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Moyen Orient et Monde - Entretien

En Syrie, tôt ou tard, les rebelles seront dans une logique de guerre de « libération nationale »

À l'occasion du Salon du livre francophone de Beyrouth, le politologue Ziyad Majed, auteur de l'ouvrage « Syrie, la révolution orpheline », expose à « L'Orient-Le Jour » son bilan de la situation actuelle en Syrie.

Une image qui montre l’horreur de la guerre en Syrie : la ville de Douma, assiégée par les forces du régime syrien, complètement détruite. AFP/Abd Doumany

Trump vient d'être élu président des États-Unis. Quelles sont les conséquences de son élection dans l'engagement américain en Syrie ?
Il est encore un peu tôt de parler de la politique étrangère de Donald Trump. Le candidat Trump n'est pas le président Trump. Il va sûrement devoir faire face maintenant au poids des institutions, de l'establishment, des commissions et des conseillers. En revanche, les priorités internes de son administration risquent de rendre la Syrie encore plus secondaire dans la politique américaine. Quel que soit l'engagement de Trump, les choses sur le terrain évolueront dans les premiers mois de sa présidence en faveur des Russes, qui vont profiter du manque d'engagement de Washington et des fluctuations auxquelles nous allons assister lors de la passation des pouvoirs. Par ailleurs, il faut signaler une certaine contradiction dans ce qui s'annonçait dans l'approche moyen-orientale de Trump. D'un côté, on promettait un rapprochement avec (le président russe) Vladimir Poutine et son intervention syrienne, et, de l'autre, on affichait une volonté de contenir l'Iran dans la région et même de revoir certaines clauses dans l'accord sur le nucléaire. Cela risque d'être impossible à concilier en Syrie, où Moscou et Téhéran coopèrent étroitement pour sauver le président Bachar el-Assad.

 

Quelle est la situation à Alep ? Est-ce que la prise des quartiers est par le régime est inévitable ?
La bataille d'Alep s'annonce très difficile pour les rebelles et les civils, car les Russes, les Iraniens et le régime d'Assad sont prêts à tout pour reprendre les quartiers est de la ville. Aujourd'hui, ils continuent de grignoter du terrain. Leur stratégie, c'est de progresser lentement dans les espaces urbains, d'étouffer l'opposition et d'imposer d'ici à quelques mois leur contrôle sur la quasi-totalité de la ville.
Il y a deux paramètres qui restent, cependant, à prendre en compte : la frontière turque et sa perméabilité aux livraisons d'armes aux rebelles, et l'opération militaire de l'ASL (Armée syrienne libre) soutenue par les Turcs au nord et au nord-est d'Alep, ses limites, et comment affecterait-elle la bataille d'Alep à moyen terme.

 

Peut-on encore croire à un processus de paix ? Avec quels acteurs ?
C'est toute la question qui va être posée à la nouvelle administration américaine. Pour le moment, l'idée d'une initiative politique est difficile à envisager, notamment lorsque les Russes pensent qu'ils peuvent modifier radicalement le rapport de force militaire et exclure toute discussion sur le sort de Bachar el-Assad. La reprise du volet politique va dépendre des soutiens à l'opposition et de la capacité de résistance de cette dernière.
Aujourd'hui, le progrès du régime sur le terrain n'est dû qu'au soutien étranger qui n'est plus simplement financier et logistique, mais qui est surtout un engagement militaire direct, avec des dizaines de milliers de combattants chiites libanais, irakiens, afghans, dirigés par les officiers iraniens et couverts par des milliers de raids aériens russes. Cette configuration est perçue par une grande partie des Syriens comme une occupation étrangère, prenant en plus une allure très confessionnelle. Donc, tôt ou tard, les rebelles seront dans une logique de guerre de « libération nationale » contre les occupants. Et cela signifierait que nous sommes loin de la fin du conflit ou de la victoire « définitive » des Russes et des Iraniens.

