« Mes enfants sont tout aussi libanais que les autres ! » Ibtissam, 48 ans, est mariée à un Égyptien et vit à Beyrouth. À l'instar de plusieurs autres femmes, elle a répondu présent à l'appel lancé par la campagne « Ma nationalité, mon droit pour moi et ma famille » pour prendre part à un sit-in devant le ministère de l'Éducation.
Les manifestantes protestaient contre une circulaire publiée récemment par le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, relative à l'inscription des élèves dans les écoles publiques pour l'année scolaire 2016-2017.
Conformément à cette circulaire, la priorité doit être accordée aux « enfants libanais ». L'inscription des élèves étrangers (y compris ceux dont la mère est libanaise) ne débutera que le 14 septembre.
Il s'agit d'une « discrimination » évidente et d'une « aberration », protestent ces femmes qui souffrent de ne pas pouvoir transmettre leur nationalité à leurs enfants et leurs époux. « On assiste à une hiérarchisation des enfants entre ceux qui détiennent la nationalité libanaise et sont par conséquent considérés comme prioritaires et les enfants nés de mère libanaise et considérés comme étant de second rang », s'insurge une femme mariée à un Américain depuis 29 ans.
L'ambiance devant le ministère est calme, les femmes sourient pour les photos. Pourtant les messages inscrits sur les pancartes qu'elles brandissent disent leur colère et leur ras-le-bol. « Donnez aux enfants des femmes libanaises leur droit à l'éducation », « Ça suffit de bafouer nos droits », « La mère est une école et le racisme est l'ignorance » ... autant de slogans qui dénoncent « la marginalisation » dont souffrent ces femmes et leurs enfants.
(Lire aussi : Bou Saab : L'allègement des programmes scolaires est loin d'être arbitraire...)
Pour une loi
Ce problème n'est pas nouveau. Karima Chebbo, coordinatrice de la campagne « Ma nationalité, mon droit pour moi et ma famille », explique que les enfants de femmes libanaises s'étaient trouvés dans la même situation en 2014, puis en 2015. À l'époque, et à la suite des pressions exercées par la société civile notamment via la campagne, « les enfants des Libanaises ont été exclus de cette décision », le ministre ayant publié une circulaire en ce sens.
« Nous sommes réunies là aujourd'hui, parce que les enfants de la femme libanaise continuent à être traités comme des étrangers, dénonce Karima Chebbo. Pour que notre droit ne soit pas tributaire à chaque fois d'une décision ministérielle, nous revendiquons la promulgation d'une loi qui garantisse les droits élémentaires, tels que le droit à la santé, à l'éducation. »
De son côté, la présidente du Conseil national de la femme, Iqbal Doughan, estime que ce qui se passe aujourd'hui est l'une des conséquences de « l'incapacité de la femme libanaise à transmettre sa nationalité à son époux et ses enfants ». « Nous sommes des femmes citoyennes, ajoute-t-elle. La Constitution garantit l'égalité des femmes et des hommes au niveau des droits et des obligations. Nous ne nous lasserons pas de réclamer notre droit à transmettre la nationalité à nos enfants et maris. »
Les manifestantes protestaient...
commentaires (2)
OU ON DONNE A LA FEMME TOUS SES DROITS OU ELLES LES OBTIENDRONT BON GRE MAL GRE...
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 24, le 09 septembre 2016