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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Après Alep, Idleb ?

Quelque 50 000 combattants antirégime se trouveraient dans la province du Nord-Ouest, dernier bastion jihadiste d'envergure.

Des résidents d’Alep-Est réfugiés dans un entrepôt à Duweirineh, un petit village dans les environs de la ville. George Ourfalian/AFP

La fin se profile, semble-t-il, pour les quartiers rebelles d'Alep. Repris à plus de 40 % par les forces du régime de Damas, qui y a déployé hier des centaines de soldats des unités d'élite de la garde républicaine et de la 4e division, ces quartiers d'Alep-Est sont dévastés par une série d'offensives militaires visant à en déloger ce que le régime qualifie de « terroristes ». Assiégés depuis juillet, privés d'aides humanitaires, d'eau, de nourriture, les civils ont fui par dizaines de milliers ces derniers jours. Certains se sont réfugiés à Alep-Ouest, tenue par les forces gouvernementales, d'autres se sont déplacés vers les zones contrôlées par les Kurdes.

Néanmoins, les groupes antirégime d'Alep-Est ne lâchent pas prise, malgré leurs pertes considérables. Hier encore, deux groupes ont annoncé à partir de la Turquie la formation d'une nouvelle alliance militaire grâce à laquelle ils espèrent inverser le cours de la bataille. Appelée « Armée d'Alep », elle devrait être conduite par Abou Abdel Rahmane Nour, commandant de la Jabha Chamiya, qui combat dans le Nord syrien. Selon un responsable rebelle, ce rapprochement devrait faciliter la centralisation de la prise de décision, alors que les dissensions entre les différents groupes insurgés ont contribué à leurs échecs répétés face au régime.

À moins de deux mois de l'arrivée du président élu américain Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier, il s'agit pour le régime de ne pas perdre de temps. C'est, en tout cas, ce qu'affirmait il y a quelques jours un responsable – anonyme – proche de Damas à Reuters, tout en soulignant que les prochains jours s'avéreront particulièrement difficiles pour les forces gouvernementales et leurs alliés sur le terrain, au fur et à mesure qu'ils se rapprochent des quartiers les plus denses en termes de population à Alep-Est. Mais une fois reprise, le régime contrôlera ce qu'on appelle la « Syrie utile », c'est-à-dire les grandes villes du littoral (Lattaquié), du centre et du Nord (Alep, Homs et Hama), et la capitale Damas.

 

(Lire aussi : A Alep-Est bombardée, les cadavres jonchent les rues)

 

Al-Bab ou Idleb ?
Reste la province d'Idleb, dont la ville éponyme demeure la seule ville d'envergure, dans le Nord-Ouest, échappant encore au contrôle du régime. « Il y a en gros 50 000 combattants dans la région d'Idleb, la plus grosse concentration de rebelles du pays », confirme Fabrice Balanche, géographe et expert de la Syrie au Washington Institute.

Pour le chercheur, pourtant, l'objectif principal serait al-Bab, fief de l'État islamique dans le Nord syrien, et situé à proximité de la frontière turque. « Les pro-Turcs sont à la porte de ce fief de l'EI. L'armée syrienne pourrait s'en emparer pour, entre autres, empêcher les rebelles pro-Turcs de continuer vers Raqqa. Ce serait aussi pour se rendre indispensable aux Turcs : les Kurdes pourraient être obligés de négocier avec le régime pour la liaison entre Afrine et Kobané », ce que la Turquie refuse catégoriquement. En termes stratégiques, toutefois, cette avancée reste quelque peu secondaire par rapport à la province d'Idleb, qui sera très probablement la principale cible de l'armée syrienne.

Aujourd'hui, cette région est tenue par une multitude de groupes jihadistes, salafistes, comme par exemple Jabhat Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda), Ahrar al-Cham, Jund al-Aqsa, Hezb al-Islam al-Turkistani, Noureddine al-Zinki, Faïlak al-Cham, etc. Le scénario de Homs (soit trêve, négociations, évacuation de civils et départs de combattants) pourrait se répéter à Alep. Il est donc probable que de nombreux combattants iront grossir les rangs des groupes jihadistes à Idleb. De nombreux groupes d'insurgés s'opposent à Jabhat Fateh al-Cham sur plusieurs points, mais pourraient se joindre à lui pour combattre les troupes du président syrien Bachar el-Assad et ses alliés. Lors de la contre-offensive de Fateh al-Cham début août pour briser le siège du régime contre les quartiers est d'Alep, le groupe avait gagné en popularité parmi plusieurs factions rebelles.