 

Quelle est la situation à Raqqa ?
La déclaration des milices kurdes annonçant le début de la bataille de Raqqa était plus politique et médiatique que militaire. Les forces kurdes n'ont pas les moyens et les ressources humaines suffisantes pour prendre Raqqa, même soutenues par l'aviation américaine. De plus, leur avancée vers la ville fait monter les tensions kurdo-arabes dans le Nord syrien et menace de voir les Turcs élargir rapidement le champ de leur opération autour de l'Euphrate. Pour répondre aux réserves turques et aux craintes locales, les Américains ont avancé que les milices kurdes ne feraient qu'ouvrir le front, laissant plus tard les combattants arabes libérer la ville.
Les semaines à venir seront probablement celles des négociations entre Turcs et Américains sur la course vers Raqqa et ses acteurs. Mais aussi celles des négociations entre Turcs et Russes, car un progrès des rebelles syriens soutenus par Ankara voudrait dire que l'ASL s'étende sur un large territoire. Une profondeur stratégique que les Russes souhaitent éviter.
Tous ces facteurs entrent en jeu au moment où les acteurs locaux et régionaux attendent de voir s'il y aura un changement dans la politique américaine.

 

Comment voyez-vous l'avenir en Syrie ?
Nous assistons à une fragmentation du territoire syrien. Cette dernière pourrait modifier de nouveau certains traits de la guerre en cours. Aujourd'hui, une possible « victoire » du régime et de ses alliés à Alep est loin d'être décisive : il reste beaucoup de régions qui échappent au régime, et tant que ce dernier aura recours à des dizaines de milliers de combattants étrangers pour se maintenir, les dissensions et les résistances à l'intérieur du pays se multiplieront. Donc, il est clair qu'il n'y aura pas de solution en Syrie tant qu'Assad est au « pouvoir »...

 

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Trump vient d'être élu président des États-Unis. Quelles sont les conséquences de son élection dans l'engagement américain en Syrie ?Il est encore un peu tôt de parler de la politique étrangère de Donald Trump. Le candidat Trump n'est pas le président Trump. Il va sûrement devoir faire face maintenant au poids des institutions, de l'establishment, des commissions et des conseillers....

commentaires (4)

ET L,HISTOIRE SE REPETERA COMME PARTOUT AILLEURS DANS LE MONDE... LES PEUPLES TRIOMPHENT TOUJOURS... C,EST L,HISTOIRE ET C,EST LA VOLONTE DIVINE !

JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

19 h 30, le 15 novembre 2016

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Commentaires (4)

  • ET L,HISTOIRE SE REPETERA COMME PARTOUT AILLEURS DANS LE MONDE... LES PEUPLES TRIOMPHENT TOUJOURS... C,EST L,HISTOIRE ET C,EST LA VOLONTE DIVINE !

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    19 h 30, le 15 novembre 2016

  • D'où est ce que ce ziad maged peut nous sortir tout ça? Qu'il nous définisse ce qu'est une force occupante ? Celles qui combattent en syrie du côté de Alep ont été appelées par un régime en place , légitime basé sur des accords de coopération militaire, pour contrer des étrangers on dit plus de 90 nationalités, soutenues par des étrangers alliés aux usa et à Israël. Et qu'ils nous disent quelles sont les forces rebelles ? Compte t il parmi toutes ces bactéries wahabites nous les mettre dans le même sac que celles qui sont plus démocratiques et qui ne demandent qu'à négocier avec le régime légitime du HÉROS BASHAR EL ASSAD ..?

    FRIK-A-FRAK

    08 h 37, le 15 novembre 2016

  • Il n' y pas de "rebelles" c'est une appellation pratique ,voir un bluff de circonstance ,de la presse occidentale ...un peu comme le fameux printemps arabe quoi ...! j'espère que personne n'a oublié le saccage des 4 saisons de Vivaldi...

    M.V.

    06 h 37, le 15 novembre 2016

  • Et voila c'est ce que j'ai tjrs dis à proprios de la Syrie ... la fragmantation !! Et surtout que candidat Trump et autres choses que président Trump !!

    Bery tus

    05 h 02, le 15 novembre 2016

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