Le Liban s'est doté hier d'un président de la République, le général Michel Aoun. C'est la perspective d'un « nouveau début » qui est désormais évoquée par les différentes parties politiques, y compris les opposants à son élection. Il n'est pas sûr toutefois si les parties s'entendent sur les contours du « nouveau début » qu'elles projettent après deux ans et demi de vacance, dans un contexte de conflit régional qui, lui, perdure : faut-il prévoir une gestion politique d'« union nationale », centrée sur la revitalisation socio-économique du pays (comme le prévoit le discours d'investiture du nouveau président), ou bien l'enjeu sera-t-il d'abord de redéfinir les alliances brouillées ou fragilisées par le compromis Aoun, au risque de mettre en péril la marche de son mandat ?
Le déroulement inédit de la séance électorale hier a porté un avant-goût des manœuvres politiques dont pourrait pâtir éventuellement le nouveau mandat. La séance n'a abouti qu'après quatre tours, ce qui en fait la plus longue de l'histoire du pays. Entre le premier tour (où le général Michel Aoun n'a pu recueillir la majorité renforcée des deux tiers) et le quatrième, qui a abouti à son élection à la majorité de 83 voix, un cheminement tendu vers la victoire (laquelle ne sera pas formellement annoncée par Nabih Berry comme le veut la tradition) : l'annulation de deux tours pour non-conformité entre le nombre de participants et le nombre d'enveloppes; l'insertion de pointes plus ou moins légères dans des bulletins de vote annulés ; le glissement d'autres pointes, plus sérieuses, notamment au quatrième tour (un bulletin a porté un nom, Zorba le Grec, du nom du héros de Kazantzaki immortalisé par Anthony Quinn dans le film de Michael Cacoyannis), symbole de liberté inconditionnelle, tandis qu'un autre a relevé la confusion entre « Parlement légitime ou pas légitime », en allusion aux réserves du camp aouniste sur l'autorallonge du mandat du Parlement et sa légitimité à élire un président. Une allusion que réitérera d'ailleurs, mi-figue, mi-raisin, le président de la Chambre à l'adresse du président élu. L'on remarquera en outre que le prolongement artificiel de la séance, éprouvant en soi, aurait contribué à la banaliser, sinon à « réduire l'euphorie du camp aouniste », pour reprendre la formule d'un député centriste.
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Le point sur lequel s'attardent les milieux politiques reste le nombre de votes blancs, 36 au premier et au quatrième tours, dépassant les prévisions officielles d'une dizaine de votes. C'est le bloc du Futur qui aurait fait toute la différence : « Douze à quatorze votes blancs » en auraient émané, selon une source de ce bloc de trente-trois membres, qui n'avait prévu officiellement que cinq à sept dissidences. Du côté du Rassemblement démocratique, ce sont au final trois (et non deux) députés qui ont voté blanc.
Aussi, le président de la Chambre, suspecté par plusieurs députés d'avoir orchestré cette mise en scène, a-t-il proposé de passer outre l'enveloppe supplémentaire dans l'urne et de n'annuler le tour que si le décompte révèle « une différence à une voix près ». Le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, le seul à avoir dénoncé la légèreté d'une telle démarche, est, du reste, celui dont le bloc de cinq membres a observé une opposition de principe à l'élection de Michel Aoun. Ce sont cinq bulletins marqués du sceau de la révolution du Cèdre qui seront lus, comme un énoncé solitaire de principes jadis retentissants...
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Certes, les milieux du courant du Futur parient sur le fait que le nouveau président a le sentiment « d'être investi d'une mission suprême de sauver le pays ». Il entendrait faire preuve d'une équidistance irréprochable à l'égard de toutes les parties. Ce qui aurait fait dire d'ailleurs au député Ahmad Fatfat, qui félicitait le nouveau président à l'hémicycle : « J'espère que vous nous prouverez le tort de ne pas avoir voté pour vous. »
Certains garde-fous de bonne gouvernance, de stabilité et de respect des textes, ont émané de propos de hauts diplomates présents au Parlement. Force est de relever la récurrence des références à la déclaration de Baabda dans les réactions de diplomates internationaux et occidentaux à l'élection de Michel Aoun. D'ailleurs, ce dernier a écarté toute référence à la résistance du Hezbollah en tant que tel dans son discours d'investiture, et mis l'accent sur la nécessité de tenir le Liban à l'écart des conflits régionaux.
