Rechercher
Rechercher

Économie - Énergie

Électricité de Zahlé lance son unité de production privée

Électricité de Zahlé (EDZ) se prépare à reprendre la production d'électricité. Une initiative qui embarrasse le ministère de l'Énergie et de l'Eau.

Le nouveau site devrait pouvoir assurer les besoins des quelque 200 000 abonnés d’EDZ en diminuant la facture de 50 %, mais soulève un véritable problème de fond.

Depuis le début de la semaine, Électricité de Zahlé (EDZ) multiplie les tests sur ses nouvelles unités de production d'une capacité totale d'environ 50 mW, selon le directeur général de la concession, Assaad Nakad. Le nouveau site dont le lancement officiel n'a pas été annoncé devrait pouvoir assurer à lui seul les besoins 24 heures sur 24 des quelque 200 000 abonnés (53 000 compteurs) d'EDZ répartis sur 16 communes. M. Nakad leur promet une facture électrique globale réduite de moitié par rapport à ce qu'ils paient actuellement. Les habitants de Zahlé et ses environs achètent le courant « de l'État », à travers EDZ, et ont un abonnement complémentaire auprès de propriétaires de générateurs pendant les heures de rationnement.

Mais le positionnement commercial astucieux d'EDZ masque un problème de fond concernant le statut de la concession de Zahlé : « D'un point de vue légal, elle n'a pas le droit de produire de l'électricité », explique Ghassan Beydoun, directeur général de l'exploitation au ministère de l'Énergie et de l'Eau. Créée en 1920, EDZ, qui compte aujourd'hui une cinquantaine d'actionnaires dont l'archevêché grec-catholique, est une compagnie d'électricité privée à qui l'État libanais a accordé une concession en 1923. Renouvelée à plusieurs reprises en un peu moins d'un siècle, cette dernière arrive à échéance en 2018. Mais ses prérogatives sont limitées depuis 1964, lorsqu'une loi confie à Électricité du Liban le monopole de la production de courant. « Nous avons conservé le droit de produire du courant jusqu'en 1969 et y avons renoncé ensuite », dit Assaad Nakad. Depuis, EDZ achète de l'électricité à l'établissement public pour la revendre à ses abonnés.

Les tarifs d'achat et de revente sont fixés par décret en Conseil des ministres et s'imposent à la concession qui finance son réseau de distribution grâce à la marge qu'elle dégage : elle achète le kilowatt à 50 livres, un tarif moins cher de 25 livres/kW que celui appliqué aux autres concessions du pays, et le revend à 130 livres en moyenne (le barème s'échelonne sur des tranches progressives de 100 et 500 kW). Les clients d'EDZ bénéficient ainsi indirectement d'une double subvention, sachant que le coût de production du kilowatt est de 330 livres en moyenne pour Électricité du Liban qui le vend à perte.

 

(Pour mémoire : Électricité de Zahlé : un projet de réhabilitation sur le point d'aboutir)

 

Tarif subventionné
Mais cet avantage n'est pas du tout perçu comme tel par les usagers qui sont obligés de recourir à des générateurs de quartier bien plus chers pour satisfaire leurs besoins en électricité : leurs tarifs sont trois fois plus élevés que la grille indicative fixée par le ministère de l'Énergie et de l'Eau. Tandis que, de son côté, EDZ subit elle aussi le rationnement en électricité particulièrement sévère lié aux défaillances de l'établissement public, avec des plages de coupures qui dépassent régulièrement les douze heures par jour. Selon Assaad Nakad, les coûts de fonctionnement de la concessions, qui entretient le réseau de distribution et emploie quelque 250 personnes, sont supérieurs à ses marges commerciales. « L'État est censé compenser nos pertes, mais il ne le fait plus depuis une vingtaine d'années. Celles-ci sont de 10 à 15 %. »

C'est pour les compenser qu'EDZ a eu l'idée dans les années 2000 de se doter de capacités de production propres. Le projet a ainsi fini par se concrétiser en 2015. Assaad Nakad concurrence désormais frontalement les propriétaires de générateurs. Ces derniers jugent de leur côté déloyale la concurrence que leur livre EDZ sous le vernis du service public. Depuis le mois de janvier, pas moins de trois transformateurs appartenant à la concession ont été la cible de tirs, même si le calme semble être revenu depuis plus de deux semaines.

Face à cet imbroglio, le gouvernement n'a pas encore pris position. « Le ministère de l'Énergie et de l'Eau étudie la problématique posée par cette initiative et devrait se prononcer dans les jours qui viennent », assure M. Beydoun. « Le fait qu'EDZ soit en mesure d'assurer une production continue de courant ne veut pas dire qu'EDL va arrêter d'alimenter Zahlé et ses environs », poursuit-il, suggérant ainsi qu'EDZ est implicitement autorisée à jouer les palliatifs pendant les heures de rationnement. Le cas échéant, EDZ facturera l'électricité qu'elle produit au tarif imposé par le ministère aux générateurs privés, soit environ 300 livres le kilowatt (ce tarif évolue en fonction des cours du pétrole). « Une opération globalement bien plus que rentable », laisse-t-on échapper du côté d'Électricité du Liban, dont la situation financière n'a cessé d'empirer ces dernières années.

 

Lire aussi
Energy 24, une solution pour réduire la facture électrique des Libanais

Une année noire pour Électricité du Liban

Baisse du prix du carburant : quel impact sur les tarifs des générateurs ?

Depuis le début de la semaine, Électricité de Zahlé (EDZ) multiplie les tests sur ses nouvelles unités de production d'une capacité totale d'environ 50 mW, selon le directeur général de la concession, Assaad Nakad. Le nouveau site dont le lancement officiel n'a pas été annoncé devrait pouvoir assurer à lui seul les besoins 24 heures sur 24 des quelque 200 000 abonnés (53 000...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut