A l'heure où la paralysie menace l'exécutif et où le dialogue national a été suspendu en raison des tiraillements politiques, les députés ont une nouvelle fois et sans surprise échoué à mettre un terme à la crise présidentielle.
Mercredi, la 44e séance parlementaire consacrée à l'élection d'un nouveau président de la République n'a pu se tenir, le quorum des deux-tiers (86 députés sur 128) n'ayant pas été atteint. Une 45e séance a été fixée au 28 septembre. La présidence est vacante depuis le 25 mai 2014, date de la fin du mandat de Michel Sleiman. Le président de la Chambre Nabih Berry avait convoqué les députés à une première séance plénière le 23 avril 2014. Celle-ci n'avait pas débouché sur l'élection d'un nouveau chef de l'État, aucun des candidats n'ayant obtenu le nombre de voix nécessaires. Tous les tours suivants ont tourné court, faute de quorum.
Réagissant à ce nouveau report, Nabih Berry s'est contenté de lancer une menace voilée aux députés. "Désormais, ils ne me trouveront plus", a déclaré le chef du Législatif dans des propos rapportés par les médias locaux, laissant entendre qu'il pourrait s'absenter de la séance prochaine.
Le Liban "à un tournant"
De son côté, Georges Adwan, député du Chouf (Forces libanaises), a estimé lors d'une conférence de presse que le Liban est aujourd'hui "à un tournant".
"Nous avons discuté avec Fouad Siniora (président du bloc parlementaire du Futur) des moyens d'épargner au Liban plus de blocage, a déclaré M. Adwan. Le Futur est convaincu de notre approche basée sur la communication avec tous les protagonistes". Le député des FL a dans ce cadre nié l'existence de tension entre son parti et le courant du Futur. "Il s'agit uniquement d'une divergence de points de vue", a-t-il souligné.
Et de poursuivre : "La seule issue à la crise reste l'élection d'un président de la République. Le Liban est à un tournant : soit nous allons vers plus de tension soit nous œuvrons à préserver le vivre-ensemble". Selon lui, "un accord interlibanais est la seule solution car les pays étrangers ne s'intéressent pas à la situation du Liban".
Sur un autre plan, la tenue de la séance du Conseil des ministres, censé se réunir jeudi sur fond de boycottage de la part des ministres du Courant patriotique libre, n'est toujours pas certaine.
Nawar Sahéli, député de Baalbeck-Hermel (Hezbollah), a ainsi affirmé que des efforts sont en cours afin de reporter le Conseil des ministres. "Des efforts sont en cours pour reporter le prochain Conseil des ministres et empêcher de paralyser la dernière institution étatique (qui fonctionne), mais si le gouvernement se réunit, nous seront présents", a déclaré le député, se désolidarisant ainsi de son allié chrétien, le CPL.
Même son de cloche de la part de Yassine Jaber, député de Nabatiyé et membre du bloc de Nabih Berry : "Nous assisterons à tout Conseil des ministres que convoquera le chef du gouvernement, Tammam Salam", a-t-il déclaré.
M. Berry, lors de sa rencontre hebdomadaire avec les députés, a lui aussi souligné que la tenue du Conseil des ministres est une décision qui relève du Premier ministre. Commentant la suspension du dialogue national, le chef du Législatif a estimé qu'il s'agit d'un "échec d'une libanisation de la résolution de la crise". "Ils nous obligent désormais à attendre que la solution vienne de l'étranger", a-t-il lancé.
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Difficile de croire que M.Berry va s'absenter de son fauteuil même pour un jour.
18 h 21, le 07 septembre 2016