Les Américains se rendaient aux urnes mardi pour une élection présidentielle aux enjeux historiques entre le républicain populiste Donald Trump et la démocrate Hillary Clinton, bien placée pour devenir la première femme élue à la Maison Blanche.
Cette journée clôt une longue campagne au ton d'une violence sans précédent, et le résultat est attendu avec nervosité dans le monde entier, car les deux candidats ont des visions radicalement opposées sur l'avenir de la première puissance mondiale.
Le pays en sort extrêmement divisé, huit ans après l'élection de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, qui avait soulevé l'espérance d'un pays rassemblé. Signe des passions que déchaîne cette élection, Donald Trump a été accueilli par quelques huées mardi matin en allant voter dans une école de Manhattan. "New York te déteste", lui ont lancé des électeurs et des passants.
De longues files d'attente s'étiraient bien souvent mardi devant les bureaux de vote partout dans le pays, ont rapporté des journalistes de l'AFP. Le nom du vainqueur ne devrait pas être connu avant 03H00 GMT mercredi.
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A New York, en plein coeur du district de Staten Island, de loin le plus républicain de la ville, le bureau de vote situé dans l'école Thomas Dongan était animé en milieu de journée. Katie Kope, jeune femme blonde de 19 ans, a voté pour la première fois. "J'étais vraiment excitée." Elle arbore fièrement son autocollant "I voted" ("J'ai voté"). Elle se considère républicaine, "sauf pour les questions sociales", et a voté Trump. "J'hésitais un peu entre les deux (candidats), mais je n'ai pas confiance en Hillary, donc c'est ça qui a fait pencher la balance", dit-elle.
La candidate démocrate a voté de bonne heure, peu après 08H00 (13H00 GMT) dans une école proche de son domicile de Chappaqua, dans l'Etat de New York. Attendue plus d'une heure par une foule enthousiaste d'environ 150 personnes, elle était accompagnée de son époux, l'ancien président Bill Clinton, souriant et protecteur.
Les regards sont braqués sur quelques Etats-clés qui pourraient faire la décision, en premier lieu la Floride, où les sondages prédisent un score très serré. "Il est temps qu'une femme porte la culotte", lance Leonor Perez, 74 ans, en votant Clinton à Hialeah, près de Miami. Mais il faudra aussi surveiller l'Ohio, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et quelques autres Etats qui pourraient faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.
Continuité
Quelque 42 millions d'Américains, sur les près de 225 millions ayant le droit de vote, se sont déjà exprimés de façon anticipée pour éviter les files d'attente de mardi.
Après un resserrement des sondages pendant la dernière semaine, Hillary Clinton avait mardi clairement la faveur des pronostics. Les marchés, qui préfèrent de loin la continuité incarnée par la candidate démocrate, sont clairement orientés à la hausse depuis lundi.
A 69 ans, Hillary Clinton espère entrer dans l'histoire comme la première femme présidente des Etats-Unis, après 44 présidents depuis George Washington en 1789. Elle entend se placer dans les pas de Barack Obama qui a multiplié les déplacements de campagne pour la faire élire. Figure politique depuis 25 ans, la moitié des Américains ne l'apprécient guère, doutant de son honnêteté. Mariée à l'ancien président Bill Clinton (1993-2001), elle a été tour à tour Première dame, sénatrice de New York puis secrétaire d'Etat de Barack Obama. Hyper-disciplinée, elle connaît ses dossiers sur le bout des doigts mais sa personnalité suscite peu d'enthousiasme.
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Obama joue au basket
Donald Trump, 70 ans, drapé dans la cape de l'outsider, espère lui créer la surprise d'un "Brexit puissance trois", référence au vote surprise des Britanniques pour sortir de l'Union européenne.
Grand pourfendeur de l'élite politique qui a selon lui "saigné le pays à blanc", Donald Trump, imprévisible, accusé de xénophopbie et de sexisme par ses adversaires, n'a jamais occupé le moindre mandat électif. Il s'est présenté comme l'homme du changement face à la corruption supposée des élites et comme la voix des oubliés, auxquels il a promis de "rendre à l'Amérique sa grandeur". Encore plus impopulaire que sa rivale, le milliardaire ancien animateur vedette d'une émission de télé-réalité, "The Apprentice", volontiers brutal, a capitalisé sur la colère et les frustrations d'une classe moyenne blanche angoissée par la mondialisation.
La campagne a été longue et pénible: 82% des Américains s'en sont dits dégoûtés dans un récent sondage. Et à l'étranger, elle a été souvent suivie avec sidération et parfois avec inquiétude. Le président français François Hollande a déclaré mardi qu'il faisait "confiance au peuple américain" pour faire un choix conforme à ses "valeurs".
Les Américains votent aussi mardi pour renouveler 34 des 100 sièges du Sénat à Washington, et les 435 sièges de la Chambre des représentants. Les démocrates espèrent reprendre le Sénat actuellement dominé, comme la Chambre, par les républicains. Douze des 50 Etats américains élisent aussi de nouveaux gouverneurs, et des dizaines de référendums locaux, sur des questions allant de la légalisation de la marijuana à la suppression de la peine de mort sont organisés dans une trentaine d'Etats. La journée électorale s'achèvera par deux soirées "de victoire" organisées par les deux candidats, à New York pour l'une comme pour l'autre.
Loin de cette agitation, Barack Obama, qui a déjà voté à Chicago il y a quelques semaines, s'est adonné à un rituel qui touche à la superstition les jours d'élection: il est allé jouer au basket avec des amis.
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22 h 05, le 08 novembre 2016