 

(Lire aussi : À Alep-Est meurtrie, le doute s'instille partout, même chez les rebelles)

 

Si les groupes d'Idleb s'unissent pour faire face au régime de Damas, son influence pourrait encore augmenter, éloignant encore plus la possibilité d'un règlement prochain du conflit. « On voit mal comment les États-Unis et l'Occident pourraient s'opposer à l'élimination d'el-Qaëda dans la région ; Washington a d'ailleurs commencé à tuer des chefs du groupe avec des drones » dans la zone d'Idleb, souligne Fabrice Balanche.

Une nouvelle catastrophe humanitaire est également à craindre, alors que des centaines de milliers de civils, selon les estimations du chercheur, pourraient être poussés par les violences vers la Turquie, dont un soutien aux groupes antirégime n'est plus vraiment à espérer. En effet, Ankara s'intéresse bien plus aux velléités indépendantistes kurdes à sa frontière qu'aux agissements de Damas. Deux jours après avoir affirmé que les forces turques étaient sur le sol syrien pour « mettre fin au règne du cruel Assad », le président turc Recep Tayyip Erdogan a assuré hier que cette présence turque en Syrie (dans le cadre de l'opération « Bouclier de l'Euphrate ») ne visait aucun pays ou quiconque en particulier, mais des « organisations terroristes », dans une apparente volte-face.

De toute manière, estime M. Balanche, le régime syrien va devoir collaborer « avec les Turcs, pour qu'ils ferment leurs frontières ». Et d'ajouter : « À mon avis, c'est en train d'être négocié en Turquie », en référence aux négociations entre Moscou et des insurgés qui se déroulent à Ankara pour discuter notamment d'un arrêt des violences à Alep.

 

 

Repère

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La fin se profile, semble-t-il, pour les quartiers rebelles d'Alep. Repris à plus de 40 % par les forces du régime de Damas, qui y a déployé hier des centaines de soldats des unités d'élite de la garde républicaine et de la 4e division, ces quartiers d'Alep-Est sont dévastés par une série d'offensives militaires visant à en déloger ce que le régime qualifie de « terroristes »....

commentaires (2)

Faut surtout pas s'arrêter en si bon chemin . Après Alep , idlib et toutes les régions infectées par ces bactéries wahabites devraient être désaffectées de leur présence. Grâce au régime aidé de ses alliés russes et résistants de tous bords on mettra fin à tous ces attentats dans les marchés églises mosquées places publiques café salle de fête etc..... Allez les gars 50.000 bactéries à éradiquer d'un coup c'est un exploit sans précédent. Mettez y le paquet .

FRIK-A-FRAK

08 h 38, le 02 décembre 2016

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Commentaires (2)

  • Faut surtout pas s'arrêter en si bon chemin . Après Alep , idlib et toutes les régions infectées par ces bactéries wahabites devraient être désaffectées de leur présence. Grâce au régime aidé de ses alliés russes et résistants de tous bords on mettra fin à tous ces attentats dans les marchés églises mosquées places publiques café salle de fête etc..... Allez les gars 50.000 bactéries à éradiquer d'un coup c'est un exploit sans précédent. Mettez y le paquet .

    FRIK-A-FRAK

    08 h 38, le 02 décembre 2016

  • CA NE SAUVERA PAS ! LES REFORMES RECLAMEES PAR LES PREMIERS MANIFESTANTS PACIFIQUES MASSACRES AURONT LIEU... LES DEPARTS SONT ACQUIS... LES PARACHUTES SONT PRETS... AINSI LES PREVISIONS POUR LE GENERALISSIME SE SONT REALISEES... AINSI CES PREVISIONS SE REALISERONT... L,INIQUITE PERSIQUE N,A JAMAIS EUT RAISON DU DROIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 21, le 02 décembre 2016

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