Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Focus

Le retour d’un président sera-t-il suivi par celui des touristes du Golfe ?

Très fortement impactés par l'exode de ces riches touristes depuis cinq ans, les professionnels guettent les signes de réchauffement entre le Liban et les pays du CCG.

Les dépenses des touristes saoudiens ont reculé de 20 % en glissement annuel au troisième trimestre, selon Global Blue. Photo archives AFP

L'élection, le 31 octobre, de Michel Aoun à la présidence de la République après plus de deux ans de vacance présidentielle pourra-t-elle favoriser un retour des touristes du Golfe ? Lors de ses rencontres à Baabda avec l'émir Khaled el-Fayçal, conseiller spécial du roi Salmane d'Arabie saoudite, dimanche, et le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammad ben Abdel Rahmane al-Thani, hier (lire en page 2), M. Aoun a été par deux fois invité à se rendre très prochainement dans ces pays.

Un signe de réchauffement des relations scruté de près par les professionnels du tourisme, qui digèrent encore difficilement le dernier coup dur encaissé en février dernier, lorsque les gouvernements de cinq des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) – l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït et Bahreïn – ont appelé leurs ressortissants à ne pas se rendre au Liban ou à quitter le pays.

« Les signes de détente sont encourageants, mais il est encore trop tôt pour se réjouir », tempère néanmoins le ministre sortant du Tourisme, Michel Pharaon. « Il faudra attendre la visite officielle de M. Aoun en Arabie saoudite pour que ce réchauffement se confirme et permette au Liban, dans la foulée, de normaliser ses relations avec les autres membres du CCG », rebondit de son côté le président des syndicats des hôteliers au Liban, Pierre Achkar. Selon le service de presse du palais présidentiel, « aucune date n'a encore été fixée pour le déplacement officiel de (M. Aoun) en Arabie saoudite ou au Qatar », précisant que cette étape n'aura lieu « qu'une fois que le gouvernement sera formé ».

 

(Pour mémoire : En manque de touristes arabes, le Liban convoite les Chinois)

 

Substitution
En attendant, les derniers chiffres du ministère du Tourisme confirment que le désamour des touristes du Golfe se poursuit : alors que le nombre total de touristes a enregistré une croissance de 21 % sur un an en septembre, à 164 605, le nombre de ressortissants saoudiens – les plus nombreux parmi les touristes du Golfe – n'a progressé que de 0,4 % en septembre, à 4 129 visiteurs. Cela représente à peine 7 % du total des touristes des pays arabes enregistré sur le mois et demeure très loin des 27 641 (+33 % sur un an) touristes irakiens recensés.

Un effet de substitution qui n'a cessé de s'accentuer depuis 2011 et désole les acteurs du secteur qui sont loin de penser qu'ils ont gagné au change. « Un touriste irakien va généralement chercher à louer une chambre bon marché pour un séjour qui va durer en moyenne 3 jours, tandis qu'un touriste saoudien a plus tendance à réserver plusieurs suites luxueuses pour une durée de séjour qui peut facilement atteindre deux semaines », résume M. Achkar. De fait, malgré une hausse de 10,2 % sur un an du nombre total de touristes lors des trois premiers trimestres, leurs dépenses ont reculé de 10 % en glissement annuel au troisième trimestre, selon le rapport publié par Global Blue, la société en charge de la restitution de la TVA sur leurs achats. Et les plus fortes baisses de dépenses sur la période ont été enregistrées du côté des touristes koweïtiens (-21 %), irakiens (-21 %), qataris (-21 %) et saoudiens (-20 %)...

Une tendance qui a précipité la chute du prix moyen des chambres d'hôtel au Liban. Selon la dernière étude du cabinet Ernest & Young, les hôtels beyrouthins ont affiché en octobre un des tarifs les moins élevés sur 14 villes arabes, à 138 dollars, traduisant une baisse 16,5 % en un an (pour une moyenne de 201,7 dollars régionale en baisse de 5,1 %). Le taux d'occupation des hôtels a pour sa part reculé dans des proportions similaires (16,5 % en un an) pour atteindre 58 % (pour une moyenne régionale de 60,6 %, en baisse de 3,1 %).

 

(Pour mémoire : Malgré la crise, le tourisme alternatif se développe au Liban)

 

« Redevenir concurrentiel »
Reste que le retour des touristes du Golfe, s'il se concrétise, ne suffira pas à augmenter, à lui seul, l'activité du secteur à un niveau qui était le sien il y a quelques années. « Selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), la part de ce secteur dans le PIB libanais a atteint 9,9 % en 2015, soit la moitié de son niveau en 2010 », souligne le secrétaire général de l'Union des syndicats touristiques, Jean Beyrouthi. « Les affaires vont reprendre avec le retour des touristes du Golfe, mais ça restera limité tant que le Liban ne prend pas certaines mesures pour redevenir concurrentiel », ajoute-t-il, avant d'appeler à la création d'une compagnie aérienne low-cost basée à Beyrouth. Une mesure notamment justifiée, selon lui, par le fait que les touristes du Golfe « dépenseront sûrement moins qu'avant ». « Les économies de ces pays, qui dépendent parfois presque exclusivement de leurs ressources en hydrocarbures, ont pâti de la baisse des cours du brut qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur en deux ans », appuie de son côté M. Achkar.

Pour les professionnels, le tourisme local ne pourra de toute façon pas donner son plein potentiel sans amélioration de la situation politico-sécuritaire au niveau régional et la fin du conflit syrien, qui dure depuis 2011. « L'opportunité pour le Liban d'accueillir des touristes chinois plus intéressés par des séjours de 2 semaines pendant lesquelles ils peuvent visiter plusieurs pays a été retardée en raison des incidents en marge de la tentative de coup d'État en Turquie (en juillet) et le crash du vol d'EgyptAir, le 19 mai dernier », indique M. Achkar. « Comme si cela ne suffisait pas, la fermeture du poste frontière syro-libanais de Nassib en avril 2015 a interrompu les flux de touristes jordaniens qui se déplaçaient au Liban par les voies terrestres », déplore-t-il.

 

 

Pour mémoire

La hausse du tourisme estival laisse les professionnels sceptiques

Sensibiliser les émigrés au tourisme estival

Les professionnels du tourisme s'inquiètent pour la saison estivale

L'élection, le 31 octobre, de Michel Aoun à la présidence de la République après plus de deux ans de vacance présidentielle pourra-t-elle favoriser un retour des touristes du Golfe ? Lors de ses rencontres à Baabda avec l'émir Khaled el-Fayçal, conseiller spécial du roi Salmane d'Arabie saoudite, dimanche, et le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammad ben Abdel Rahmane...

commentaires (3)

On peut toujours remplacer les touristes des pays du Golfe par les touristes iraniens, pas du tout "corrompus", et qui seront tout contents de rencontrer leurs cousins moutons-suiveurs-bêleurs libanais ! Irène Saïd

Irene Said

18 h 02, le 24 novembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • On peut toujours remplacer les touristes des pays du Golfe par les touristes iraniens, pas du tout "corrompus", et qui seront tout contents de rencontrer leurs cousins moutons-suiveurs-bêleurs libanais ! Irène Saïd

    Irene Said

    18 h 02, le 24 novembre 2016

  • Qu'on profite de leur fric même s'il est mal acquis je veux bien , mais qu'ils se mêlent de nos affaires ça jamais, plus jamais, on laissera ça aux occidentaux corrompus et aux états européens en déconfiture totale à l'intérieure de l'UE.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 37, le 24 novembre 2016

  • QUAND LE GOUVERNEMENT SERA AUSSI FORME LE LIBAN POURRA DE NOUVEAU COMPTER SUR LE TOURISME DE LA FAMILLE ARABE... AHLAN WA SAHLAN BIL IKHWEN IL 3ARAB !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 30, le 24 novembre 2016

Retour en haut