Rechercher
Rechercher

Liban - Décharge de Bourj Hammoud

Une nouvelle crise des déchets en perspective ?

Le Tachnag met en garde contre un nouveau rebondissement de la catastrophe écologique.

Le cauchemar des déchets pourrait resurgir. Joseph Eid AFP

Si le juge des référés de Jdeidé Ralph Karkabi a ordonné mardi l'arrêt des travaux de la compagnie Khoury Contracting entrepris sur le site de la décharge de Bourj Hammoud, nombreuses sont les interrogations concernant les motifs de cette décision, d'une part, et un éventuel rebondissement de la crise des déchets, d'autre part.

Interrogées par L'Orient-Le Jour, des sources judiciaires pensent savoir que M. Karkabi s'est basé sur des documents et des vidéos authentiques qui confirment que la compagnie Khoury Contracting ne respecte pas le contrat conclu avec le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR). « Ce dernier stipule que la compagnie (chargée de construire une digue marine, de traiter la montagne des déchets et de mettre en place une décharge sanitaire côtière temporaire à Bourj Hammoud) traite les ordures et les trie. Or ce contrat n'est pas appliqué », ajoute-t-on de mêmes sources, avant de poursuivre : « Avant de prendre sa décision, le juge des référés a accordé audience à un expert qui a confirmé la teneur de ces propos. »

Dans les mêmes milieux, on fait état d'une note adressée par le ministère de l'Environnement la semaine dernière à la compagnie de l'entrepreneur Dany Khoury, l'invitant à effectuer une étude d'impact environnemental de son action. À son tour, Paul Abi Rached, président du Mouvement écologique libanais, s'est dit satisfait de la décision du juge des référés de Jdeidé, vu les dommages que cause « la montagne de déchets » aux habitants du Metn. À L'OLJ, M. Abi Rached a indiqué que « la montagne de déchets est une infraction aux lois environnementales actuellement en vigueur ».

Selon l'écologiste, « tout comme nous, les Kataëb avaient raison de s'opposer à la décharge de Bourj Hammoud, et aujourd'hui, la décision du juge Ralph Karkabi est venue confirmer notre position ». « Si le plan Chehayeb n'était pas illogique et ne portait pas atteinte à la santé publique, nous n'aurions pas pu nous y opposer, d'autant qu'il émane des autorités publiques », a souligné Paul Abi Rached.
À une question concernant un éventuel rebondissement de la crise des déchets, l'écologiste a estimé que « la décision judiciaire n'entrave pas l'application du plan élaboré par le ministre sortant de l'Agriculture, et donc les ordures ne devraient pas s'empiler à nouveau dans les rues du Metn ». « Le juge Karkabi voudrait peut-être lire le contrat signé avec le CDR avant la poursuite des travaux », a-t-il noté.
« La décision du juge des référés de Jdeidé nous a donné une bouffée d'oxygène, dans la mesure où elle nous a permis de confirmer que le pouvoir judiciaire libanais est désormais juste et capable de prendre les décisions à même de préserver la santé des citoyens et leurs intérêts », a encore dit M. Abi Rached.

 

(Lire aussi : La justice ordonne l’arrêt des travaux à Bourj Hammoud)

 

Les Kataëb : « Un pas énorme »
Du côté de Saïfi, on préfère mettre l'accent sur la nécessité de poursuivre la lutte pour préserver le droit des citoyens à une vie digne. À L'OLJ, des sources au sein du parti Kataëb ont indiqué que « pour la formation du député Samy Gemayel, la question des déchets est principalement liée à la dignité humaine ». Selon les mêmes sources, « nous avons assisté à une sorte d'acte criminel de la part de l'État à l'encontre des citoyens, et c'est à cela que le parti s'est opposé ».

Dans les mêmes milieux, on est soucieux de souligner que « les Kataëb n'ont pas mené leur bataille dans une logique politicienne. Preuve en est, ils n'ont pas manqué de se retirer du gouvernement Salam et d'être sur le terrain pour défendre cette cause ». Les sources proches de M. Gemayel ont même été jusqu'à placer la décision judiciaire dans un contexte plus large : « Elle est un pas énorme qui marque l'indépendance du pouvoir judiciaire par rapport au législatif et à l'exécutif. Elle devrait toutefois faire l'objet d'un suivi pour assurer le respect par le Liban des grands traités internationaux dont il est signataire. »

 

(Pour mémoire : Les ordures dans les rues, l'arme du chantage)

 

Le Tachnag : « Nous ne sommes pas une association caritative »
Parallèlement à cette atmosphère positive, le parti Tachnag semble craindre une nouvelle phase de crise des déchets que causerait la décision judiciaire. Joint par L'OLJ, Avédis Guidanian, secrétaire général adjoint du parti arménien, a déclaré sans détour : « Si cette décision est mise à exécution, les déchets s'empileront à nouveau dans les rues. » Pour rappel, le parti Tachnag et la municipalité de Bourj Hammoud s'étaient farouchement opposés au sit-in effectué par les Kataëb en août dernier à l'entrée de la décharge, estimant que ce mouvement de contestation avait ramené les monticules de déchets au Metn. « Lorsque nous avons accepté la solution temporaire (appliquée actuellement), nous l'avions approuvée – pour une période transitoire de quatre ans – parce qu'elle stipulait le traitement de la montagne de déchets parallèlement à la mise en place d'une décharge sanitaire », a rappelé M. Guidanian, avant de poursuivre : « Si cet accord n'est pas appliqué à la lettre, nous ne pourrons plus recevoir les déchets. »
« Nous ne sommes pas une association caritative et c'est à l'État d'assumer les conséquences de ses décisions », a conclu Avédis Guidanian.

 

Pour mémoire

Des ouvriers de Sukleen en grève, les ordures s’amoncellent...

Appel d’offres de la collecte : Sukleen écartée au profit de Soriko

« Les solutions temporaires ne mettront pas fin à la crise des déchets »

Jugerons-nous un jour nos responsables pour tant d’imprévoyance criminelle ?

Déchets : encore et toujours des palliatifs, en attendant la prochaine crise

 

Voir aussi
"Nos poubelles sont plus propres que nos politiciens !" : paroles de Libanais excédés

 

Repère
Liban : retour sur un an de crise des déchets

Si le juge des référés de Jdeidé Ralph Karkabi a ordonné mardi l'arrêt des travaux de la compagnie Khoury Contracting entrepris sur le site de la décharge de Bourj Hammoud, nombreuses sont les interrogations concernant les motifs de cette décision, d'une part, et un éventuel rebondissement de la crise des déchets, d'autre part.
Interrogées par L'Orient-Le Jour, des sources judiciaires...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut