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Économie - Énergie

Électricité : la hausse de production se fait attendre

Électricité du Liban envisage d'augmenter ses tarifs lorsque sa production aura été améliorée, mais cette dernière ne semble pas prévue de sitôt.

Les nouveaux moteurs inversés devraient être délivrés d’ici à la fin du mois pour Jiyeh et à la fin du mois de novembre pour Zouk. Photo P.B.H

La hausse progressive des tarifs d'Électricité du Liban (EDL), une des mesures annoncées dans le cadre du plan global pour l'énergie lancé en juin 2010 par Gebran Bassil – qui prévoyait du courant 24 heures sur 24 dès 2015 –, a été remise à l'ordre du jour à la fin de septembre dernier. Le fournisseur d'électricité a ainsi dévoilé qu'il envisagerait d'augmenter ses tarifs au fur et à mesure de l'amélioration de sa production : « Nous avons remis au ministère de l'Énergie et de l'Eau une étude approuvée à l'unanimité par le conseil d'administration d'EDL le 22 juin 2016, qui sera transmise au Conseil des ministres, seul habilité à décider d'une hausse éventuelle », a indiqué à L'Orient-Le Jour une source à la direction d'EDL.

« Une hausse de la production d'électricité entraînerait directement une augmentation de la consommation de carburant et creuserait donc le déficit public », continue la source précitée. Car, malgré la baisse du prix du pétrole, les transferts du Trésor à EDL constituent toujours le troisième poste de dépenses publiques. « Entre 2011 et 2015, (l'État a dépensé) 9,2 milliards de dollars pour couvrir les achats de carburant d'EDL, soit 1,8 milliard de dollars par an en moyenne », note une étude menée par Blominvest Bank

 

(Lire aussi : Une deuxième société privée en lice pour produire de l'électricité à Tripoli)

 

Gabegie administrative
Pourtant, cette hausse de la production – qui devrait donc s'accompagner d'une hausse des tarifs – ne semble pas près de se concrétiser de sitôt. Les grands projets censés augmenter la production nationale d'électricité restent pour l'instant bloqués, victimes de la gabegie administrative du gouvernement, en témoignent les plus importants d'entre eux : la construction d'une nouvelle centrale électrique à Deir Ammar, d'une capacité de production de 841 MW, ainsi que la construction et la mise en fonction de nouveaux moteurs inversés de 272 MW dans les centrales de Zouk et Jiyeh.

« Le projet de construction de la nouvelle centrale électrique à Deir Ammar est suspendu depuis plusieurs années, pour des raisons n'ayant aucun lien avec EDL », se justifie la source précitée, sans pour autant dévoiler ces raisons. Un article paru dans Le Commerce du Levant en mars 2015 faisait déjà état d'un blocage du projet depuis 10 mois, « la compagnie chypriote J&P Avax, chargée en avril 2013 de la réalisation du chantier, n'a toujours pas repris les travaux, après avoir suspendu sa mission en avril dernier, l'État ne lui ayant toujours pas réglé sa prestation ».

Et ce scénario semble se répéter en boucle. Cela a été le cas avec le projet d'augmentation des capacités de production des centrales de Zouk et Jiyeh, qui devaient fournir plus de trois heures de courant supplémentaires par jour, initialement prévus en août 2014 pour Jiyeh et en novembre 2014 pour Zouk. L'État avait ainsi signé en septembre 2012 un contrat de 348 millions de dollars avec la compagnie danoise BWSC et la société allemande Man Diesel and Turbo. Mais la poursuite des travaux avait été compromise dès mars 2014 suite à un conflit entre le ministère de l'Énergie et celui des Finances, qui a entraîné plusieurs mois de retard dans les paiements.

Finalement, le ministère des Finances a consenti à régler ces sommes – mais pas encore les 130 millions d'euros (145 millions de dollars) de pénalités réclamées –, et la société danoise a pu reprendre ses travaux début 2015. Contacté, le ministère des Finances et la société BWSC ont refusé de s'exprimer sur ce dossier. « Ces projets ont deux ans de retard, mais nous comptons réceptionner ces nouveaux moteurs inversés d'ici à la fin du mois pour Jiyeh, et fin novembre pour Zouk », avance une source au ministère de l'Énergie.

 

(Lire aussi : Au Liban, l'énergie solaire a encore de beaux jours devant elle)

 

Appel d'offres bloqué
Alors, pour permettre la mise en fonction et la maintenance de ces nouveaux moteurs inversés, EDL a lancé un appel d'offres en août 2015, attribué, le 21 janvier 2016, à un consortium composé de la société libanaise Middle East Power (MEP) et des sociétés indiennes Arkay Limited et OEG, pour un montant de 121 millions de dollars. Mais, plus de 8 mois plus tard, l'appel d'offres reste au point mort. La raison ? « Alors que le ministère de l'Énergie a approuvé le résultat de l'appel d'offres le 26 mars dernier, nous n'avons pas eu de réponse de la part du ministère des Finances, bien que nous ayons envoyé de nombreux courriers », déplore la source à la direction d'EDL.

Résultat, ces trois heures de courant supplémentaires peuvent encore se faire attendre. Une situation d'autant plus délicate que l'écart entre la demande d'électricité et la production avoisine les 1 600 MW, selon l'étude de Blominvest. Un écart qui se trouve souvent creusé durant l'été, du fait de la surcharge engendrée sur les réseaux : « Il est nécessaire d'avoir des centrales qui puissent fonctionner en tant qu'unités de production de secours en cas de pannes, mais pour l'instant ce n'est pas le cas », explique la source à EDL.
En attendant, « les projets liés à la transmission de l'électricité, comme la construction de trois sous-stations à Dahieh, Bahsas et Achrafieh, le renforcement de 11 sous-stations, la mise en place de nouveaux câbles de 220 KW ainsi que la réhabilitation des câbles de 66 KW, sont largement avancés », se félicite la source au ministère de l'Énergie.

 

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