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À une question de L'OLJ sur ce que l'élection de Michel Aoun nous dit sur la situation du Liban par rapport à la région, l'ambassadeur de Russie, Alexandre Zasypkine, a répondu que « le Liban est désormais une partie active à la lutte contre le terrorisme dans la région ». Il a ainsi salué la tenue de la présidentielle, fruit de « la mobilisation de Saad Hariri que nous avons soutenue, comme nous l'avons fait de toutes les précédentes initiatives de déblocage ». Il s'est dit « confiant » que ce sera le début de « la sortie de crise pour le Liban ».
Pourtant, à l'échelle des rapports de force internes, rien ne semble moins sûr.
Le député Estephan Doueihy, du bloc des Marada, évoque à L'OLJ l'éventualité d'une « formule nationale globale qui assimilerait toutes les alliances », mais confirme que le bloc des Marada demeure pour l'heure « exclu des concertations autour du prochain gouvernement ».
Le député Yassine Jaber, membre du bloc berryiste, se focalise sur l'enjeu de « rapiécer les alliances endommagées par le vide ». Il se dit « confiant que nous parviendrons à nous unir », mais y pose comme condition préalable « le fait que d'aucuns n'inversent le jeu... parce que l'on ne peut applaudir avec une seule main ».
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Ces propos semblent renvoyer d'une manière élusive à une information rapportée de sources concordantes : à la seconde où le général Michel Aoun a été élu, le Hezbollah est revenu vers son autre allié, le mouvement Amal. Désormais, tout ce que le parti de Nabih Berry n'approuvera pas, le Hezbollah ne le cautionnera pas. Sans Amal, la représentativité chiite ne serait pas assurée au prochain gouvernement. Ainsi, la rhétorique du Courant patriotique libre sur le pacte national et la représentativité « forte et légitime » pourraient se retourner contre lui...
Pour l'instant, le président Aoun entend procéder prestement à la formation du cabinet : il doit entamer demain et jeudi les consultations parlementaires à cette fin. Le leader des Forces libanaises Samir Geagea a vite fait d'annoncer hier soir que son parti plébiscitera Saad Hariri à la présidence du Conseil. Mais rien le laisse toutefois croire que les dés sont d'ores et déjà jetés. Des milieux pro-Assad du 8 Mars défendent l'avis selon lequel l'élection de Michel Aoun aurait fait suite à un compromis irano-américain qui aurait laissé Damas sur la touche. À la veille de l'élection de Michel Aoun, pourtant félicité hier par le président syrien, le régime Assad a réclamé officiellement et sans préavis que l'État libanais lui remette les 105 tanks et près de cent mille roquettes que Damas avait offerts au Liban il y a 27 ans... un message qui sonne comme un rappel à l'ordre du nouveau régime.
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JE CROIS FERMEMENT QUE LE GENERALISSIME PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A CHANGE DEPUIS PAS MAL DE TEMPS ET QU,IL VA RETABLIR L,ETAT ET LES INSTITUTIONS ET RESPECTER LE PACTE NATIONAL ET LA CONSTITUTION ET REUNIR TOUT LE PAYS AUTOUR DE LUI... RETABLISSANT LE DIALOGUE NATIONAL ET REVISANT LES DROITS DE TOUTES LES COMMUNAUTES PAR LE DIALOGUE ET L,ENTENTE... GRANDE RAISON POUR LE SUPPORTER AVEC FERMETE !
21 h 37, le 01 novembre 2016