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Lifestyle - Beyrouth insight

Bassam Fattouh : La peau est ma page blanche

Il passe sa vie à faire tourner les têtes, mais garde la sienne bien posée. Rencontre avec Bassam Fattouh, maquilleur starisé dont le coup de pinceau a fait la gloire auprès d'une clientèle dorée.

Photo Moe Seifeddine

Impossible de s'en empêcher. Regard braqué sur sa peau, évaluation instantanée de son épiderme. Résultat : le visage a le velouté laiteux de ses clientes-divas, les joues sont polies et structurées, rehaussées de pommettes rosies qui ont toujours la pêche malgré l'heure tardive de notre interview. Pour avoir réussi ce teint de porcelaine, aurait-il passé une bonne demi-heure matinale à se tartiner la face d'une ribambelle de produits ?
Mystère, à l'image de son succès monté en flèche, sa signature envahissant les billboards et son patronyme qui fait l'unanimité auprès d'une clientèle de rich and famous. Cela dit, en plus d'être un maquilleur qu'on ne présente plus localement et régionalement, Bassam Fattouh se révèle être un homme foncièrement simple et qui se précise très vite, quasiment ingénu en dépit du flair qui sous-tend son parcours.

« Je ne suis pas une drama queen »
Le make-up artist à la carrière pailletée ne se pose pas pour autant en pionnier masculin d'un « métier de femmes », comme on a tendance à naïvement l'étiqueter dans nos sociétés un peu primaires. Même « bof » de dénégation quand on l'interroge sur les difficultés qu'un homme peut emboutir dans cette profession. Non, vraiment, des problèmes particuliers, aujourd'hui, il n'en voit pas ou sinon les enjambe aisément sans s'autoriser de complaintes. « Je ne suis pas une drama queen ! Les gens aiment souvent pimenter leurs parcours avec un peu de souffrance, histoire de rendre leur réussite plus convaincante », lance-t-il avec un sourire en bandoulière à la dentition parfaitement astiquée. Et de poursuivre, avec cette même franchise sans fard : « Tout s'est relativement bien passé pour moi, grâce à Dieu. Certes, au départ, mes parents étaient un peu déroutés par mon choix professionnel, mais aujourd'hui ils sont extrêmement fiers de moi. »

Il roule sa b(r)osse
Bassam Fattouh ne se souvient même plus des raisons qui l'ont emmené à entreprendre des études en esthétique et cosmétologie chez Carita à Paris. Il évoque uniquement « une passion pour embellir les choses, un penchant pour le dessin et les arts. ». « Après avoir décroché mon diplôme, je suis rentré à Beyrouth et j'y ai ouvert mon institut en 1997. Puis tout s'est passé spontanément ! » raconte cet homme de peu de mots à propos de son parcours qui semble avoir toujours glissé sur les rails de l'aisance, tel son tracé de crayon pondéré et qui ne sort pas des lignes. Quant aux raisons de sa notoriété, il ne dira que cela : « Expliquer son propre succès et prendre du recul par rapport à soi est une chose qui m'est compliquée. C'est peut-être parce que j'ai été l'un des premiers à faire les choses comme à l'étranger : des campagnes publicitaires avec des images de marques. Je n'en sais rien ! » Rires...

Bassam n'est donc clairement pas facile à détricoter, on l'a vite réalisé. Non qu'il joue les opaques, plutôt loquace, souriant et doux, surtout lorsqu'il s'agit de broder autour de ses clientes qu'il considère plutôt comme des muses : « J'essaye de faire sentir à chacune de celles que je maquille qu'elle est la plus belle au monde. Sa peau devient pour moi une page blanche et m'inspire une palette de couleurs, parfois une technique nouvelle, voire même une histoire à raconter ! »
Quant à ceux qui lui jettent la pierre en pointant du doigt sa tendance à surmaquiller, il leur répond avec flegme : « J'envisage le maquillage comme une amélioration pas un déguisement. Il s'agit pour moi de mettre certains aspects de la femme en valeur et d'en cacher d'autres, moins flatteurs. C'est une question d'intelligence ! »

Maquilleur (des) stars
Vingt ans plus tard, Bassam Fattouh cornaque quotidiennement des clientes (au compte-gouttes) au patronyme sonnant et trébuchant, dont il s'occupe personnellement et qui le rémunèrent généreusement. À la sortie d'une séance avec lui, elles partagent hystériquement leurs expériences sur les réseaux sociaux et lui décernent des satisfecit sans réserves. Il lui arrive même de se lier de copinage avec la plupart, de partir en vacances avec certaines, de les rejoindre sur un tournage ou un shoot, de les conseiller parfois sur leurs tenues et surtout de les accompagner lors de leur grand jour. « Sans doute les moments préférés de ma carrière pour l'émotion qui vient avec », confie celui pour qui la part d'humanité fait toute la différence dans un métier pareil.

Habitué à combler des attentes cinq étoiles, il est désormais bombardé de demandes aux quatre coins du globe, dispensant à la demande ses bienfaits aux clientes cosmopolites et à cheval sur leurs exigences. Voyant plus loin, il a lancé sa ligne de produits, créé sa boutique de vente en ligne et envisage déjà des implantations à l'étranger. D'un côté, Bassam Fattouh doit sa renommée et la montée de son volume d'affaires à la pléiade de royautés, célébrités (Haïfa Wehbé et consorts) et autres mondaines qui en pincent pour son coup de pinceau. De l'autre, il voudrait qu'on ne s'intéresse qu'à ses mérites personnels, tout en sachant que c'est presque impossible. Le tout tenu par un strict pacte de silence qui met un bœuf sur la langue de ce monsieur discret. Et cela plus encore lorsqu'on tente de lui extirper une anecdote sur les VIP habituées de son institut : inutile, il n'en pipera pas mot. Mais avant de partir, il concédera quand même à lâcher un secret en tapotant ses joues avec une lingette : « Regardez, aujourd'hui je n'ai rien mis ! »

 

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