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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Pourquoi Marine Le Pen n’est pas la « Trump française »

Alors que l'ombre du président élu semble peser sur le continent européen, la comparaison entre la présidente du FN et le nouveau président des États-Unis est devenue monnaie courante.

Donald Trump et Marine Le Pen. Frederic J. Brown/AFP

Le 9 novembre 2016, au lendemain des résultats des élections américaines, Marine Le Pen est l'une des premières personnalités politiques européennes à saluer le succès de Donald Trump. Interrogée par la BBC, elle qualifie la victoire de « pierre supplémentaire dans l'émergence d'un nouveau monde » qui aurait pour vocation de « remplacer un ordre ancien ». Quelques jours plus tard, dans le journal d'extrême droite Présent, la candidate fait savoir que le nouveau président a « son numéro » et qu'il partagerait avec elle « des connaissances communes depuis longtemps ». Des commentaires qui n'ont pas tardé à faire d'elle l'alter ego français du « Donald », faisant presque oublier les clivages entre les deux personnes.

Quand le populisme traverse l'Atlantique
Aux commencements de cette prétendue histoire de famille, le partage d'une même attitude populiste : critique des élites, valorisation de la « majorité silencieuse », rhétorique anti-establishment. À Washington, c'est le rejet du système derrière le conglomérat de l'État fédéral et de la politique du Capitole. À Paris, c'est la méfiance envers l'« UMPS » et cette prétendue connivence entre la droite et la gauche. Sur le volet économique et social, le cocktail se prépare de la même manière : isolationnisme, rejet de la mondialisation et du libre-échange sur fond de repli identitaire.

Le 8 novembre dernier, Donald Trump a obtenu ses meilleurs scores auprès des hommes, des Blancs, des plus âgés, des ruraux et des citadins vivant dans de petites villes. Un électorat qui semble dessiner les contours des sympathisants du Front national (FN) de Marine Le Pen, composés en large partie d'hommes et de personnes peu diplômées issues des catégories populaires.
Pour Eddy Fougier, politologue et chercheur à l'Iris, cette assimilation reste tout de même superficielle, car elle se nourrit avant tout du calendrier électoral. Car après le Brexit et la victoire du « trumpisme », les élections présidentielles françaises sont au centre de l'attention. Pour certains, mai 2017 pourrait être cette nouvelle étape dans l'ascension du populisme occidental de droite.

 

(Pour mémoire : pour la France, dit Marine Le Pen)

 

Marine le Pen, « fausse outsider »
« Madame Le Pen est archétypale du système politique français. » Derrière cette affirmation, Emmanuel Macron, l'électron libre des présidentielles françaises, touche du doigt le fossé entre les deux personnalités politiques. Pour une partie de la population américaine, Donald Trump incarne un symbole de la réussite américaine. C'est le succès d'un self-made-man qui entend gérer le pays comme une entreprise. En France, en revanche, Marine le Pen est une « apparatchik ». En d'autres termes, une professionnelle de la politique, qui doit une large partie de son succès à son nom. Intégrée dans l'échiquier politique français avant même d'avoir repris la présidence du parti, elle est bien loin du profil-type de l'outsider.

Le principal point de rupture réside dans sa stratégie de communication. Tout au long de sa course, Donald Trump a été le roi des « sorties politiques », misant sur « la provocation, l'insulte et la transgression, un peu comme le faisait Jean-Marie Le Pen en France », précise le politologue. Cette stratégie est opposée à celle de l'actuelle chef du parti, qui entend bien rompre avec l'image sulfureuse de son père. Dans une stratégie de « dédiabolisation », Marine Le Pen gomme le nom du parti dans sa nouvelle campagne ainsi que son nom de famille, comme pour se détacher davantage de son héritage. Écartée du schéma traditionnel bipartiste, la candidate ne dispose pas de l'appui des grandes formations politiques. De son côté, Donald Trump a fait une OPA sur le Parti républicain et n'aurait d'ailleurs eu « aucune chance en tant qu'indépendant », souligne Eddy Fougier.

Aujourd'hui, si la victoire de Donald Trump a fait croire en la possibilité d'un « effet domino » partout en Europe, Marine Le Pen est loin d'en être la version française. Pour Eddy Fougier, cette interprétation fait écho à la perception des soulèvements arabes de 2011 où « l'interprétation occidentale donnait l'impression que les régimes tombaient les uns après les autres et que ce qui était considéré comme impossible jusque-là devenait possible ».

 

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La dernière digue face au populisme

Le 9 novembre 2016, au lendemain des résultats des élections américaines, Marine Le Pen est l'une des premières personnalités politiques européennes à saluer le succès de Donald Trump. Interrogée par la BBC, elle qualifie la victoire de « pierre supplémentaire dans l'émergence d'un nouveau monde » qui aurait pour vocation de « remplacer un ordre ancien ». Quelques jours plus...
commentaires (2)

Mais si ! Ce n'est M.rde coupée en deux parties.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

23 h 36, le 03 décembre 2016

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Commentaires (2)

  • Mais si ! Ce n'est M.rde coupée en deux parties.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    23 h 36, le 03 décembre 2016

  • MA 3INDA MINNON !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 00, le 03 décembre 2016

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