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Économie - Finance

Pour son premier emprunt international, l’Arabie saoudite bat un record

Confronté à une baisse de ses revenus pétroliers, le royaume a levé hier 17,5 milliards de dollars sur le marché obligataire pour faire face à son déficit budgétaire massif.

L’Arabie saoudite a enregistré l’an dernier un déficit budgétaire record de 98 milliards de dollars, l’équivalent de 15 % du PIB, et multiplie les efforts pour le réduire. Fayez Nureldine/AFP

L'Arabie saoudite a bouclé hier la plus importante émission d'obligations souveraines jamais réalisée par un pays émergent en empruntant 17,5 milliards de dollars après avoir suscité une demande près de quatre fois supérieure à l'offre.

L'ampleur de la demande, bien supérieure à celle anticipée par les observateurs, a profité de la faiblesse des taux d'intérêt offerts aux investisseurs et de la frustration ressentie par certains fonds face à la rareté des actifs assurant des rendements appréciables.

La réussite de l'opération a été favorisée par un rebond des prix du pétrole à plus de 50 dollars le baril, alors qu'ils stagnaient à 30 dollars le baril en début d'année. Ce rebond fait suite à la décision de l'Opep de limiter la production de pétrole pour soutenir les cours.
Mais au-delà du contexte général, cette forte demande marque un succès réel pour le royaume, qui s'efforce de convaincre les investisseurs qu'il peut s'adapter à la baisse de ses revenus pétroliers et réduire à terme sa dépendance vis-à-vis de l'or noir.

Le cabinet londonien Capital Economics estime que l'émission obligataire d'hier pourrait suffire à elle seule à couvrir un tiers du déficit budgétaire attendu l'an prochain et la quasi-totalité du déficit des comptes courants, ce qui devrait interrompre la fonte des réserves de change.
« Cela devrait apaiser les craintes récurrentes de dévaluation du riyal. L'emprunt obligataire va faire monter le ratio dette / produit intérieur brut de l'État mais comme il part de bas, ce n'est pas réellement préoccupant », explique Capital Economics.

Le montant de l'emprunt saoudien éclipse le record établi en avril par l'Argentine, qui avait levé 16,5 milliards de dollars lors de son retour sur les marchés internationaux après une longue période d'exclusion. Une personne proche de l'opération a déclaré que la demande avait atteint 67 milliards de dollars, un montant proche de celui suscité par l'Argentine (69 milliards).

 

Plan de réforme
Pour préparer le terrain, des responsables saoudiens avaient multiplié les réunions de présentation aux investisseurs ces derniers jours à Londres et aux États-Unis, mettant en avant des projets de réforme ambitieux qui prévoient une forte diminution des dépenses publiques et le développement des activités non pétrolières.

L'Arabie saoudite a enregistré l'an dernier un déficit budgétaire record de 98 milliards de dollars, l'équivalent de 15 % du PIB, et multiplie les efforts pour le réduire. Le royaume s'est donc tourné cette année vers les marchés internationaux pour financer une partie de ce déficit, après avoir eu recours à l'emprunt sur le marché intérieur. Mais les investisseurs nationaux, assoiffés de pétrodollars, avaient commencé à se désintéresser des bons du Trésor saoudiens.
Le succès de l'emprunt obligataire devrait servir de référence pour de nouvelles émissions de dette, que ce soit par l'État ou par de grandes entreprises.

 

Redynamiser les marchés
Il pourrait également être de bon augure pour l'autre grand projet de Riyad : l'introduction en Bourse de la compagnie pétrolière d'État Saudi Aramco. Prévue pour l'instant en 2018, cette mise sur le marché devrait permettre au royaume de lever plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Selon Mohieddine Kronfol, chef des investissements du Moyen-Orient chez Franklin Templeton Investments, cette première émission va redynamiser les marchés financiers saoudiens.
« Cet emprunt va non seulement aider le royaume à développer son marché de la dette en y introduisant un type d'investisseur plus sophistiqué, mais il aura également des retombées positives » pour l'ensemble des pays du Conseil de coopération du Golfe « puisque les investisseurs mondiaux ont à présent les yeux tournés pour longtemps vers la région », a-t-il précisé.

Les obligations émises hier l'ont été à des prix moins élevés qu'attendu par de nombreux investisseurs. La tranche de 5,5 milliards de dollars à cinq ans a été lancée à 135 points de base (pdb) au-dessus des emprunts d'État américains, la tranche à dix ans, de 5,5 milliards également, à 165 pdb au-dessus des bons du Trésor américain et la tranche à 30 ans, de 6,5 milliards, à 210 pdb au-dessus.

Des spécialistes ont dit avoir été particulièrement surpris par le bon accueil réservé à la tranche la plus longue malgré les incertitudes qui pèsent sur les revenus pétroliers saoudiens sur le long terme. « Ils ont réussi à fixer des prix très serrés : 210 pdb, c'est 25 points en-dessous des indications initiales, ce qui est très important et montre clairement que la demande a été énorme sur le 30 ans », a dit un banquier.

 

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