Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Beyrouth insight

Croisière 2017, une nouvelle page au chapitre londonien de Dior

Dans le prolongement de son histoire d'amour avec l'Angleterre, la maison Christian Dior présentait, fin mai, sa collection croisière dans le majestueux château de Blenheim. Une collection inspirée de l'après-guerre et du voyage, dessinée par le duo suisse Lucie Meier et Serge Ruffieux, en attendant le remplacement de Raf Simons à la direction artistique.

Sortie de mannequins sur la pelouse du parc de Blenheim Palace, Oxford. Photo Daniel Jackson pour Dior

Dans la série des défilés spectaculaires consacrés aux collections croisière, après Chanel à Cuba et Louis Vuitton à Rio, fin mai, c'était le tour de Christian Dior de présenter cette ligne-clé dont les ventes représentent la plus grande partie du chiffre d'affaires des maison de mode et de couture. En hommage aux liens qui l'unissent à l'Angleterre depuis ses débuts, l'élégante enseigne parisienne célébrait en même temps l'ouverture à Londres de la House of Dior, sur New Bond street à Mayfair, son plus grand magasin au Royaume-Uni. Le décor somptueux, conçu par Peter Marino, le décorateur fétiche de Dior, a nécessité plus de deux ans de travaux.

Une croisière, mais en train
Dictée par l'esprit du voyage, cette collection s'inspire de l'effervescence et de l'esprit d'aventure, de l'urgence de découvrir le monde, caractéristiques de la haute société londonienne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ce n'est pas n'importe quel train, mais un train historique de la compagnie Pullman qui emporte les 600 invités et innombrables organisateurs vers le château de Blenheim, une imposante bâtisse qui a vu naître Winston Churchill, aujourd'hui propriété du duc de Marlborough. D'emblée, l'immersion dans l'esprit de la collection est totale. Dans le parc immense qui entoure le château, de nombreux cèdres du Liban en majesté racontent le retour des orientalistes et leur amour de cet arbre dont les racines mélangent sans doute à la terre anglaise un peu de sable de Bécharré, mais c'est une autre histoire. Dans l'immense vestibule, une exposition de robes d'archives évoque les deux premiers défilés de Dior au palais de Blenheim, le premier en novembre 1954 orchestré par Christian Dior en personne et le deuxième en novembre 1958, dirigé par un jeune protégé du maître : Yves Saint Laurent. Ces deux défilés historiques, organisés par la duchesse de Marlborough au profit de la Croix-Rouge britannique en présence, notamment, de la princesse Margaret, sœur de la reine Élisabeth, célébraient déjà « la rencontre
de deux cultures ».

 

(Lire aussi : Leurs portraits en Dior, à Granville)

 

Paris-Londres et retour
De fait, pour cette troisième proposition dans les murs de Blenheim Palace, et parce que jamais deux sans trois, les ateliers Christian Dior ont planché sur un retour vers l'esthétique de la fin des années 40, mais aussi sur un croisement, teinté de surréalisme, puisque telle est cette époque, entre les coupes emblématiques du grand créateur français et les célèbres tissus et imprimés anglais, tweeds rustiques et popelines rurales, velours dévorés, soies d'Asie et imprimés africains, autant de motifs qui ont eu l'heur, au même titre que les cèdres du Liban, de débarquer en Grande-Bretagne dans les malles d'une gentry excentrique, curieuse du monde et portée par le démon de l'exploration. Ce sera donc, sans surprise, une collection hybride (au sens génétique) qui sera donnée à voir dans ce défilé où l'émotion, malgré l'hystérie du selfie, du scoop Instagram à deux balles et la rapidité des passages, est infusée par l'intelligence même de ses superpositions, à la fois radicalement contemporaines et parfumées de désuétude.
Fin des années 40, nous sommes encore dans une atmosphère de privation et de rationnement, malgré une économie qui redémarre en flèche. On peut facilement imaginer ces patchworks qui composent les robes des grands soirs, dictés par le besoin de préserver le moindre bout de tissu tout en lui offrant une nouvelle vie grâce au génie d'une coupe, entre fronçages, plissés et rigueur architecturale. Et c'est là la vraie surprise de cette croisière Christian Dior 2017 : elle restitue avec brio la taille cintrée du new-look et les basques courtes de la coupe Bar (dessinée pour permettre à une nouvelle génération de femmes libérées de s'asseoir à un bar). De ces deux lignes, elle reprend les codes et les déplace, tantôt ne retenant que le haut et tantôt ne gardant que le bas, en jupette ou en tablier, jouant les ceintures en teintes brillantes sur une jupe ou un pantalon. Imprimés et broderies cohabitent, s'harmonisent ou se tolèrent, mais surtout révèlent leurs affinités. Le podium traverse une enfilade de salons, et c'est presque premier rang pour tout le monde. Il est revêtu de l'imprimé emblématique de cette collection : une peinture à l'huile du XIXe siècle représentant une chasse à courre. Ce motif revient en jacquard sur plusieurs modèles de maille ou simplement en soie sérigraphiée. Des empattements sur les épaules évoquent le souvenir des tranchées et l'implication des femmes sur le front. Le nouveau sac est une besace souple. Volera-t-il la vedette à l'emblématique Lady Dior, baptisé en hommage à Lady Diana, ou surtout au nouveau Diorama qui cartonne, surtout dans sa version microcannage ?
Les chaussures sont montées sur des talons en forme de piédestaux dorés. Le maquillage, réalisé par Peter Philips, privilégie des pommettes fortement soulignées et une ombre fauve et couvrante étalée sur toute la paupière.

 

(Lire aussi : New look pour la boutique Dior de Beyrouth)

 

The House of Dior
Non moins importante que la présentation de la collection croisière Christian Dior 2017 était l'ouverture en avant-première de la House of Dior, navire amiral de l'enseigne parisienne. L'appellation « maison » étant réservée aux marques qui alignent aussi bien un long enracinement historique que des valeurs culturelles, la House of Dior propose sur ses quatre étages, où l'on peut trouver la totalité des créations de la marque, femme, homme, enfant, accessoires, bijoux fantaisie et haute joaillerie, horlogerie et parfumerie, une quinzaine d'installations et sculptures de grands artistes contemporains. À l'occasion de l'ouverture de cet espace, une collaboration a d'ailleurs été créée avec Marc Quinn qui signe un sac Lady Dior en édition limitée portant le motif de son célèbre iris bleu vif intitulé We Share Our Chemestry with the Stars. Et toujours, à l'entrée, le fameux banc feuilles de ginkgo en bronze argenté de Claude Lalanne, entourant un somptueux arrangement floral, mais cette fois, le banc est occupé par des mannequins hyperréalistes qui vous observent d'un air légèrement blasé. Des codes qui font déjà le tour du monde des boutiques Dior, avec leur atmosphère gris-perle, le motif cannage qui court subtilement dans les moindres détails et surtout les immenses panneaux lumineux dont les images et les kaléidoscopes animent les murs.

 

Lire aussi
Dior chez Almodovar

La haute couture à Cannes, un festival en soi

Dans la série des défilés spectaculaires consacrés aux collections croisière, après Chanel à Cuba et Louis Vuitton à Rio, fin mai, c'était le tour de Christian Dior de présenter cette ligne-clé dont les ventes représentent la plus grande partie du chiffre d'affaires des maison de mode et de couture. En hommage aux liens qui l'unissent à l'Angleterre depuis ses débuts,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut