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Liban - Présidentielle

L’élection de Aoun dictée par la nécessité de survie, affirme Hassan Rifaat

Les bulletins de vote accordés hier à la chanteuse Myriam Klink, à « Zorba le Grec » (Anthony Quinn dans le film du même nom de 1964, tiré du roman Alexis Zorba de Nikos Kazantzaki) ou encore à la députée aouniste Gilberte Zouein, souffre-douleur de l'Assemblée, n'ont en rien entaché la procédure ou la légalité de l'élection du chef de l'État, Michel Aoun.

La valse des enveloppes additionnelles non plus, qui se sont faufilées à deux reprises dans l'urne, sans que personne ne comprenne pourquoi elles se trouvaient là. Qu'elles aient été glissées par inadvertance, par humour ou tout simplement par mauvaise foi dans un objectif de saper la légitimité de la consultation par le biais d'un éventuel recours en invalidation, la « blague » des enveloppes n'aura pas eu plus d'effet que la demi-heure de divertissement à laquelle ont eu droit les observateurs de ce scrutin, nombreux hier, dont le corps diplomatique et les hauts fonctionnaires de la République. En bref, et même si certaines voix amères l'ont exprimé, dit d'une et mille manières, l'élection d'un chef de l'État n'a rien d'une mascarade aussi bien dans la forme qu'au niveau de ses objectifs en termes de survie de l'État. C'est ce que pense en tous les cas le professeur à la faculté de droit de l'USJ Hassan Rifaat auquel L'OLJ a posé trois questions express.

 

(Lire aussi : Aoun président, mais l'incertitude reste de mise)

 

Le député Samy Gemayel a contesté le non-respect du principe du vote secret lors de l'élection et réclamé que soit amendé le règlement interne. Qu'en pensez-vous ?
Selon moi, la procédure a été respectée et s'est déroulée dans la légalité. Chaque député est libre de voter pour qui lui plaît, à condition que ce candidat remplisse les conditions d'éligibilité.
Au final, le parlementaire peut choisir le nom qu'il veut sur son bulletin de vote à condition que le nom du ou des candidats officiellement en lice ne soit accompagné d'aucune autre mention donnant des indications sur son intention de vote. Il faut toutefois savoir que les déclarations des intentions de vote faites oralement, avant l'opération électorale ou même après, par les députés font partie de la liberté d'expression et du droit politique du parlementaire qui peut rendre public son choix dans le cadre de la campagne électorale par exemple.


(Lire aussi : Présidentielle : les acteurs économiques espèrent le changement et les réformes)



Le mot d'« élection mascarade » a énormément circulé ces derniers jours, notamment sur les réseaux sociaux. L'expression est-elle justifiée selon vous ?
Il y a certes eu un renversement majeur des alliances depuis deux ans et demi. Mais on ne peut comprendre ce retournement de situation si l'on ne prend pas en considération les changements des circonstances politiques, notamment depuis que les Forces libanaises ont scellé une entente avec le CPL et depuis que le courant du Futur a décidé de soutenir la candidature du général Michel Aoun. On ne peut pas ignorer non plus le changement au sein de l'opinion publique, désormais consciente des risques et des incertitudes qui menacent le pays. La liesse populaire dont on a témoigné dans les rues est tout de même patente.
Aujourd'hui, le mot d'ordre est le suivant : il s'agit de la survie du pays qui passe avant tout et qui est prioritaire à toute autre considération. Avec la guerre qui gronde à nos frontières, la menace jihadiste plus pernicieuse que jamais, mais aussi le risque de l'effondrement de l'économie et de la livre libanaise, se sont autant de dangers sérieux qui constituent ce qu'on appelle même en droit public « les circonstances exceptionnelles », voire une « situation de crise ».

 

(Lire aussi : L'interminable séance électorale et ses cafouillages font le bonheur des twittos)

 

Une large partie des Libanais ressent cependant une amertume sur la manière dont cette échéance a été gérée depuis le début, depuis le forcing effectué en faveur de Michel Aoun jusqu'à l'élection d'un président par une Assemblée au mandat prorogé...
Je suis contre le juridisme et l'interprétation littérale et exégétique du droit qui ne prennent en compte que les textes. Le droit est fait pour prendre en considération l'intérêt du peuple notamment et sa survie au regard des circonstances en cours.
Lorsqu'on est en bonne santé, on peut plus facilement discourir sur la moralité derrière l'euthanasie que lorsque nous sommes en face de la souffrance d'un proche. Au lieu de parler de mascarade, il faut plutôt que l'on se félicite pour cette réalisation. Dans une région en ébullition comme la nôtre et dans un pays encerclé par le feu comme le Liban, c'est un vrai luxe que nous venons de nous offrir. La nature a horreur du vide. Le vide qui prévalait aurait pu être rempli par le pire.

 

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La valse des...

commentaires (3)

"Aujourd'hui, le mot d'ordre est le suivant : il s'agit de la survie du pays qui est prioritaire à toute autre considération. Avec la guerre, entre autres, qui gronde à nos frontières (et des milices du héZébbb-là, même au-delà, mahééék n'est-ce pas?), se sont autant de dangers sérieux qui constituent ce qu'on appelle même en droit public « les circonstances exceptionnelles », voire une « situation de crise »." ! Et non "Collaborationnisme" ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 59, le 01 novembre 2016

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Commentaires (3)

  • "Aujourd'hui, le mot d'ordre est le suivant : il s'agit de la survie du pays qui est prioritaire à toute autre considération. Avec la guerre, entre autres, qui gronde à nos frontières (et des milices du héZébbb-là, même au-delà, mahééék n'est-ce pas?), se sont autant de dangers sérieux qui constituent ce qu'on appelle même en droit public « les circonstances exceptionnelles », voire une « situation de crise »." ! Et non "Collaborationnisme" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 59, le 01 novembre 2016

  • Droit dans le fil du réalisme, indispensable pour la survie du Liban, seul pays "vraiment libre" dans la région...donc un succès national

    Chammas frederico

    14 h 07, le 01 novembre 2016

  • "Le vide qui prévalait aurait pu être rempli par le pire". Ce sont les prochains mois qui nous diront si ce n'est pas effectivement le cas.

    Yves Prevost

    06 h 54, le 01 novembre 2016

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