La mobilisation de la jeunesse libanaise, la crise des déchets et la corruption endémique qui paralyse le pays étaient au menu d'une conférence organisée récemment par Le Commerce du Levant et l'ONG Sakker el-Dekkéné dans le cadre du Salon du livre francophone de Beyrouth.
« Déchets : stop à la corruption. Comment mobiliser les jeunes ? » a réuni quatre intervenants d'horizons divers. Kim Issa, directrice des opérations de l'ONG arcenciel, Albert Kostanian, conseiller du président des Kataëb, Rabih Nassar, président de l'ONG Sakker el-Dekkené et Farid Hobeiche, humoriste, ont tour à tour pris la parole pour tenter de présenter des solutions face au même constat général : « La corruption fait rage et personne ne fait confiance à l'État. »
Albert Kostanian fait part de sa « crainte que la corruption ne devienne culture au Liban ». « Le confessionnalisme et le clientélisme mènent à la corruption » , note-t-il avant de passer en revue les principales causes de la propagation de la corruption dans le pays. M. Kostanian dénonce, entre autres, la persistance de la mentalité de la guerre, de l'économie de rente, la persistance du secret bancaire et l'absence de fiscalité. « Je pense qu'il est important d'établir une haute autorité pour la transparence de la vie publique afin de lutter contre la corruption », souligne le conseiller de Samy Gemayel avant de plaider en faveur de la levée du secret bancaire.
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Les autres intervenants axent leurs propos sur la crise des déchets. Pour Kim Issa, dont l'association travaille à la « démocratisation » du tri et du recyclage des déchets, il est possible à tout un chacun de lutter contre le problème en triant ses déchets pour qu'ils soient recyclés. « Il faut d'abord s'informer auprès des experts puis commencer par agir chez soi, en recyclant et en réduisant sa production de déchets », explique-t-elle. « Au Liban, 60 % de nos déchets sont organiques et le reste est recyclable. La solution est de travailler selon le concept dit de valorisation matière, en faisant du compost et du recyclage », souligne Kim Issa qui cite l'exemple de Bickfaya, Beit-Méry et Beit Chaar, localités à « zéro déchet ».
« Les déchets sont devenus un problème emblématique et près de 85 % de nos déchets vont en décharge », rappelle la journaliste Sahar el-Attar, qui modère le débat.
Reprenant à son compte le fameux adage qui dit qu'il vaut mieux rire de quelque chose plutôt que d'en pleurer, Farid Hobeiche, qui intervient par Skype, a, lui, choisi de lutter contre les déchets par l'humour. Ses sketches diffusés sur Internet ont rapidement connu du succès, montrant une facette de l'esprit de résilience des Libanais.
La nécessité de la lutte contre la corruption
Pour Rabih Nassar, le combat contre la corruption passe avant tout par l'éducation civique des jeunes. Il appelle pour ce faire à renouveler les manuels d'éducation civique afin de pouvoir intéresser la jeunesse libanaise aux problématiques essentielles. « Le citoyen a un rôle primordial dans la lutte contre la corruption face à l'État défaillant. Le combat se situe au niveau du gouvernement, des institutions et des citoyens. Pour ces derniers, l'éducation civique commence dès l'enfance, à la maison et à l'école », explique-t-il. « Les manuels utilisés au Liban sont anciens et parfois rébarbatifs pour la jeunesse. Ils n'encouragent pas les jeunes à s'intéresser au problème de la corruption, entre autres. Il est temps de moderniser l'éducation civique », conclut-il.
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commentaires (4)
UN grand bravo pour le courage de pas vous décourager devant la montagne de dégâts causés par la corruption. Bien sur que la corruption existe aux plus hauts niveaux de nos dirigeants de tous bords. Faute de pouvoir changer le régime politique d'en haut, le travail en profondeur que Kim Issa, Albert Kostanian, Rabih Nassar, Sahar El -Attar et Farid Hobeiche sont en train de faire est extraordinaire et inspirera d'autres citoyens à continuer à lutter contre la corruption qui mine le pays. Nous vous admirons et nous vous remercions du fond du coeur. Gabriel Sara
Gabriel Sara
06 h 37, le 19 novembre 2016