Élias Bou Saab lors de sa conférence de presse.
À la suite du débat suscité par l'arrêté ministériel portant sur un allègement des programmes scolaires pris par le ministère de l'Éducation, les responsables se sont exprimés pour expliquer le but de la démarche.
Lors d'une conférence de presse tenue hier dans son bureau, le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, s'est attardé essentiellement sur les critères à la base de l'allègement du programme scolaire, sur les rumeurs qui ont circulé autour d'une réduction des jours d'enseignement et sur l'esprit de cette première étape d'une longue réforme des programmes. Pour leur part, des experts chargés de la réforme ont expliqué à L'Orient-Le Jour les tenants et aboutissants du projet.
Des sujets comme la contraception, les infections sexuellement transmissibles (IST) et la reproduction humaine, dans le cadre de l'enseignement des sciences de la vie et de la terre, la question de l'existence de Dieu traitée dans le cadre des cours de philosophie, et les leçons sur le droit de vote, la protection des biens publics et la planification urbaine figurent parmi les matières allégées.
Un membre du comité chargé de la discipline des sciences de la vie et de la terre a affirmé que « l'allègement de ces sujets-là n'est pas le fruit de l'arrêté ministériel, mais d'un décret publié en 2008 à la suite de pressions exercées par des autorités religieuses sur le gouvernement, consistant à déplacer le chapitre de la reproduction humaine du cycle complémentaire au cycle secondaire ». Et de poursuivre : « Par ailleurs, un curriculum consacré à la santé reproductive est prêt depuis 10 ans et attend d'être intégré au programme, une fois la réforme totale décrétée. »
En ce qui concerne la philosophie, un expert a relevé que le nombre des leçons a augmenté de 9 à 12. « Les leçons traitant de l'existence de Dieu et de sujets semblables ont été supprimées justement parce qu'elles n'ont jamais été traitées aux examens officiels et qu'elles ont provoqué beaucoup de conflits dans certaines écoles où la théorie de la non-existence de Dieu n'est pas acceptée », a-t-il expliqué. À ce sujet, il faut savoir, selon cet expert, qu'un enseignant a été rien moins que battu par des élèves d'un établissement pour avoir exposé des théories athées.
Un autre spécialiste, dans l'éducation civique cette fois-ci, a indiqué que les leçons sur le droit de vote figureront « d'une manière ou d'une autre » dans d'autres modules du cursus. Mais cet expert a refusé de se prononcer sur le sujet de la suppression (à l'unanimité du comité) puis la réintégration, sous pression politique, de la leçon sur les relations « privilégiées » entre le Liban et la Syrie.
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La réponse de Bou Saab
En présence de la présidente du Centre de recherche et de développement pédagogiques (CRDP), Nada Oweijane, chargée d'appliquer la réduction de 15 à 20 % des matières du programme scolaire, d'enseignants et de spécialistes qui ont participé aux ateliers de travail, et à l'écoute d'un nombre de journalistes, le ministre a clarifié les motifs de l'arrêté.
« Contrairement à ce qui a été dit, la décision de l'allègement est loin d'être arbitraire et hors contexte, il s'agit en fait d'adapter le programme scolaire au nombre de jours d'enseignement, d'autant que des établissements scolaires ont dû recourir à des heures supplémentaires d'enseignement ou à des journées supplémentaires en vue de boucler le programme », a lancé le ministre.
M. Bou Saab a expliqué que le programme scolaire en vigueur est mis en place pour être enseigné pendant 170 jours, alors que les établissements scolaires n'ouvrent leurs portes pour les élèves que 140 jours au maximum.
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Le ministre a ensuite démenti la rumeur selon laquelle l'allègement entraînerait une réduction de cinq semaines de l'année scolaire. « Le temps libre dû à l'allègement serait investi pour mieux communiquer les notions aux élèves et pour pouvoir en discuter en classe et s'assurer que tout a été parfaitement acquis par l'écolier », a-t-il signalé.
« L'éducation devrait être perçue comme une chaîne bien soudée », a estimé le ministre. Et d'ajouter : « La maternelle devrait préparer l'enfant au primaire puis au secondaire et après à l'université, avant l'orientation vers la profession choisie. » C'est dans cet esprit que le CRDP a œuvré tout au long de son cheminement, qui n'en est jusque-là qu'au point de départ d'un long processus de réforme des programmes, toujours selon le ministre.
Pour Élias Bou Saab, l'idéal serait de réduire les décalages entre les établissements scolaires publics et privés d'une part, et entre les différents établissements privés d'autre part. « Nous comptons intégrer des activités parascolaires dans les cursus, des activités d'application concrètes et des heures de laboratoires. Pour le moment, nous avons intégré des cours spéciaux sur le recyclage des déchets, la prévention de la toxicomanie, la lutte contre la violence domestique et une sensibilisation à la tolérance envers autrui », a conclu le ministre.
Pour mémoire
Vous êtes bien drôle...30 jours de congés "de toutes les couleurs" durant une année scolaire...en plus de ceux décrétés par vous-même pour cause de neige, pluie etc. ! Et si vous réduisiez tout simplement ce nombre invraisemblable de jours sans école...pour le bien de nos enfants, de leurs mamans...et par extension...de notre pays ? Irène Saïd
16 h 47, le 09 septembre 2016