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Liban - crise

Déchets : encore et toujours des palliatifs, en attendant la prochaine crise

Des inconnus ont mis le feu hier à plusieurs pneus jetés dans une décharge improvisée sur la route côtière de Dbayé, bloquant les automobilistes dans leurs véhicules. Photo Ani

Après la dernière crise des déchets provoquée par la fin du contrat entre Sukleen et l'État et la fermeture de la décharge de Naamé il y a un an, une autre crise similaire est apparue à la suite de la fermeture par le parti Kataëb, durant une vingtaine de jours, du dépotoir de Bourj Hammoud. Cette nouvelle crise tarde à se résorber malgré la réouverture de cette décharge.

La situation sur ce plan durant ce mois de septembre n'a fait qu'empirer avec l'amoncellement des déchets sous un soleil de plomb, alors que nous assistons à la passivité choquante d'un gouvernement qui s'abstient de prendre en considération ou même d'examiner les alternatives proposées par des spécialistes pour rationaliser la gestion des déchets.

Certes, il est facile de critiquer le parti Kataëb, notamment en la personne de son chef, le député Samy Gemayel, qui a cru bien faire en mettant en exergue le caractère provisoire et non viable à long terme des dépotoirs, sites d'enfouissement et décharges comme destination finale des déchets. M. Gemayel a proposé de décentraliser la gestion des déchets qui devrait être, selon lui, du ressort des municipalités. Sur le principe, le leader des Kataëb ne peut qu'être loué pour avoir réagi en alertant l'opinion publique contre le danger du dépotoir de Bourj Hammoud. Plusieurs municipalités se sont déjà mises à l'œuvre en aménageant leurs propres centres de tri et même des usines de traitement et de recyclage. Il reste que certaines régions du Metn ploient sous une mare de pourriture qui ne fait qu'augmenter les menaces sur la santé publique. La décharge de Bourj Hammoud est rouverte, certes, mais encore une fois, nous devons attendre quelques semaines, jusqu'au 7 octobre, paraît-il, avant que la baguette magique de Sukleen n'arrive à bout des monticules de sacs blancs étanches qui ont envahi les autoroutes et les recoins des quartiers, rendant le trafic plus infernal qu'il ne l'était déjà.

Nul ne saurait occulter une réalité évidente : la gestion des déchets devrait être prise en charge par le gouvernement, tous ministères confondus, en urgence, car il y va de la santé des Libanais. Le peuple, quant à lui, est apathique et ne réagit plus, tout comme les médias qui, pourtant, l'été dernier, avaient placé leurs caméras et leurs journalistes en plein centre-ville pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il mette un terme à la crise.


(Tribune : Les Kataëb et la crise des déchets)

 

Face au désastre, le tri à la source, la construction d'usines de traitement et le recyclage des déchets sont devenus un besoin vital et incontournable afin de minimiser l'impact nocif des sacs d'ordures jetés dans la rue.
Ce qui aggrave davantage la situation, c'est la passivité de certaines municipalités qui ont fermé l'œil ces derniers jours sur l'incinération mystérieuse des déchets. Des taux importants de dioxine cancérigène et de métaux lourds sont dégagés dans l'air. Hier, au niveau de Dbayé, des inconnus ont mis le feu à une décharge improvisée sur la route côtière, en l'alimentant avec des pneumatiques. La fumée noire a rendu la visibilité médiocre pour les automobilistes qui ont été bloqués dans leurs voitures pour un long moment. Ce spectacle désolant devient récurrent dans plusieurs autres régions où les responsables locaux sont dépourvus de moyens pour évacuer les sacs empilés depuis une vingtaine de jours.

 

(Lire aussi : « Les solutions temporaires ne mettront pas fin à la crise des déchets »)


Le ministère de l'Intérieur
Pour sa part, le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk a déclaré mercredi que c'est le ministère de l'Intérieur qui est responsable de la gestion des déchets et non pas son ministère. M. Machnouk a précisé, lors d'une conférence sur le financement des projets énergétiques à Dbayé, que son ministère était uniquement responsable de la réalisation d'une étude sur l'impact environnemental de la crise.
Il a appelé par ailleurs la société civile à œuvrer aux côtés des municipalités pour le tri, le compostage et le recyclage des déchets, au lieu de simplement « publier des déclarations et organiser des sit-in ».

Sur un autre plan, les habitants de Kfour, dans le caza de Nabatiyeh, au Liban-Sud, ont annoncé mercredi une « escalade » pour protester contre la transformation du centre de tri des déchets de la localité en décharge. Ils estiment que plusieurs municipalités environnantes utilisent l'entourage du centre de tri, situé dans la vallée de Kfour, pour décharger leurs déchets. Ils ont par ailleurs relevé le danger des toxines dégagées par les ordures qui auraient provoqué trois cas supplémentaires de cancer parmi les habitants. Le vice-président du conseil municipal de Kfour a affirmé à l'agence al-Markaziya la volonté des habitants de la localité à recourir à l'escalade si le tri ne se fait pas dans des conditions sanitaires bien déterminées ou si les déchets ne sont pas transportés dans les plus brefs délais.

 

 

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commentaires (3)

Comment voulez-vous que le peuple, voyant ce que font, ou plutôt ne font pas nos IRRESPNSABLES... soit plus responsable qu'eux ??? Ils savent trop bien que personne ne demandera des comptes, ni aux IRRESPONSABLES, encore moins à eux...alors...vogue la galère libanaise !!! Irène Saïd

Irene Said

15 h 05, le 22 septembre 2016

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Commentaires (3)

  • Comment voulez-vous que le peuple, voyant ce que font, ou plutôt ne font pas nos IRRESPNSABLES... soit plus responsable qu'eux ??? Ils savent trop bien que personne ne demandera des comptes, ni aux IRRESPONSABLES, encore moins à eux...alors...vogue la galère libanaise !!! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 05, le 22 septembre 2016

  • LES BALLETS... DES DECHETS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 57, le 22 septembre 2016

  • Dans ce même ordre d’idées il a été commenté et reproché « aux Arméniens le droit de régner sur Borj-Hammoud... » dixit. Une mise au point s’impose : - Les arméniens sont devenus libanais à la même date que le reste de la population, tous étaient citoyens ottomans avant le recensement de 1932. - La communauté arménienne s’est toujours soumise aux lois libanaises et comptent dans leurs rangs d’éminents juristes, juges, représentants du peuple etc. - L’apport de cette communauté à l’économie, les arts, la littérature et j’en passe. - Il est déplacé et même insultant envers cette communauté qui a tant donné au Liban de les citer faisant allusion à Aïn-el-Helwé.

    Emile Antonios

    12 h 57, le 22 septembre 2016

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