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Liban - Conférence

Appel quasi unanime au retour des déplacés syriens dans les zones sécurisées en Syrie

La Ligue maronite a invité les représentants de l'ensemble des partis politiques, des services de sécurité et des autorités locales ainsi que des experts à une table ronde pour examiner les solutions possibles à apporter sur le dossier des réfugiés syriens.

Le colloque de la Ligue maronite sur la question des réfugiés syriens au Liban.

Le poids des réfugiés syriens au Liban et les répercussions de ce dossier sur le triple plan social, économique et sécuritaire sont devenus tardivement un sujet de prédilection dans les cercles de discussions.

Ces derniers jours, c'est au tour de la Ligue maronite de tirer la sonnette d'alarme en invitant les représentants de l'ensemble des partis politiques, des services de sécurité et des autorités locales ainsi que des experts à une table ronde pour examiner les solutions possibles à apporter à ce problème auquel fait face un pays d'accueil déjà assez fragilisé par ses propres problèmes.

C'est ce qui fera dire à un membre de la ligue, Antoine Constantine, qui modérait l'une des tables rondes organisée hier au second jour des débats : « Les réfugiés sont des victimes. Devons-nous pour autant transformer le Liban lui-même en victime en cherchant à leur rendre justice ? » Une interrogation que le modérateur a exprimée après avoir égrené les multiples problèmes que soulève la présence au Liban de près d'un million et demi de réfugiés, voire plus, soit près du tiers de la population libanaise.
Le retour des réfugiés dans les zones considérées sûres est-il possible sachant que nombre d'entre eux se déplacent de nos jours avec facilité entre le Liban et leur pays d'origine ? s'est encore demandé M. Constantine à l'ouverture des échanges.

À quelques jours de la tenue, le 19 septembre à New York, du sommet des Nations unies pour les réfugiés et les migrants (auquel prendra part le Liban) dans le cadre de la 71e session de l'Assemblée générale de l'Onu, le débat reste on ne peut plus houleux au sein de la société libanaise, provoquant, à ce jour, des tiraillements politiques qui empêchent la formulation d'une solution réfléchie et rationnelle, dans le respect des principes fondamentaux du droit humanitaire. C'est ce qui ressort des interventions faites successivement par les représentants des Forces libanaises (FL), du Courant patriotique libre (CPL), du courant du Futur, des Kataëb, du Parti syrien national social (PSNS) et du Parti socialiste progressiste (PSP). À tour de rôle, ces formations se sont évertuées soit à défendre le concept selon lequel les réfugiés ne sauraient être renvoyés chez eux pour y être massacrés, soit qu'il faut absolument que le Liban officiel prenne la décision ferme de mettre un terme à une présence chaotique devenue lourde en conséquences.

Entre ces deux positions extrêmes, une palette de nuances est toutefois à prendre en considération, avec une quasi-unanimité autour de la nécessité d'envisager un retour des déplacés dans les zones sécurisées en Syrie, sous la supervision des Nations unies.
Tel a été notamment l'avis exprimé par un député du Futur, Jamal Jarrah, qu'Antoine Constantine a qualifié de « position avancée ». Effectuant un état des lieux alarmant de la situation interne – vacance présidentielle, tiraillements politiques, crise économique, tarissement des aides aux réfugiés –, M. Jarrah a considéré que le fait qu'aucune solution concrète n'ait été à ce jour envisagée pour régler cette crise est notamment dû à ce tableau sombre qu'offre le Liban. Le député a dénoncé haut et fort le fait que ce dossier ait été exploité à des fins communautaires et confessionnelles. Et d'appeler les décideurs politiques à trouver une solution « loin des illusions formées autour de la pérennité du régime de Bachar el-Assad qui ne peut être partie prenante de la décision ».

 

(Pour mémoire : Le congrès sur « le chemin de retour » des déplacés syriens entame ses travaux)

 

Syrie « incontournable »
Le représentant du Hezbollah, Mohammad Saïd el-Khansa, est tout de suite entré dans le vif du sujet, en insistant sur la nécessité de réfléchir aux mesures conduisant au retour des Syriens chez eux avant d'exprimer « le refus absolu de toute initiative menant à leur implantation au Liban, à commencer par l'établissement de camps ou de rassemblements de réfugiés, notamment aux frontières », dans une allusion à la situation créée à Ersal. L'intervenant s'est prononcé en faveur de la coordination entre le gouvernement libanais et la Syrie, « incontournable » d'après lui, pour assurer le retour des réfugiés.

Pour avoir souffert de la guerre libanaise, les Libanais sont le mieux placés pour comprendre l'épreuve par laquelle passent les Syriens, a dit en substance Antoine Zahra, député FL, pour qui l'engagement envers les principes humanitaires et les droits de l'homme est « fondamental ». Cependant, a-t-il tenu à souligner, « la présence palestinienne au Liban est une expérience qui ne devrait pas affecter nos préjugés », tout en admettant que la présence des réfugiés syriens sur notre sol constitue un grand problème sur tous les plans.
Le débat a également porté sur la part de responsabilité qui incombe aux gouvernements libanais successifs, plus particulièrement à l'ancien gouvernement de Nagib Mikati qui a « laissé faire », ont argué plusieurs intervenants.

« Le gouvernement libanais doit assumer ses responsabilités et être pionnier en matière de solutions à trouver », a lancé pour sa part Hassan Sakr, le représentant du PSNS, qui a affirmé qu'il était inconcevable que les partis et la société civile se réunissent en lieu et place des autorités officielles auxquelles incombe la tâche de la recherche des solutions. Parmi celles-ci, « la nécessité de faire cesser la guerre en Syrie et de cesser de soutenir et d'armer les groupes terroristes », a-t-il dit dans une allusion au rôle que joue l'Occident dans le conflit. Il a en outre mis en exergue « l'intérêt du Liban de négocier avec le gouvernement syrien en vue de la recherche d'un règlement concerté à la question des réfugiés en œuvrant selon le principe du bon voisinage ».

 

(Pour mémoire : Un congrès pour indiquer « le chemin du retour » aux déplacés syriens et rejeter une éventuelle implantation)

 

Responsabilité partagée
Également suggérée, l'idée de faire partager la responsabilité du « fardeau » par les pays arabes, qui brillent par leur absence sur ce plan, le Liban officiel devant les inciter dans cette direction, a suggéré le représentant du parti Kataëb, Jean Tawili. Quant au représentant du PSP, il est revenu sur l'origine du problème et sur les « manipulations de la carte terroriste » par le régime du président Bachar el-Assad, qui, a-t-il dit, avait lâché dans la nature, dès 2011, les plus grands terroristes qui se trouvaient dans les geôles syriennes. Il a préconisé la nécessité d'aborder ce dossier en toute honnêteté, en l'écartant du « bazar et des marchandages politiques » en vue d'œuvrer à définir le cadre légal et les mécanismes adéquats pour mettre fin à ce « drame humain incommensurable », d'autant que la politique de destruction des villes syriennes est, selon lui, « une stratégie planifiée et méthodique ».

Rejoignant partiellement l'avis de M. Jarrah, le représentant du CPL, le député Hikmat Dib, a insisté sur l'importance d'éviter de s'aventurer dans l'analyse des causes de la guerre et d'éloigner cette question de la polarisation politique. Le député, qui a rappelé que 83 % des réfugiés syriens vivent dans des habitations ordinaires et 17 % seulement dans des campements, a invité les Libanais à ne pas « se dissimuler derrière les questions des droits de l'homme pour comploter contre une nation entière », refusant la « normalisation » d'un dossier aussi « explosif ».

 

 

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commentaires (2)

Langue de bois.

Remy Martin

19 h 00, le 11 septembre 2016

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Commentaires (2)

  • Langue de bois.

    Remy Martin

    19 h 00, le 11 septembre 2016

  • Il ne pourra avoir de zones de sécurités que sous le régime du héros Bashar.

    FRIK-A-FRAK

    19 h 09, le 10 septembre 2016

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