôné par la dame de fer.
Il veut baisser les charges sur les entreprises de 40 milliards d'euros et revaloriser le taux de la taxe sur la valeur ajoutée de 20 à 22%. "Là encore, c'est ce qu'a fait Thatcher", souligne Catherine Mathieu.

Autre importante similitude, selon cette spécialiste de l'économie britannique : la méthode revendiquée par François Fillon. Ce dernier, décidé à agir vite, s'est dit prêt à "passer par-dessus les syndicats", au lieu de négocier avec eux, comme l'a fait Gerhard Schröder.
"Les compromis sociaux débouchent sur des impasses. Je suis prêt aux tensions, je pense qu'elles sont nécessaires", a-t-il prévenu. Une prise de position que Margaret Thatcher - qui assurait être "pour le consensus" mais "surtout à ses conditions" - n'aurait pas renié.

 

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