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Lifestyle - Beyrouth insight

Sary Arab, dragueur de nouveaux rivages

Enthousiaste, réservé et bon vivant, Sary Arab empile les projets hôteliers, sans essoufflement aucun. Il revient sur son parcours tracé depuis l'enfance et célèbre un métier pour lequel il conserve encore une passion intacte.

Photo DR

Quelquefois, on se méprend. À le voir de prime abord, on s'imaginerait un Don Juan à la peau hâlée, un flâneur fana de plages branchées qui rentre de vacances passées à se dorer la pilule. Mais on se rend compte, très vite, qu'on est installé face à un bûcheur qui « ne se repose jamais » et s'apprête à clôturer une saison estivale de boulot sans trêve. Face à un self-made-man paisible et réservé qui, question reconnaissance, est très loin des chefs d'entreprise qui snobent le monde du haut de leur piédestal, Sary Arab, cofondateur avec Jihad el-Khoury (actuel CEO) de Nikki Beach Hotels & Resorts, est plutôt dans le genre nonchalance stylée. Il a les cheveux grisés, bouclés et en cascade qui siéent bien à celui qui se considère comme « un grand passionné, un romantique désuet ». Allègre et allégé, il s'est bouturé des ailes d'entrepreneur et carbure à ce magma d'énergie qui l'envoie, hyperactif, draguer de nouveaux rivages et semer des myriades de projets naissants dans le cadre de ses hôtels.

Programmé pour l'hôtellerie
Pourtant, chez Sary Arab le calme n'est sans doute qu'un paravent de sagesse, peut-être une élégance de la maturité. À 40 ans pétants, l'œil s'écarquille et c'est un garçon gourmand qui s'agite, commente, raconte son entrée dans le monde de l'hôtellerie : « À douze ans, je savais déjà que je voulais en faire mon métier. Lors de mes voyages familiaux, j'observais de près les hôtels où nous séjournions, je demandais même à rencontrer les directeurs de ces établissements. » Et de poursuivre, alors que son insoupçonnée timidité de départ recule doucement : « J'étais fasciné par les lobbies, ce côté glamour, éphémère et inattendu. » C'est donc sans surprise qu'il fait ses armes dans une école hôtelière à Paris, un apprentissage qui ne fera que renforcer son penchant pour ce domaine et le mènera à un stage au Royal Monceau. « C'était une expérience fabuleuse qui m'a appris à ne jamais prendre un client pour acquis. C'était superbe de baigner dans une ambiance tellement glamour : assister au tournage du clip de Justify My Love de Madonna, croiser mon idole Peter Gabriel. Et puis, pour l'anecdote, j'ai même joué le rôle d'un concierge pour un épisode de Dallas qui manquait de figurants. Assez surréaliste ! »
déballe-t-il dans un débit profus.
En 1996, le Libanais intègre le Don Carlos à Marbella, un établissement qui appartient à la famille de Jihad el-Khoury, que Sary considère comme son mentor. Dans l'optique de revamper l'hôtel, les deux hommes décident en 2004 d'installer un club Nikki Beach sur la plage.

Vers d'autres rives
À une époque où l'on aurait tendance à s'asseoir sur la terre ferme et y rester amarré, observant le temps poncer son confort, Sary Arab fait plutôt partie de ces leveurs d'ancre, de ces peureux de rien. Il pousse ainsi ses études, décroche un MBA de Cornell University, tout en guettant les fourmillements du monde hôtelier dans l'optique d'un nouveau projet. Quelques années plus tard, suite à la période Don Carlos, « ayant gardé un très bon souvenir du partenariat avec Nikki Beach », il propose à la compagnie américaine (avec son partenaire de toujours Jihad el-Khoury) de monter un concept hôtelier. Il l'explique de la sorte : « C'est un prolongement de l'ADN du groupe dans des hôtels, ce style organique, épuré, minimaliste. » Grâce à leur signature très personnelle, classieuse et d'une modernité tempérée, les établissements (à Koh Samui, Porto Heli, Bodrum et bientôt Dubaï) deviennent une référence dans le monde de l'hôtellerie.

Son moteur : la passion
Depuis, entre ses projets actuels et les autres où il se projette déjà, il peut lui arriver de prendre l'avion plusieurs fois par semaine. La terre s'est resserrée, son temps aussi. Au cours de ses voyages, ce passionné conserve cette déformation professionnelle qui, dit-il, « me force à examiner le moindre détail de l'hôtel où je séjourne ! ». Et bien que l'on pense qu'il serait temps pour lui de souffler un peu, Sary Arab, comme ceux qui ont goûté au succès après des années de labeur dans l'ombre, continue à se dresser face aux nouveaux défis, jamais cambré sur sa réussite. Avec une anxiété qui affleure sous sa désinvolture, il confie : « Je ne suis pas un bon ambassadeur de ma marque ! Je n'aime pas boire, je me couche tôt. C'est sans doute parce que je me soucie beaucoup trop du moindre détail lié à mon travail. » Son plaisir, il le récolte sur un court de tennis où il lui arrive de taper la balle avec son idole Roger Federer. Devant un micro où il gravit les octaves sur des morceaux de soul. Ou sinon, le jour où il prendra sa retraite, sur une île déserte, avec la femme de sa vie.

 

 

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