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Économie - Agriculture

Chehayeb impose des restrictions sur les importations de pommes

Le ministre de l'Agriculture a annoncé hier que ces importations, ainsi que celles de poires et de pommes de terre surgelées, sont désormais soumises à une autorisation préalable.

Les importations de pommes ont augmenté de 26,5 % en volume entre 2014 et 2015. Photo Korakod/Bigstock

Face à la crise agricole, le gouvernement multiplie les mesures protectionnistes. Après l'huile d'olive en décembre et les produits laitiers en avril, les pommes, les poires et les pommes de terre surgelées font désormais partie de la liste des importations soumises à des autorisations préalables. Le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, a annoncé hier par communiqué l'émission d'un arrêté obligeant les importateurs de ces trois produits à demander un permis aux autorités. La décision a été prise suite à une rencontre entre le ministre et une délégation d'agriculteurs, avec à sa tête le président de la Fédération des syndicats d'agriculteurs de la Békaa – et propriétaire d'une usine de frites surgelées –, Ibrahim Tarchichi.
Cette décision est applicable « tout au long de l'année », afin « d'appliquer les spécifications techniques définies selon les lois en vigueur », qui ne sont toutefois pas précisées dans le communiqué. Aucun des responsables du ministère de l'Agriculture contactés – dont M. Chehayeb – n'était joignable pour commenter cette décision.

Depuis plusieurs mois, les agriculteurs, et particulièrement les cultivateurs de pommes, réclament davantage d'aide de la part du gouvernement. Lundi, le ministre des Télécoms, Boutros Harb, déclarait avoir parlé avec le Premier ministre Tammam Salam des problèmes rencontrés par la filière, le mettant en garde contre la « crise sociale » qui pourrait s'ensuivre. Estimée en 2012 à 264 000 tonnes, selon un rapport de l'Agence américaine pour le développement international (USAid) publié en 2014, la production locale dépasse pourtant très largement les importations. Elles atteignaient près de 1700 tonnes en 2015 pour une valeur de 1,4 million de dollars, selon les chiffres des douanes. Ce chiffre représente toutefois une hausse annuelle de 26,5 % en volume et de 13 % en valeur. En ce qui concerne les poires, les importations ont plus que doublé, à 837 tonnes en 2015, pour une valeur totale de 605 000 dollars.

 

(Lire aussi : Les producteurs de pommes réclament davantage de soutien de l’État)

 

Problèmes à l'export
Mais pour le président de l'Association des agriculteurs, Antoine Hoyek, l'arrêté émis hier « ne résout que 10 % du problème ». Selon lui, le ministère devrait « rétablir les droits de douanes de 70 % sur les importations agricoles en provenance d'Europe qui étaient en vigueur avant leur suppression (progressivement mise en œuvre entre 2003 et 2015 dans le cadre d'un accord d'association avec l'UE, NDLR). » Si ce dernier pointe du doigt l'accord de libre-échange avec l'Europe, c'est parce que les importations de pommes proviennent en grande majorité d'Italie.

Les agriculteurs rencontrent également des problèmes à l'export, a souligné la délégation lors de sa rencontre avec le ministre de l'Agriculture hier. Elle a notamment cité « les obstacles rencontrés lors (des démarches liées) aux exportations par voie maritime », selon le communiqué ministériel. Akram Chehayeb leur a assuré qu'il « faciliterait les procédures d'exportation (des produits agricoles) dans le port de Beyrouth ».

Selon Antoine Hoyek, les cultivateurs de pommes et de poires souffrent du manque de débouchés de leurs produits à l'étranger, notamment depuis l'embargo décrété en 2014 par la Russie sur les produits alimentaires européens. « Alors que le Golfe constitue le premier marché pour les fruits et légumes libanais, les Européens y ont redirigé leurs exportations après l'embargo et ainsi grignoté des parts de marché qu'y détenait le Liban », indique-t-il.
Il regrette également que « le ministre ait refusé de coopérer avec nous lorsque nous lui avons proposé d'augmenter les subventions des exportations maritimes sur quatre mois afin de les rendre entièrement gratuites ». Le gouvernement subventionne déjà les exportations maritimes à hauteur de 2 000 dollars environ par camion, alors que le coût réel atteint environ 6 000 dollars, continue le syndicaliste. Les exportations terrestres ont pris fin avec la fermeture de la frontière syro-jordanienne en avril 2015.

L'Association des agriculteurs reproche enfin au gouvernement d'avoir écarté sa proposition de créer « une banque nationale de développement agricole » qui permettrait, selon Antoine Hoyek, la mise en place d'un mécanisme de dépôt de garantie pour leur production non écoulée. « Par exemple, si un agriculteur ne veut pas vendre sa production de pommes immédiatement, il pourrait la stocker dans des entrepôts réfrigérés et ce stock servirait de garantie à un crédit, et lorsqu'il la vendra, il remboursera la banque », plaide le syndicaliste.

 

 

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