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Économie - Conjoncture

Les professionnels du tourisme s’inquiètent pour la saison estivale

Après un ramadan morose pour les commerçants et les professionnels de l'hôtellerie-restauration, la fin de l'été ne s'annonce guère sous les meilleurs auspices.

Les professionnels du tourisme espèrent une hausse du nombre de visiteurs pour sauver la saison estivale. Photo Sami Ayad

Les professionnels du tourisme sont unanimes : la saison estivale, soit la période la plus importante de l'année pour le secteur, peine à démarrer en raison notamment du ramadan, et de la situation politico-sécuritaire au Liban et dans la région. La tendance n'est pas nouvelle. Cela fait quatre ans que les secteurs de l'hôtellerie, de la restauration et du commerce font face à une véritable crise, pour les mêmes raisons.

De fait, si les 524 334 touristes enregistrés sur les cinq premiers mois de 2015 traduisent une hausse de 18,3 % en rythme annuel, cette fréquentation reste bien inférieure (- 28,5 %) à celle connue à la même période lors de l'année faste de 2010.
« Nous nous attendons au mieux à une saison estivale similaire à celle de 2014 avec notamment un taux d'occupation des hôtels ne dépassant pas les 70 à 75 % pour le Fitr, alors que ce taux atteignait les 100 % pour cette même fête durant les belles années », affirme Jean Beyrouthi, président du syndicat des établissements touristiques. « Le ramadan a de plus paralysé la moitié des mois de juin et de juillet, le taux d'occupation des hôtels ne dépassant pas actuellement les 50 % », ajoute-t-il.

Même son de cloche pour Nicolas Chammas, président de l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB) : « Depuis quatre ans, nous ratons systématiquement les quatre temps forts de la saison touristique : le Fitr, l'été, l'Adha et les fêtes de fin d'année, à cause du blocage politique et des incidents sécuritaires qui grippent la machine commerciale. » S'il estime qu'il est encore tôt pour se prononcer sur la saison estivale, qui constitue 30 % de l'activité commerciale annuelle, Nicolas Chammas souligne que l'été a démarré lentement à cause du ramadan qui a toujours été un mois faible pour les commerçants.

« Désenchantement réel »
Le président du syndicat des restaurateurs, Tony Ramy, fait le même constat amer : « Après une année 2014 très difficile avec une baisse du chiffre d'affaires d'environ 25 % par rapport à l'année précédente, le premier trimestre laissait entrevoir une reprise du secteur, le taux de fréquentation des restaurants ayant augmenté de 20 % en glissement annuel. Mais le mois de ramadan a été plus décevant que celui de l'année dernière, le début de la saison estivale n'est donc pas très encourageant. Pour autant, comme les réservations se font à la dernière minute, il est trop tôt pour avoir une vue précise de la saison. »

Le rapport de la société suisse Global Blue, mandatée par le gouvernement pour restituer la TVA sur les achats effectués par les touristes au Liban, fait aussi écho aux propos du président de l'ACB. Si les dépenses détaxées ont connu une croissance de 2 % en rythme annuel au deuxième trimestre, cela traduit une chute de 16 % par rapport au premier trimestre.

Les professionnels interrogés pointent unanimement du doigt l'incurie des responsables qui pèse lourdement sur le secteur touristique. « Personne ne se soucie de l'intérêt du Liban », se désole Jean Beyrouthi. « Le désenchantement est réel : il faudrait un miracle pour que cela s'améliore », renchérit Nicolas Chammas. « Nous faisons face à un véritable problème de trésorerie, certains n'arrivant plus à payer les fournisseurs, voire même les employés », regrette Tony Ramy. Si tous tablent sur une augmentation du nombre de touristes, notamment du Golfe, pour sauver la saison estivale, ils restent quand même sceptiques. « Les festivals d'été et les touristes nous donnent un peu d'espoir pour la suite, mais nous ne nous faisons pas trop d'illusions. Tout dépendra des ressortissants du Golfe et des expatriés dont le volume d'activité peut constituer plus de 25 % de l'activité commerciale », espère Nicolas Chammas. « Un mois et demi, de mi-juillet à fin août, ne peut remplacer toute une saison, même si nous attendons un nombre non négligeable d'Irakiens et de ressortissants du Golfe », tempère Jean Beyrouthi.

 

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Occupation des hôtels : Beyrouth avant-dernière ville arabe sur les vingt dernières années

Le cabinet de conseil HVS a indiqué que le taux d'occupation moyen des hôtels de Beyrouth sur la période 1996-2014 a atteint 56,1 %, constituant ainsi le deuxième taux le plus bas parmi 14 villes du Moyen-Orient.
Les revenus par chambre disponible (RevPar) ont augmenté de 1 % annuellement sur cette période, ce qui représente le taux le plus bas parmi les villes de la région.
En parallèle, HVS a affirmé que le taux d'occupation moyen des hôtels de Beyrouth en 2014 s'est établi à 49 %, un chiffre qui place la capitale libanaise au septième rang parmi 36 villes arabes couvertes par l'étude. L'étude a en outre souligné que Beyrouth a fait partie de 19 villes à avoir enregistré une hausse du taux d'occupation de ses hôtels. Les revenus par chambre disponible ont atteint 84 dollars en 2014, en hausse de 3 % sur un an, mais inférieur au taux moyen régional de 88 dollars.

 

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