Le président libanais Michel Aoun s'est rendu jeudi à Bkerké pour un entretien avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï. Il s'agit de la première visite officielle du chef de l’État depuis son élection à la magistrature suprême, le 31 octobre.
Accompagné du chef du Courant patriotique libre fondé par M. Aoun et ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, il a été reçu au siège du patriarcat maronite par Mgr Raï et les participants au conseil des évêques catholiques. A l'issue d'une messe célébrée par le chef de l’Église maronite, ce dernier et M. Aoun se sont exprimés.
"Votre élection a uni les formations politiques et les composantes du peuple, prélude à une réconciliation nationale", a déclaré Mgr Raï s'adressant à M. Aoun. Il a ajouté que le nouveau mandat constituait une "occasion de mettre en œuvre l'accord de Taëf", indiquant que "la présidence de la République et le patriarcat maronite sont appelés à travailler ensemble".
Le patriarche a en outre appelé à la formation d'un gouvernement "rassemblant l'ensemble des composantes". "Il ne peut être question de remplacer 'le panier de conditions' par le veto contre tel ou tel et de s'accrocher à des portefeuilles. Ceci est anticonstitutionnel et contre l'entente nationale", a ajouté Mgr Raï,
Le "panier de conditions" fait référence au package-deal proposé il y a plusieurs semaines par le président de la Chambre, Nabih Berry, prévoyant une élection présidentielle, la formation d'un nouveau gouvernement et l'adoption d'une nouvelle loi électorale. L'Église maronite ainsi que la majorité des forces politiques avaient alors estimé que le futur chef de l'État ne devrait pas se retrouver lié par des conditions préalables.
"La nécessité de conclure de nouvelles ententes dans le cadre d'un package-deal que nous exprimions montrait notre attachement à surmonter les obstacles qui pouvaient assombrir le début du nouveau mandat", a répondu le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel-Amir Kabalan, vice-président du Conseil supérieur chiite.
(Lire aussi : Un gouvernement en fin de semaine)
La corruption "gangrène le pays"
Mgr Raï a également appelé à l'adoption d'une loi électorale" assurant la représentativité de tous". M. Aoun a fait de l'adoption d'une nouvelle loi électorale une priorité de son début de mandat. Des élections législatives sont prévues au milieu de l'année 2017 après plusieurs prorogations du mandat des députés.
Prenant à son tour la parole, Michel Aoun a dénoncé la corruption qui "gangrène le pays", ainsi que "la détérioration des institutions" et "la faillite du pouvoir". Dans son discours d'investiture, M. Aoun avait longuement insisté sur la nécessité de lutter contre la corruption.
M. Aoun a par ailleurs dénoncé la prorogation du mandat des députés qui a, selon lui, entraîné "l'affaiblissement des institutions". Il s'est aussitôt attiré une réplique du président du Parlement, Nabih Berry : "La prorogation était effectivement une mauvaise chose mais la paralysie de l'élection présidentielle était plus grave encore pour les institutions, notamment pour le Parlement". Le chef de l'État avait critiqué à plusieurs reprises "l'illégitimité" du Parlement à la suite de cette prorogation. En réponse à ces propos, M. Berry avait déclaré le jour de l'élection de M. Aoun que ce dernier était un "membre légitime" du Parlement.
Sur le plan régional, le chef de l'État libanais a déclaré que la région vivait "l'une des périodes les plus difficiles en raison de la situation des chrétiens". Mercredi, le président libanais avait reçu au palais de Baabda le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, et plusieurs ordres religieux, venus le féliciter.
Avant de se rendre à Bkerké, Michel Aoun a reçu à Baabda Ibrahim Kanaan, président de la commission parlementaires des Finances et membre du Courant patriotique libre. Les questions financières, les lois liées au vote du budget et aux comptes publics étaient au menu de leur entretien, ont indiqué plusieurs médias locaux. Aucun budget n'a été voté par le Parlement depuis 2005. Plus tôt dans la matinée, le chef de l'État avait reçu le ministre sortant de la Défense Samir Mokbel.
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LA RECONCILIATION NATIONALE A BESOIN DE LA BONNE VOLONTE DE TOUT LE MONDE SANS EXCEPTION AUCUNE... LA COMMUNAUTE CHIITE... EN TANT QUE TELLE... A CERTAINES REVENDICATIONS JUSTES LESQUELLES IL FAUT DISCUTER ET S,ENTENDRE AVEC ELLE... MAIS UNE FOIS LE GOUVERNEMENT FORME ET LA NOUVELLE LOI ELECTORALE AGREE !
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 49, le 18 novembre 2016