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Cinema- - Arrêt sur image

Les peuples des volcans

Dans son dernier documentaire « Into the Inferno », coréalisé avec le volcanologue Clive Oppenheimer, Werner Herzog met les cratères, la lave et toutes les flammes au cœur d'une étonnante cohabitation entre science et mysticisme, et réalité et fiction.

La fascination de Werner Herzog pour les volcans ne date pas d'hier. Pour le réalisateur au statut quasi légendaire, le lien avec les montagnes de feu remonte à plus de 40 ans. En 1976, sur les pentes du volcan de la Soufrière en Guadeloupe, qui menace d'entrer en une violente éruption, et alors que 75 000 habitants sont évacués, Herzog part à la rencontre des quelques irréductibles qui ont décidé de rester. Malgré les avertissements, malgré le danger.
30 ans plus tard, le réalisateur se trouve sur le mont Erebus en Antarctique pour les besoins de son film Encounters at the End of the World. Sur les versants de ce géant austral haut de 3 794 mètres, en éruption depuis plus de 35 ans, il filme une équipe de volcanologues étudiant le monstre par -30°C. Parmi eux un certain Clive Oppenheimer, auteur plus tard du livre Eruptions that Shook the World. La rencontre entre cet artiste excessif, « cinéaste de l'impossible », et ces géants mystiques paraissait inéluctable. Avec Clive Oppeheimer, Herzog part à la chasse de la magie. Plus qu'une approche scientifique, il réalise un tour du monde, à la rencontre de ces individus qui vivent dans l'ombre de ces montagnes divines, pour raconter leurs histoires et leurs légendes. Des îles Vestmann en Islande, liées au dragon mythologique Nidhögg, au mont Paektu en Corée du Nord, lieu de naissance mythique du peuple coréen, il n'est « pas un seul volcan qui ne soit pas relié à un système de croyance ».

Une quête spirituelle
Au pied du mont Erta Ale en Éthiopie, un des trois volcans au monde avec un lac de magma permanent et visible, on rencontre le paléo-anthropologiste Tim White et son équipe. Les genoux dans la poussière, ils essaient de profiter d'une dès très rares opportunités de trouver des ossements, presque à même le sol, laissés là par nos ancêtres, plusieurs dizaines de milliers d'années auparavant. Comme s'il voulaient récupérer le témoignage de ces premiers hommes attirés ici par les richesses offertes par le volcan. Cette chasse aux ossements prend rapidement des allures de quête spirituelle. Comme en transe sous ce soleil de plomb, ils se lancent dans une drôle de parade. Chacun brosse, souffle, soulève la terre. Et chaque découverte du moindre morceau d'ossement déclenche des cris de joie, des exclamations émerveillées, des danses improvisées. Le groupe est pris comme d'une euphorie thaumaturgique. Et chaque échantillon est quasi instantanément identifié. Au milieu de nulle part et sous la surveillance de militaires, un groupe d'illuminés s'extasie en balayant de la poussière. Cette fouille minutieuse est comparée à un jeu de dés, de hasard. Il faut une certaine expertise, de la chance et surtout de la patience, pour réunir ce puzzle 3D, composé à peu près de 4 000 morceaux et mélangé à d'autres ossements. Cette recherche dont l'objectif n'est ni plus ni moins que l'origine de l'homme offre une métaphore théâtrale de la poursuite de la connaissance menée par Herzog lui-même dans son travail.
Alors que le film s'attarde plus sur les dévots et les mystiques, aux croyances parfois invraisemblables, cette rencontre dans le désert d'Afar est peut-être la plus surnaturelle de toutes. Soudain les scientifiques sont des illuminés irrationnels et les religieux des théologiens raisonnables. Mais chaque témoignage, chaque histoire en disent un peu plus sur la fertilité de l'imagination humaine face à ces monstres sacrés au pouvoir de vie et de mort, face à ce mystère et cette crainte qui, encore aujourd'hui, les entourent.

La fascination de Werner Herzog pour les volcans ne date pas d'hier. Pour le réalisateur au statut quasi légendaire, le lien avec les montagnes de feu remonte à plus de 40 ans. En 1976, sur les pentes du volcan de la Soufrière en Guadeloupe, qui menace d'entrer en une violente éruption, et alors que 75 000 habitants sont évacués, Herzog part à la rencontre des quelques irréductibles qui...

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